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Syrie : le cessez-le-feu à Idlib a échoué car des civils sont tués quotidiennement, selon l'ONU

Un hôpital pour femmes et enfants endommagé par des frappes aériennes à Idlib, en Syrie (photo d'archives).
© UNICEF
Un hôpital pour femmes et enfants endommagé par des frappes aériennes à Idlib, en Syrie (photo d'archives).

Syrie : le cessez-le-feu à Idlib a échoué car des civils sont tués quotidiennement, selon l'ONU

Paix et sécurité

La cheffe des droits de l’homme des Nations Unies, Michelle Bachelet, a appelé vendredi à une cessation immédiate des hostilités à Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, affirmant que le dernier cessez-le-feu syrien avait « une fois de plus échoué à protéger les civils ».

« Mme Bachelet a condamné aujourd’hui la poursuite des meurtres et des mouvements de population dans le nord-ouest de la Syrie, malgré l’annonce d’un cessez-le-feu il y a près d’une semaine », a déclaré lors d’un point de presse, Jeremy Laurence, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH). 

« Il est profondément navrant de constater que des civils sont encore tués quotidiennement par des tirs de missiles, tant aériens que terrestres », a souligné Mme Bachelet dans un communiqué.

« Bien que la poursuite d’un cessez-le-feu soit, bien sûr à encourager, cet accord - comme d’autres l’année dernière - n’a pas réussi, une fois de plus, à protéger les civils », a-t-elle ajouté, tout en rappelant que des femmes, des hommes et des enfants qui ne font que mener leurs activités quotidiennes à la maison, au travail, sur les marchés ou dans les écoles sont « tués et mutilés dans une violence insensée ». 

Malgré l’application du cessez-le-feu le 12 janvier et la mise en place de « couloirs de sécurité » par le gouvernement syrien, les services de Mme Bachelet regrettent que les civils continuent d’être soumis à des « raids intensifiés » en raison de la poursuite des combats entre les forces progouvernementales et les groupes armés non étatiques.

Il s’agit surtout de faire valoir leurs « avantages militaires » sur le terrain, au mépris apparent du droit international humanitaire et de la protection de tous les civils.

Plus de 1.500 civils tués à Idlib depuis fin avril 2019

A cet égard, le Bureau de l’ONU aux droits de l’homme signale que le 11 janvier dernier, quelques heures avant l’application du cessez-le-feu, les opérations militaires dans la région se sont intensifiées et au moins 20 civils ont été tués lors de frappes aériennes qui ont touché plusieurs zones à Idlib.

Le 12 janvier – date du nouvel accord -, quatre civils ont été tués lors de frappes terrestres qui ont touché plusieurs quartiers résidentiels de la ville d’Alep contrôlée par le gouvernement. Le lendemain, le 13 janvier, un civil a été tué lorsqu’un missile a frappé sa maison dans le village d’al-Dana, dans la zone rurale de Maarat An Numan, qui est sous le contrôle de groupes armés non étatiques.

Les 15 et 16 janvier, le Bureau des droits de l’homme de l’ONU a reçu des informations faisant état d’une reprise des raids aériens. Le 15 janvier par exemple, au moins 15 civils de sexe masculin, dont deux enfants, ont été tués lors de raids aériens qui ont touché une zone industrielle et le marché aux légumes d’al-Hal dans la ville d’Idlib.

Depuis le début de l’escalade des hostilités dans et autour de la zone de désescalade d’Idlib (entre le 29 avril 2019, jusqu’au 15 janvier de cette année), le Bureau des droits de l’homme des Nations unies a vérifié des incidents au cours desquels 1.506 civils, dont 293 femmes et 433 enfants, ont été tués. Sur ce nombre, 75 civils, dont 17 femmes et 22 enfants (5% du total), se trouvaient dans des zones contrôlées par les forces gouvernementales.