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En ces temps de divisions, l’ONU appelle les dirigeants du monde à travailler ensemble pour le bien commun

Tijjani Muhammad-Bande (au centre), président de l'Assemblée générale des Nations Unies, ouvre le débat général de la 74e session de l'Assemblée aux côtés du Secrétaire général de l’ONU António Guterres (gauche)
Photo : ONU/Cia Pak
Tijjani Muhammad-Bande (au centre), président de l'Assemblée générale des Nations Unies, ouvre le débat général de la 74e session de l'Assemblée aux côtés du Secrétaire général de l’ONU António Guterres (gauche)

En ces temps de divisions, l’ONU appelle les dirigeants du monde à travailler ensemble pour le bien commun

À l’ONU

A l’ouverture mardi du débat général de la 74e session de l’Assemblée générale des Nations Unies au siège de l’Organisation à New York, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, et le Président de l’Assemblée générale, Tijjani Muhammad-Bande, ont plaidé auprès des dirigeants du monde en faveur de l’esprit de coopération pour le bien commun.

« Nous sommes ici pour servir. Nous sommes ici pour faire progresser le bien commun tout en défendant notre humanité et nos valeurs communes. Cette vision a uni les fondateurs de notre Organisation. En cette période de divisions, nous devons renouer avec cet esprit. Rétablissons la confiance, redonnons espoir et allons de l'avant ensemble », a déclaré M. Guterres dans son discours à la tribune de l’Assemblée générale.

« Nous devons unir nos efforts pour trouver des solutions aux énormes difficultés résultant des conflits violents, du terrorisme, des catastrophes naturelles, du trafic sexuel et du trafic de drogue, de l'analphabétisme, dont souffrent des millions de personnes dans le monde », a plaidé pour sa part M. Muhammad-Bande.

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, à l'ouverture du débat général de l'Assemblée générale des Nations Unies.
Photo : ONU/Cia Pak
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, à l'ouverture du débat général de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Le risque d'une 'Grande fracture'

Le Secrétaire général de l’ONU a estimé qu’en « cette période de transition et de dysfonctionnement des relations entre les puissances mondiales, un nouveau risque se profile à l’horizon, qui n’est peut-être pas encore énorme, mais qui est réel ».

« Je crains la possibilité d’une 'Grande fracture' : le monde se scindant en deux, les deux plus grandes économies de la planète créant deux mondes distincts et en concurrence, chacun ayant sa propre monnaie dominante, ses propres règles commerciales et financières, son propre réseau Internet, ses propres capacités en intelligence artificielle, et sa propre stratégie géopolitique et militaire », a souligné M. Guterres dans une référence implicite aux Etats-Unis et à la Chine.

« Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter la ‘Grande fracture’ et maintenir un système universel - une économie universelle avec un respect universel du droit international ; un monde multipolaire avec des institutions multilatérales fortes », a-t-il ajouté.

António Guterres a également noté que de nombreuses crises à travers le monde n’ont toujours pas trouvé de solution : le Yémen, la Libye, l’Afghanistan, et le conflit israélo-palestinien. A cela s’ajoutent les tensions en Asie du Sud et le risque d’un conflit armé dans le Golfe persique.

Rétablissons la confiance, redonnons espoir et allons de l'avant ensemble - António Guterres 

Dans ce contexte sombre, le Secrétaire général a toutefois pointé du doigt des événements positifs au cours de l’année écoulée : des élections pacifiques à Madagascar, aux Maldives et en République démocratique du Congo ; le dialogue politique au Soudan et le processus de paix en République centrafricaine ; l’annonce de la création d’un comité constitutionnel dans le cadre des efforts pour résoudre le conflit en Syrie.

Selon le Secrétaire général, les peuples doivent jouir de libertés fondamentales que chaque pays a promis de faire respecter. « Pourtant, nous sommes aujourd’hui à un moment critique, où des droits longuement acquis sont menacés, mis à mal, détournés », a-t-il dénoncé.

« Nous observons une trop grande impunité, y compris pour les violations du droit international humanitaire. Nous voyons éclore de nouvelles formes d’autoritarisme. Dans trop d’endroits, la disparition de l’espace civique musèle les voix des citoyens », a-t-il ajouté. « Des défenseurs des droits humains, des militants écologistes et des journalistes sont pris pour cible. Jour après jour, clic après clic, d’une caméra à l’autre, les systèmes de surveillance étendent leur emprise et empiètent sur la vie privée. Ces fissures ne sont pas uniquement le signe d’un effondrement des règles régissant le comportement des États et de l’économie. Elles sont plus profondes. Elles questionnent notre compassion, notre humanité ». 

De son côté, le Président de l’Assemblée générale a souligné combien il était important de faire de la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) la priorité. « La réalisation de nos objectifs dans le cadre des ODD exige une coopération en matière de financement et de partage d'expérience », a-t-il souligné.

Tijjani Muhammad-Bande a également estimé qu’il fallait continuer à renforcer l’Organisation en veillant à ce que son architecture de paix et de sécurité soit adaptée au XXIe siècle, notamment en faisant de la prévention une priorité.

Il n’y a pas de place pour le cynisme ou l'apathie - Tijjani Muhammad-Bande

Parmi les autres priorités, le Président de l’Assemblée générale a souligné que l'éradication de la pauvreté restait un grand défi à l'échelle mondiale et qu’un accent particulier devait être mis sur la lutte contre le changement climatique. « J'appelle à la coopération entre les pays pour faire en sorte que des coalitions pour la résilience au changement climatique et les actions d'atténuation soient formées et renforcées », a-t-il dit.

Il a également jugé nécessaire de garantir l’inclusion et un accès à un enseignement primaire et secondaire gratuit et de qualité. « Nous pouvons faire de grandes choses si nous sommes courageux, fermes et montrons de l'empathie », a-t-il conclu. « Il n’y a pas de place pour le cynisme ou l'apathie ».