L'actualité mondiale Un regard humain

Au Myanmar, le retour des Rohingyas reste dangereux et l’armée doit être sanctionnée (experte de l’ONU)

Des enfants dans un camp de personnes déplacées à Sittwe, la capitale de l'Etat de Rakhine (photo d'archives).
© UNICEF/Nyan Zay Htet
Des enfants dans un camp de personnes déplacées à Sittwe, la capitale de l'Etat de Rakhine (photo d'archives).

Au Myanmar, le retour des Rohingyas reste dangereux et l’armée doit être sanctionnée (experte de l’ONU)

Droits de l'homme

Une experte indépendante des Nations Unies a appelé à sanctionner les entreprises dirigées par l'armée au Myanmar ainsi que les commandants militaires responsables de graves violations des droits de l’homme dans ce pays. 

Devant l'Assemblée générale des Nations Unies à New York, Yanghee Lee, Rapporteure spéciale sur la situation des droits de l'homme au Myanmar, a déclaré mercredi qu'elle ne voyait aucune amélioration perceptible de la situation dans ce pays.

Mme Lee a appelé à des sanctions ciblées contre les entreprises de la Tatmadaw – l’armée du Myanmar - et ses commandants qui sont les principaux responsables de violations graves des droits de l’homme dans le pays. Elle a également indiqué que le Conseil de sécurité devait référer toute la situation du pays devant la Cour pénale internationale (CPI) ou créer un tribunal international pour juger les auteurs présumés de crimes internationaux.

Selon la Rapporteure spéciale, l'impunité structurelle en cours au Myanmar continue d'empêcher les citoyens dans tout le pays de revendiquer les droits dont ils bénéficient. « La fin de l'impunité au Myanmar reste un objectif ambitieux et lointain », a-t-elle déclaré. « Cependant, la communauté internationale doit rester déterminée et faire plus pour que cet objectif soit à notre portée ».

La Rapporteure spéciale sur la situation des droits de l'homme au Myanmar, Yanghee Lee.
Photo : ONU/Eskinder Debebe
La Rapporteure spéciale sur la situation des droits de l'homme au Myanmar, Yanghee Lee.

Représailles des militaires contre des manifestants, militants et journalistes

Mme Lee a déclaré que depuis avril, le nombre de cas impliquant des représailles militaires contre des manifestants, des militants et des journalistes critiques faisant état du conflit dans l'État de Rakhine, au Myanmar, a fortement augmenté.

En septembre, des représentants du gouvernement ont déposé des plaintes distinctes en diffamation contre deux satiristes et un caricaturiste pour leurs publications sur les réseaux sociaux, critiques à l'égard de la Ligue nationale pour la démocratie, le parti au pouvoir. « Avec les élections générales de l'année prochaine, il s'agit d'une tendance profondément préoccupante », a-t-elle déclaré.

Mme Lee a exprimé son inquiétude face aux projets du gouvernement pour le développement de l'hydroélectricité dans les zones de conflit où les communautés ont été déplacées de leurs terres, notamment dans les États de Rakhine et de Chin. Les communautés des États de Kachin, Shan et Kayin continuent de protester contre les projets de barrages hydroélectriques qui submergeront leurs terres. Avec très peu d'informations ayant été rendues publiques sur ces projets, ces communautés restent dans l'incertitude quant à leur sort.

Le retour des Rohingyas au Myanmar reste dangereux

L’experte indépendante continue de croire résolument « qu'il est dangereux pour les réfugiés rohingyas de rentrer au Myanmar jusqu'à ce que les circonstances fondamentales ayant conduit à leur expulsion soient corrigées ».

Elle a cité le cas de 30 Rohingyas arrêtés, inculpés et condamnés pour délit pénal parce qu'ils avaient quitté l'État de Rakhine en septembre. Parmi eux se trouvaient huit enfants envoyés dans un centre de détention et un enfant de cinq ans emprisonné avec sa mère.

« Ce traitement odieux est totalement contraire aux obligations du Myanmar en matière de droits de l’homme et de droits de l’enfant, et témoigne du risque que courent les Rohingyas qui rentrent s’ils veulent exercer la liberté de mouvement qu’ils revendiquent», a déclaré Mme Lee. « C’est la vrai réalité à laquelle sont confrontés les 600.000 Rohingyas restés au Myanmar ».

NOTE :

Les Rapporteurs spéciaux font partie de la division des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, l’organe le plus important d’experts indépendants du Système des droits de l’homme de l’ONU, est le terme général appliqué aux mécanismes d’enquête et de suivi indépendants du Conseil qui s’adressent aux situations spécifiques des pays ou aux questions thématiques partout dans le monde. Les experts des procédures spéciales travaillent à titre bénévole ; ils ne font pas partie du personnel de l’ONU et ils ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants des gouvernements et des organisations et ils exercent leurs fonctions à titre indépendant.