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A Islamabad, le chef de l'ONU salue la résilience et le courage des réfugiés afghans au Pakistan

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres (au centre) rencontre des réfugiés afghans à Islamabad lors de sa visite officielle dans le pays. Aujourd'hui, le Pakistan est le deuxième pays accueillant le plus grand nombre de réfugiés au monde.
ONU/Mark Garten
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres (au centre) rencontre des réfugiés afghans à Islamabad lors de sa visite officielle dans le pays. Aujourd'hui, le Pakistan est le deuxième pays accueillant le plus grand nombre de réfugiés au monde.

A Islamabad, le chef de l'ONU salue la résilience et le courage des réfugiés afghans au Pakistan

Migrants et réfugiés

António Guterres a entamé dimanche une visite de trois jours au Pakistan, un pays qui accueille sur son territoire de nombreux réfugiés afghans qui ont fui le conflit et l’instabilité dans leur pays ces 40 dernières années.

Fazal Nabi, 35 ans, est chauffeur de pousse-pousse à Islamabad, la capitale pakistanaise de plus d'un million d'habitants. Ce réfugié afghan, né au Pakistan, a une passion à laquelle il consacre une grande partie de son temps et de ses revenus : aider les réfugiés en situation de handicap.

En dehors de ses heures de travail, Le jeune homme achète du matériel pour aider des réfugiés dont le handicap accroit leur vulnérabilité. Interrogé par ONU Info sur ce qu'il rêverait de faire plus tard, Fazal a répondu qu'il aimerait ouvrir une usine de fabrication de gadgets qui faciliteraient la vie des personnes handicapées.

Fazal fait partie de ces milliers de réfugiés afghans qui, malgré leurs propres difficultés, ont pu aider d’autres réfugiés et redonner à leurs communautés la solidarité dont ils ont pu bénéficier par le passé.

Ce dimanche, Fazal et 20 autres réfugiés afghans au Pakistan, ont rencontré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, et le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi. Dès son arrivée à Islamabad, le chef de l’ONU s’est entretenu avec trois générations différentes de réfugiés afghans vivant au Pakistan. Des femmes et des hommes qui, comme Fazal, ont partagé leurs histoires émouvantes, leurs espoirs et leurs rêves.

« J’ai une énorme admiration pour la résilience, le courage,la détermination, la générosité et la solidarité des réfugiés afghans », a déclaré M. Guterres aux Afghanes et Afghans à qui il a réservé sa première rencontre au Pakistan.

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Après la Turquie, le Pakistan est le deuxième pays à accueillir le plus grand nombre de réfugiés au monde : 1,4 millions de personnes, selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). « Et pendant des décennies, il a été le premier », a rappelé M. Guterres qui occupa, 10 années durant, les fonctions de Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés.

Depuis 40 ans, l’Afghanistan est le théâtre d’instabilités politiques et de conflits armés, marqués notamment par la guerre froide (1979-1989), la prise du pouvoir par les Talibans (1996-2001) et l’intervention d’une coalition internationale menée par l’OTAN pour chasser les Talibans et traquer l’organisation terroriste Al-Qaeda et ses soutiens. 40 années durant lesquels des millions d’Afghans ont fui leur pays, notamment vers le Pakistan voisin.

Le Secrétaire général de l’ONU et le chef du HCR participeront lundi à Islamabad à une conférence marquant les quatre décennies de soutien du Pakistan aux réfugiés afghans. L’occasion pour M. Guterres de souligner « la solidarité en action » dont ont fait preuve les Pakistanais à l’égard des réfugiés.

« Depuis 40 ans, malgré (ses) propres difficultés, le Pakistan abrite et protège les réfugiés afghans avec un soutien limité de la communauté internationale », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lors d’une conférence de presse aux côtés du Ministre pakistanais des affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi.

« On ne peut qu’imaginer à quel point le sort des Afghans serait pire et combien la région pourrait être encore plus instable, sans l’excellent exemple d’hospitalité et de compassion du Pakistan », a ajouté M. Guterres.

Le chef de l’ONU a dit suivre de près les importants efforts déployés pour ramener la paix en Afghanistan où il estime « essentiel de parvenir à un règlement global du conflit pour sauver des vies et faire progresser le développement durable ».

M. Guterres a émis l’espoir que les discussions mèneront à une réduction de la violence, en particulier celle qui affecte les civils. « La réduction de la violence est essentielle pour renforcer la confiance et le soutien à un processus de paix qui mène à un règlement politique durable et à un cessez-le-feu permanent », a-t-il dit. « Ces conditions contribueraient à permettre le retour pacifique des personnes déplacées et des réfugiés dans leurs foyers ».

Depuis Islamabad, le Secrétaire général a réaffirmé que la solution privilégiée et durable pour les réfugiés réside dans le rapatriement librement consenti dans la sécurité et la dignité vers leur pays d'origine. « Cela vaut également pour les réfugiés afghans », a-t-il dit, rappelant que ces principes sont partagés par le gouvernement pakistanais et le HCR.

Selon le chef de l’ONU,  l’heure est venue de créer un « effet d'attraction » important en Afghanistan : « à travers la paix et la reconstruction, la création d'emplois, la création d'opportunités ». M. Guterres a plaidé pour la mise en œuvre d’une feuille de route permettant un programme de retour échelonné des Afghans qui puisse réussir pleinement.

« Je pense que maintenant, le plus grand effort à faire est en Afghanistan », a dit le Secrétaire général qui a appelé la communauté internationale à soutenir massivement le pays d’Asie centrale afin que ce dernier parvienne à la paix, entre dans une phase de « reconstruction efficace » et « crée les conditions pour non seulement le bien-être du peuple afghan en Afghanistan, mais aussi le rapatriement efficace des réfugiés du Pakistan et de l'Iran ».

90% des réfugiés afghans dans le monde vivent actuellement au Pakistan et en Iran, selon le HCR.