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Syrie : malgré une réduction de la violence, « Idlib n’est pas un lieu sûr » (ONU)

L'école élémentaire de Kansafra à Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, a été attaquée en février 2020.
© UNICEF/Ali Haj Suleiman
L'école élémentaire de Kansafra à Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, a été attaquée en février 2020.

Syrie : malgré une réduction de la violence, « Idlib n’est pas un lieu sûr » (ONU)

Aide humanitaire

En Syrie, l’annonce d’un cessez-le-feu à Idlib par la Turquie et la Russie le 6 mars dernier, a conduit une « diminution du niveau général de violence », a déclaré vendredi le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).

« Et les frappes aériennes se seraient arrêtées », a déclaré, Jens Laerke, porte-parole d’OCHA à Genève, ajoutant qu’un ralentissement des déplacements de population a été constaté dans des zones proches des lignes de front. Pour autant, « cela ne fait pas d’Idlib un lieu sûr », a-t-il précisé.

Selon OCHA, la situation dans le nord-ouest de la Syrie reste « la manifestation la plus alarmante de la crise syrienne en ce moment, alors que le conflit entre dans sa dixième année ». Des bombardements continuent d’être signalés dans les zones situées le long des lignes de front et les risques de décès et de blessures dus aux dangers d’explosion, tels que les munitions non explosées, ont augmenté au cours des derniers mois en raison de tirs d’artillerie et des bombardements aériens.

Quelque 960.000 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, ont été déplacées depuis décembre dernier. Parmi ces déplacés, 327.000 personnes sont actuellement hébergées dans des camps et vivent dans des tentes individuelles, tandis que 165.000 personnes se trouvent dans des maisons ou des bâtiments inachevés. Alors que certains vivent dans des bâtiments publics tels que des écoles et des mosquées, d’autres déplacés internes « s’abritent sous des arbres ».

2.600 camions chargés d’aide envoyés vers le nord-ouest de la Syrie depuis la Turquie

Malgré la signature d’une trêve, les travailleurs humanitaires sur le terrain tirent la sonnette d’alarme sur la situation des femmes et les enfants Quatre personnes sur cinq qui ont été déplacées depuis le 1er décembre sont des femmes, des filles et des garçons, dont la santé, la sécurité et le bien-être sont compromis.

Les travailleurs humanitaires signalent des cas d’exploitation et d’abus sexuels sur des femmes et des filles déplacées par des hommes en position de pouvoir, comme les propriétaires de biens, en échange d’une aide en espèces ou matérielle. « Elles se sentent exposées et en danger », a indiqué M. Laerke.

Cette violence et ces mouvements de population ont également eu des répercussions sur la santé des plus jeunes. Les données recueillies par les partenaires nutritionnels auprès des enfants déplacés indiquent que près de trois enfants de moins de cinq ans sur dix souffrent d’un retard de croissance. Un tel retard se traduit par de mauvais résultats cognitifs et éducatifs, mais augmente également le risque de morbidité et de mortalité.

Face à un tel drame humanitaire, les Nations Unies intensifient leur réponse à cette crise. Jusqu’à présent, 512 camions ont été envoyés vers le nord-ouest de la Syrie en passant par le poste frontière de Bab al-Hawa et Bab al-Salam entre la Turquie et la région d’Idlib. Au total, plus de 2.600 camions ont été envoyés depuis la Turquie depuis le début de l’année avec de la nourriture, des abris, de l’eau, des installations sanitaires et des produits d’hygiène.