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Armes nucléaires : le TNP demeure un pilier de la paix et de la sécurité internationales, rappelle l’ONU

Izumi Nakamitsu, Haut-Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement, devant le Conseil de sécurité.
Photo : ONU/Loey Felipe
Izumi Nakamitsu, Haut-Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement, devant le Conseil de sécurité.

Armes nucléaires : le TNP demeure un pilier de la paix et de la sécurité internationales, rappelle l’ONU

Paix et sécurité

La cheffe du désarmement de l’ONU a rappelé mercredi, devant le Conseil de sécurité, la pertinence du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) alors que les tensions sont vives entre les Etats dotés de l’arme atomique.

2020 est une année importante pour la non-prolifération nucléaire. Le TNP célèbre le 5 mars le 50e anniversaire de son entrée en vigueur et le 25e anniversaire de sa reconduite pour une durée indéterminée.

Pour la Haut-Représentante de l’ONU pour les affaires de désarmement (UNODA), Izumi Nakamitsu, le double anniversaire de ce « pilier de la paix et de la sécurité internationales » offre une « opportunité symbolique et pratique » : reconnaître les avantages que le TNP a fournis ces 50 dernières années en matière de sécurité collective ; et faire en sorte qu’il demeure le pivot du régime de désarmement et de non-prolifération et continue de renforcer la sécurité de tous ses États parties.

La conférence d’examen du TNP aura lieu au siège de l’ONU, à New York, du 27 avril au 22 mai 2020. La dernière conférence d’examen, organisée en 2015, s’est conclue sans résultat concret.

« Le fait de ne pas parvenir à un résultat positif en 2020 ne condamnera pas le traité, ni le régime de non-prolifération », a rassuré Mme Nakamitzu. « Il contribuera cependant à saper la valeur que de nombreux États membres de l’ONU ont mis dans le traité et, à son tour, dévaluera le cycle d’examen comme moyen de renforcer non seulement la mise en œuvre du TNP mais aussi le régime (de non-prolifération) dans son ensemble », a-t-elle prévenu.

Faire preuve de « flexibilité » et s’engager dans un « vrai dialogue »

A deux mois de la conférence d’examen, la Haut-Représentante a encouragé toutes les parties à se préparer avec « un esprit de flexibilité » et « la volonté de s’engager dans un vrai dialogue » pour créer une atmosphère propice au succès de la réunion.

Mme Nakamitzu n’a pas ignoré le contexte actuel difficile dans le domaine du désarmement international. « Les relations entre les États - en particulier ceux dotés d'armes nucléaires - sont fracturées », a-t-elle constaté, déplorant que la « compétition entre grandes puissances » soit à l'ordre du jour.

« La division, la méfiance et le manque de dialogue sont de plus en plus la norme », a dit la cheffe du désarmement de l’ONU, alertant que « le spectre d'une compétition nucléaire illimitée plane pour la première fois depuis les années 1970 ».

Pour la Haut-Représentante, le monde assiste à une course qualitative aux armes nucléaires qui ne repose pas sur leur nombre mais sur leur plus grande rapidité, discrétion et précision » dans un contexte dans lequel les conflits régionaux à dimension nucléaire s'aggravent et les défis de la prolifération ne reculent pas.

Cinq pistes pour un consensus

Mme Nakamitzu a émis l’espoir que ces problèmes seront discutés de façon « constructive et en allant de l’avant » lors de la conférence d’examen dans le cadre de la pleine mise en œuvre du TNP. « Évidemment, cela dépendra du dialogue lors la conférence même », a-t-elle reconnu.

Devant le Conseil de sécurité, Mme Nakamitzu a souligné cinq pistes pouvant contribuer à un consensus lors de la conférence d’examen du TNP :

1/ Une réaffirmation de l’engagement envers le TNP

2/ Un réengagement envers la norme contre l’utilisation d’armes nucléaires

3/ Le développement d’un « paquet » de mesures visant à réduire les risques

4/ La reconnaissance par les Etats que les défis auxquels est confrontée la non-prolifération ne sont pas statiques et qu’en conséquence le régime ne doit pas l’être également

5/ Le monde a changé et l’environnement actuel requiert une nouvelle vision du désarmement, de la non-prolifération et du contrôle des armes

« Le Conseil (de sécurité) actuel comprend de nombreux États qui seront des acteurs clés de la conférence d’examen », a dit Mme Nakamitzu dans une référence claire aux cinq membres permanents de l’organe onusien chargé de maintenir la paix et la sécurité internationales (Chine, France, Etats-Unis, Royaume-Uni et Russie) qui sont également dotés de l’arme nucléaire.

Pour la cheffe du désarmement de l’ONU, une réaffirmation du soutien des membres du Conseil au TNP et la manifestation de son engagement à assurer le succès en mai donnerait une impulsion significative aux perspectives de la Conférence d’examen. « Compte tenu des enjeux, j'espère que vous travaillerez dans ce sens », a conclu la Haut-Représentante.

Dans une déclaration de presse, les membres du Conseil de sécurité ont appelé tous les États parties au TNP à coopérer pour faciliter les progrès en matière de non-prolifération, d'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire et de désarmement nucléaire. Ils ont également réaffirmé la responsabilité commune de l'avenir du traité.

Les membres du Conseil se sont déclarés prêts à travailler ensemble et à conjuguer leurs efforts pour parvenir à un résultat positif lors de la Conférence d'examen du TNP de 2020.