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Opération turque en Syrie : des centaines de milliers de vies en danger, le Conseil de sécurité saisi

La salle du Conseil de sécurité de l'ONU (photo d'archives).
Photo : ONU/Evan Schneider
La salle du Conseil de sécurité de l'ONU (photo d'archives).

Opération turque en Syrie : des centaines de milliers de vies en danger, le Conseil de sécurité saisi

Paix et sécurité

Après le début d’une offensive turque dans le nord-est de la Syrie, les Nations Unies ont fait part de leur vive préoccupation sur le sort de centaines de milliers de civils dans la région. Le Conseil de sécurité a tenu jeudi une réunion à huis clos sur cette question.

Après l’annonce du début de l’offensive turque, une réunion d’urgence du Conseil de sécurité avait été demandée par les cinq pays européens membres de l’organe onusien (Allemagne, Belgique, France, Pologne et Royaume-Uni).

En visite au Danemark, le chef de l’ONU a exprimé sa profonde préoccupation face à l’escalade du conflit. « Il est absolument essentiel de désamorcer ce conflit », a dit jeudi António Guterres lors d’un point de presse aux côtés de la Première Ministre danoise, rappelant que toute opération militaire doit toujours respecter la Charte des Nations Unies et le droit international humanitaire.

Le Secrétaire général de l’ONU s’est dit particulièrement préoccupé par la situation humanitaire en termes de pertes de vies possibles et de déplacements de population. « Je ne crois pas aux solutions militaires au problème syrien, ni à aucun autre problème dans le monde. Je crois toujours fermement aux solutions politiques », a-t-il dit, rappelant l’existence d’une « feuille de route » : la résolution 2254 du Conseil de sécurité.

« Et l'une des choses qui est également claire est que toute solution pour la Syrie devra respecter la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'unité de la Syrie », a ajouté M. Guterres.

De leur côté, plusieurs entités des Nations Unies ont tiré la sonnette d’alarme après l’annonce de cette opération mercredi par le Président turc, Recep Tayyip Erdoğan.

Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), des centaines de milliers de personnes sont désormais en danger dans le nord-est de la Syrie. Dans un communiqué de presse, le HCR a mis en garde contre une escalade du conflit qui risque de causer « plus de souffrances humaines et de déplacements de population ». Selon l’agence onusienne, des dizaines de milliers de personnes ont fui les combats et son en quête d’un lieu sûr.

« Une nouvelle vague de violence est la dernière chose dont ont besoin les Syriens », a, pour sa part, déclaré la Commission d’enquête internationale indépendante de l’ONU sur la Syrie.

La Commission a imploré les parties au conflit « à faire preuve de prudence et de retenue » pour éviter une escalade des hostilités dont les civils seraient les premières victimes. « Toute nouvelle campagne militaire pourrait conduire à l’insécurité et au chaos, risquant ainsi de créer les conditions d’une possible résurgence de l’Etat islamique en Iraq et au Levant », a prévenu la Commission dans un communiqué.

L'UNICEF appelle à protéger les enfants

Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a exhorté toutes les parties au conflit syrien à protéger les enfants et les infrastructures civiles.

La Directrice exécutive de l’UNICEF, Henrietta Fore, a rappelé que l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées de civils cause des « préjudices inacceptables » pour les filles et les garçons.

« Une escalade militaire dans le nord-est de la Syrie aurait des conséquences dramatiques sur la capacité des acteurs humanitaires à apporter assistance et protection à des milliers d'enfants vulnérables », a alerté la cheffe de l’UNICEF dans un communiqué de presse.

De son côté, le Secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires, Mark Lowcock, était attendu ce jeudi en Turquie.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a précisé que M. Lowcock devait rencontrer des hauts responsables turcs dans la capitale Ankara.

Celui qui est également Coordinateur des secours d’urgence de l’ONU doit aussi se rendre à Gaziantep et Kilis, deux villes turques situées près de la frontière syrienne où il  doit rencontrer les agences onusiennes et les ONG participant aux opérations humanitaires transfrontalières à destination de la Syrie.

Avec plus de 3,6 millions de réfugiés syriens sur son territoire, la Turquie est aujourd’hui le pays qui accueille le plus grand nombre de personnes déplacées de force, a rappelé OCHA.