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Yémen : l’envoyé de l’ONU se félicite de la réduction des opérations militaires sur le terrain

De nombreuses personnes au Yémen ont fui vers des camps pour échapper au conflit.
© UNICEF/Alessio Romenzi
De nombreuses personnes au Yémen ont fui vers des camps pour échapper au conflit.

Yémen : l’envoyé de l’ONU se félicite de la réduction des opérations militaires sur le terrain

Paix et sécurité

L’envoyé de l’ONU au Yémen, Martin Griffiths, s’est félicité jeudi devant le Conseil de sécurité de la retenue exercée par les belligérants dans ce pays dans le contexte des récentes tensions régionales.

« Notre région traverse une crise dont les conséquences menacent les acquis que nous avons observés au Yémen. Heureusement, la crise immédiate semble terminée. Je me permets de dire que, grâce aux actions de nombreuses personnes, le Yémen a été préservé pour l'instant d'une telle crise », a déclaré M. Griffiths devant les membres du Conseil, en référence implicite aux tensions entre l’Iran et les Etats-Unis.

« Nous n'avons vu aucun acte majeur de provocation militaire au Yémen », a-t-il ajouté. « C'est remarquable. En effet, cela a été l'une des semaines les plus calmes au Yémen depuis le début de la guerre, avec une seule frappe aérienne ; des mouvements militaires très limités sur le terrain et une absence d'attaques par drone ou missile contre des États voisins ».

Selon l’envoyé de l’ONU, « les dirigeants yéménites et les dirigeants de la région ont délibérément fait preuve de retenue et se sont abstenus d'actes de provocation » mais « la crise régionale a mis à l'épreuve la résilience des différents efforts entrepris par les parties ».

« Depuis début janvier, il y a eu neuf jours sans aucune frappe aérienne. Certains fronts restent toutefois actifs et il y a encore trop de morts tragiques de civils. Néanmoins, le mouvement des forces et des militaires sur le terrain a diminué. Nous assistons certainement à l'une des périodes les plus calmes du conflit. Ce n'est pas rien, et le fait qu'elle se soit maintenue même en période de crise est notable », a insisté Martin Griffiths.

Il a toutefois prévenu que l’expérience nous apprend que la désescalade militaire ne peut se poursuivre sans progrès politique entre les belligérants. Pour lui, c'est devenu le prochain défi.

Il a noté des progrès dans la mise en œuvre de l’Accord de Riyad entre le gouvernement du Yémen et le Conseil de transition du Sud.

Accord sur Hodeïda : une mise en œuvre loin d’être satisfaisante

S’agissant de l’Accord de Stockholm sur Hodeïda, il a reconnu que sa mise en œuvre était loin d’être satisfaisante. « Mais nous pouvons être rassurés que l'ONU et les parties restent déterminées et plus actives que jamais à mettre en œuvre les engagements pris à Stockholm », a-t-il dit.

Selon l’envoyé de l’ONU, chaque avancée positive permet de se rapprocher du lancement officiel de consultations politiques entre le gouvernement du Yémen et les rebelles d’Ansar Allah, appelés aussi Houthis.

De son côté, le Directeur de la Division de la coordination au sein du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Ramesh Rajasingham, a noté que le Yémen était dans l'ensemble moins dangereux pour les civils qu'il ne l'était avant l'Accord de Stockholm il y a un an.

Le nombre de victimes civiles en 2019 a été environ 35% inférieur à celui de l'année précédente, et le nombre de morts de civils a diminué de près de moitié.

« Mais c'est toujours un endroit très dangereux. Ces dernières semaines, nous avons vu de nouveau des hostilités éclater sur plusieurs lignes de front, en particulier à Al Dhale’e, Hodeïda et Shabwah », a-t-il dit.

Les obstacles à l’accès humanitaire affectent 6,7 millions de personnes

S’agissant de la question de l’accès humanitaire, les contraintes d'accès affectent 6,7 millions de personnes qui ont besoin d'aide à travers le pays. « Ce chiffre n'a jamais été aussi élevé », a souligné le responsable d’OCHA.

« De graves problèmes persistent. Trop d'employés sont harcelés et menacés. D'autres sont détenus arbitrairement ou ne peuvent se déplacer librement, parfois pendant de longues périodes. Des locaux humanitaires ont été forcés. Des missions continuent d'être retardées ou annulées, ce qui signifie que les gens ne reçoivent pas l'aide dont ils ont besoin à temps », a-t-il ajouté.

S’agissant du financement de l’assistance, il a noté qu’avec près de 3,5 milliards de dollars reçus - soit 83% des besoins et environ un milliard de dollars de plus qu'en 2018 - le plan de réponse de l'an dernier a été relativement bien doté.

« Cette année, le Yémen restera la plus grande crise humanitaire au monde », a déclaré Ramesh Rajasingham.

« Au total, nous prévoyons d’aider 15,6 millions de personnes cette année. Cela représente environ la moitié de la population. Pour ce faire, nous avons besoin que tous nos donateurs maintiennent leur soutien », a-t-il ajouté.