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A l’ONU, les jeunes expriment leurs espoirs et leurs craintes sur l’avenir de la planète

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres (à gauche), prend part à un dialogue avec des jeunes à New York dans le cadre des 75 ans de l'ONU..
Photo : ONU/Mark Garten
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres (à gauche), prend part à un dialogue avec des jeunes à New York dans le cadre des 75 ans de l'ONU..

A l’ONU, les jeunes expriment leurs espoirs et leurs craintes sur l’avenir de la planète

Développement durable (ODD)

Les avantages et les risques que présentent les nouvelles technologies ont dominé le premier dialogue sur l’avenir de la planète organisé au siège de l’ONU à l’occasion de son 75e anniversaire célébré cette année.

'La jeunesse aux commandes',  c’est sur ce thème que le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a lancé, mercredi, ce premier dialogue de la conversation mondiale qu’il a appelée de ses vœux pour construire « l’avenir que nous voulons ».

A cette occasion, M. Guterres n’a pas prononcé un long discours. « Malheureusement, les dirigeants politiques dans les organisations internationales ont tendance à parler beaucoup et à écouter peu », a-t-il dit devant de nombreux jeunes rassemblés au siège de l’ONU, à New York, et par visioconférence depuis le Soudan du Sud, plus jeune Etat du monde aux prises avec une guerre civile.

Pour le Secrétaire général, le 75e anniversaire des Nations Unies doit être « l’occasion d’écouter et d’apprendre ».

Dans un monde en pleines mutations, les jeunes invités à s’exprimer sur l’avenir de la planète ont partagé leurs craintes et espoirs sur ce que leur monde sera en 2045, lors du centenaire de l’ONU.

Les craintes et espoirs liés aux nouvelles technologies ont largement dominé la conversation entre les jeunes. Ces derniers ont reconnu les bienfaits de l’innovation, du numérique et de l’intelligence artificielle dans de nombreux domaines, notamment en matière de santé, de transports, de connectivité, et d’éducation. Mais ils ont surtout souligné les menaces que les nouvelles technologies créent également.

« Nous ne devons pas être des esclaves des bases de données. Cela doit être l’inverse ! », a déclaré Eléonore Pauwels, une Belge qui travaille sur les questions de sécurité et de gouvernance liées à l’intelligence artificielle.

Ahmit Joshi, un Népalais fonctionnaire des Nations Unies s’est lui dit inquiet sur le fait que « les militants des droits humains puissent être surveillés 24 heures sur 24 » au moyen des nouvelles technologies. Le Nigérian, Isaiah Owolabi, cofondateur de l’ONG HACEY Health Initiative, a, pour sa part, regretté que « les nouvelles technologies ne servent pas les femmes et les pauvres comme elles devraient le faire ».

Pour la militante Natalia Herbs, de l’Argentine, il est fondamental d’exploiter le « potentiel égalisateur » des technologies numériques mais aussi de faire attention au risque « d’exclusion » qu’elles peuvent engendrer dans un monde toujours traversé par de profondes inégalités.

Fraichement diplômée de l’université, la Jordanienne Jahan Rifai a, pour sa part, mis en garde contre les « côtés obscurs » des médias sociaux et traditionnels qui peuvent « mettre de l’huile sur le feu de la polarisation » existante dans de nombreuses sociétés à travers le monde. Eléonore Pauwels a souligné que « l’intelligence artificielle est plus une révolution de la connaissance qu’une révolution technologique ».

Préoccupations face aux menaces pesant sur le multilatéralisme

Lors de ce premier dialogue de l’ONU sur l’avenir de la planète, les jeunes ont exprimé leurs préoccupations concernant les attaques récurrentes contre le multilatéralisme.

« Nous voyons la démocratie et le multilatéralisme pris pour cible et savons également qu'en temps de crise, les sociétés peuvent exploser ou percer », a constaté Cristina Petcu. Pour cette chercheuse roumaine sur les questions de gouvernance mondiale le 75e anniversaire de l’ONU doit être l’occasion d'avancer afin que 2045 – année du centenaire de l’Organisation – soit meilleure pour tous.

Pour Natalia Herbst, les gouvernements doivent revenir à un dialogue plus humain avec leurs peuples. « Je pense que tous les problèmes sont liés. Le point clé est de traiter les problèmes de manière intersectionnelle et multisectorielle », a déclaré la jeune activiste argentine.

Dans leurs discussions avec le Secrétaire général de l’ONU, les jeunes ont plaidé pour plus de partenariats, de communication, d’action, et de prise en compte de la diversité. Ils ont également appelé à éliminer la bureaucratie, la haine, les déplacements forcés de populations, la pollution, le fossé entre les hommes et les femmes.

Au cours de ce premier dialogue sur l’avenir de la planète, beaucoup de problèmes ont été soulevés et autant de solutions ont été proposées en un peu plus d’une heure de discussion. Au bout du compte, la Jordanienne Jahan Rifai a bien résumé le sentiment de ses pairs ainsi que la marche à suivre : « Il appartient à notre génération de créer l’avenir que nous voulons pour nous mêmes ».