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Yémen : l’envoyé de l’ONU note des signes fragiles d’espoir

Martin Griffiths, Envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, s'adresse au Conseil de sécurité par visioconférence
Photo : ONU/Eskinder Debebe
Martin Griffiths, Envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, s'adresse au Conseil de sécurité par visioconférence

Yémen : l’envoyé de l’ONU note des signes fragiles d’espoir

Paix et sécurité

L’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, a informé jeudi le Conseil de sécurité qu’il y avait des signes encourageants de réduction de la violence et des initiatives pour alléger les souffrances de la population yéménite.

« Il y a des signes d'espoir. Mais ceux-ci sont fragiles et ont besoin de nos soins diligents », a déclaré M. Griffiths devant les membres du Conseil.

Le Yémen est déchiré depuis plusieurs années par un conflit qui oppose les rebelles houthis, qui contrôlent la capitale Sanaa, au nord du pays, et les forces progouvernementales soutenues par une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.

Début août, des affrontements ont éclaté à Aden, la capitale « provisoire » du gouvernement du Président Abd Rabbo Mansour Hadi, entre deux factions habituellement alliées contre les rebelles houthis. Des combattants séparatistes du Conseil de transition du Sud ont pris pendant quelques jours le contrôle du palais présidentiel.

Jeudi, l’envoyé de l’ONU a noté qu’au sud du pays, la situation restait instable, avec un calme fragile à Aden. « Mais il convient de noter qu'il n'y a pas eu de combats de grande ampleur dans les zones de conflit. Cela peut être considéré comme un témoignage de la retenue dont font preuve les personnes sur le terrain et leurs dirigeants », a-t-il souligné.

Selon l’envoyé de l’ONU, des signes encourageants indiquent qu'un accord visant à résoudre les problèmes entre le gouvernement du Yémen et le Conseil de transition du Sud pourrait être à portée de main.

« Il est important que cela soit fait rapidement car le gouvernement doit retourner à Aden et les institutions de l'État redevenir pleinement opérationnelles. La loi et l'ordre doivent être rétablis et les services doivent être fournis aux habitants du Sud. L’interruption des activités gouvernementales, en particulier la perturbation de la fourniture des services de base, menace directement la vie des gens », a-t-il dit.

Martin Griffiths a également souligné la réduction très récente de la violence dans le nord du pays. Il a notamment salué l'initiative prise par les Houthis – également connu sous le nom d’Ansar Allah - de suspendre toutes les attaques de drones et de missiles balistiques contre l'Arabie saoudite, ainsi que la réduction de la violence qui a suivi cette annonce.

« Depuis le début octobre, le nombre de frappes aériennes a considérablement diminué à travers le Yémen. C’est un gain très récent et inévitablement fragile, mais c’est un pas dans la bonne direction », a-t-il noté.

Libération de 290 détenus

Enfin, l’envoyé de l’ONU a relevé que ce mois-ci les parties en conflit se sont montrées fermement résolues à trouver un terrain d'entente sur des mesures atténuant les souffrances du peuple yéménite.

Il s’est félicité de la libération de 290 détenus par Ansar Allah et a souhaité que cela marque le début d'initiatives supplémentaires qui faciliteront la libération de tous les détenus.

Il a également exprimé sa reconnaissance au gouvernement du Yémen pour avoir autorisé l’arrivée de navires ravitailleurs dans le port d’Hodeïda. « Cette décision importante répondra aux besoins humanitaires », a-t-il souligné.

Le chef de l’humanitaire de l’ONU, Mark Lowcock, a rappelé pour sa part que le Yémen était la pire crise humanitaire dans le monde. Malgré l'expansion des opérations d’assistance, les facteurs de la crise ont continué de s'aggraver, a-t-il noté devant le Conseil de sécurité.

S’agissant du financement de ces opérations, il a rappelé que les agences humanitaires ont eu du mal à réunir suffisamment d’argent cette année et au cours des derniers mois, des déficits de financement ont forcé la fermeture de programmes clés.

Dans ce contexte, il s’est félicité des généreuses contributions reçues au cours des dernières semaines. « Le plan d’intervention est aujourd’hui financé à hauteur de 65% contre 45% début septembre », a-t-il dit.

Ces fonds récemment reçus permettront aux agences humanitaires « de continuer à maintenir des millions de personnes en vie », a-t-il ajouté. « C'est un motif d'optimisme. Mais il reste encore beaucoup à faire si notre objectif n’est pas seulement de réduire les souffrances des gens, mais également d'y mettre fin. Le seul moyen d'y parvenir est d'arrêter la guerre ».