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Agir pour le climat en réinventant le travail ? Oui, mais de façon équitable, souligne l’ONU à la COP25

Des ouvrières assemblent des composants électroniques dans uneen Indonésie.
Photo: OIT/Asrian Mirza
Des ouvrières assemblent des composants électroniques dans uneen Indonésie.

Agir pour le climat en réinventant le travail ? Oui, mais de façon équitable, souligne l’ONU à la COP25

Climat et environnement

En marge de la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP25) organisée à Madrid, le chef de l’ONU a appelé jeudi à réinventer le travail de façon équitable pour sauver la planète et l’humanité.

Lors d’un événement sur le climat et l’emploi, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a plaidé pour le choix d’une action climatique privilégiant « le bien-être pour l’homme et la planète ». Un combat qui doit tenir compte de l’emploi, de la santé, de l’éducation, et de l’avenir des gens.

« Aujourd’hui, des millions de travailleurs sont aux premières lignes de l’impact climatique. Dans des secteurs comme le tourisme et l’agriculture, de nombreuses personnes perdent leurs moyens de subsistance. D’autres doivent supporter des conditions de travail insupportables », a déclaré M. Guterres dans la capitale espagnole.

Selon le Secrétaire général, la réponse à la crise climatique réside dans la transformation de notre quotidien. « De la façon dont nous produisons notre électricité, concevons nos villes et gérons notre territoire », a-t-il martelé, tout en rappelant l’importance d’une « transition équitable pour les personnes dont les emplois et les moyens d’existence sont affectés » dans le passage vers une économie verte.

Une façon de souligner que la transition vers un avenir faible en carbone doit être inclusive et se traduire par un des emplois verts et décents dans l’avenir. « Un avenir où les pays en développement ne sont pas pillés pour leurs ressources et leur capital humain, mais traités comme des partenaires égaux », a ajouté M. Guterres. Et un avenir où les compétences et les connaissances de ceux qui travaillent actuellement dans les industries énergétiques traditionnelles fourniront l’expertise de base pour les industries propres de demain.

Transition : ne pas répéter les erreurs du passé

Pout y parvenir, le chef de l’ONU fait le pari de la formation et de l’éducation qui doivent permettre des changements de carrières favorisant des conditions d’emploi justes et décentes, améliorant l’équité sociale et ne laissant personne de côté. « Il est essentiel que nous ne répétions pas les erreurs du passé, alors que de grandes transitions ont laissé des gens, des communautés et des nations entières sur le bord du chemin », a prévenu M. Guterres.

Dans la capitale espagnole, le chef de l’ONU s’est voulu rassurant envers les travailleurs des industries traditionnelles de l’énergie. « Ceux d’entre nous qui mènent l’action climatique ne sont pas des adversaires. Nous voulons la même chose que vous : des emplois décents dans un monde plus propre et plus sain », a-t-il fait valoir, tout en invitant les gouvernements, les entreprises et les dirigeants syndicaux à œuvrer « ensemble pour tracer la voie vers un monde neutre en carbone, où les femmes et les hommes pourront gagner leur vie dans des emplois qui ne nuiront ni à leur santé ni à l’environnement ».

D’autant que pendant trop longtemps, « des intérêts particuliers ont colporté l’histoire fausse selon laquelle la croissance économique et la lutte contre le changement climatique sont incompatibles ». « C’est n’importe quoi », a rectifié le chef de l’ONU, « la vérité, c’est qu’ils se renforcent mutuellement ». M. Guterres a ainsi rappelé son plaidoyer, martelé depuis un an, pour faire davantage de progrès en matière de tarification du carbone, ne plus construire de nouvelle centrale au charbon d’ici 2020 et mettre fin à l’affectation de sommes considérables de l’argent des contribuables aux subventions des combustibles fossiles. « Nous ne pouvons pas continuer à avoir un pied dans l’économie grise et l’économie verte en même temps », a t-il dit.

65 millions de nouveaux emplois à la clé d’ici 2030

Dans les arguments qu’il a présenté, le chef de l’ONU note que « le passage à une économie faible en carbone représente une opportunité de croissance de 26.000 milliards de dollars qui pourrait créer 65 millions de nouveaux emplois d’ici 2030 ». Aujourd’hui, les créateurs d’emplois qui connaissent la croissance la plus rapide dans plusieurs économies sont ceux liés à l’énergie solaire, éolienne et géothermique et aux activités connexes. Selon M. Guterres, l’économie verte est l’économie de l’avenir et nous devons faire lui place dès maintenant. « De nombreux gouvernements et entreprises s’empressent déjà d’en tirer parti et de repenser la façon de conceptualiser la valeur dans un nouveau modèle économique plus vert », a souligné le Secrétaire général.

Pour le chef de l’ONU, ne pas s’attaquer au problème du réchauffement climatique est « une recette infaillible pour un désastre économique ». Il a invité tous les acteurs à faire de l’Accord de Paris, la voie multilatérale nous permettant de réduire les émissions de 45 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2010, d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et de stabiliser l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré Celsius d’ici la fin du siècle.

« Sans la réalisation de nos objectifs climatiques, il n’y aura pas de transition juste - seulement la survie des plus riches », a mis en garde le Secrétaire général. A cette fin, il a invité les pays développés à honorer leurs engagements pris en vertu de l’Accord de Paris, notamment mobiliser au moins 100 milliards de dollars par an pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique dans les pays en développement. « Ce n’est pas de la charité », a-t-il rappelé.

M. Guterres a appelé à plus d’imagination afin de créer « les conditions nécessaires à la création d’emplois et à l’amélioration des revenus des travailleurs ». « Soyons imaginatifs. Si nous utilisons l’argent que nous pouvons obtenir en taxant le carbone pour réduire les taxes sur les salaires, nous avons une situation gagnant-gagnant », a indiqué le chef de l’ONU.