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Mali : un plan d’urgence pour les communautés des Falaises de Bandiagara (UNESCO)

Un village traditionnel Dogon dans le centre du Mali (photo d'archives 2013).
Photo: MINUSMA/Sophie Ravier
Un village traditionnel Dogon dans le centre du Mali (photo d'archives 2013).

Mali : un plan d’urgence pour les communautés des Falaises de Bandiagara (UNESCO)

Paix et sécurité

Un plan d’action de 2,2 millions de dollars a été présenté par l’UNESCO et le Ministère de la Culture du Mali aux populations du site du Patrimoine mondial des Falaises de Bandiagara en Pays dogon, afin de favoriser un retour à la normale après les violences intercommunautaires ayant affecté le centre du pays.

« Le respect du patrimoine culturel est le socle du respect des identités, de la dignité des peuples. Le patrimoine incarne l’histoire qui nous donne confiance et la force de nous projeter dans l’avenir », a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, citée dans un communiqué de presse.

Elle a affirmé que l’UNESCO, après la reconstruction des mausolées de Tombouctou, mettrait « tout en œuvre pour élargir cet effort à l’ensemble du Mali, au plus près des attentes des peuples, pour faire avancer la paix ».

Lors d’un atelier réunissant des représentants les habitants de la région à Bandiagara le 29 août, la Ministre de la Culture du Mali, N’Diaye Ramatoulaye Diallo, et Hervé Huot-Marchand, Représentant de l’UNESCO à Bamako, ont présenté des mesures prioritaires visant à assurer la sécurité des personnes et des biens, condition indispensable au retour des déplacés internes dans les localités abandonnées.

Le projet de plan d’action prévoit la fourniture d’une aide alimentaire, la restauration de l’habitat et du patrimoine ainsi que l’approvisionnement en eau potable dans les villages détruits ou endommagés lors des violences. Des mesures sont également prévues pour soutenir les acteurs locaux du développement afin d’impulser l’économie et soutenir les populations en détresse.

Apaiser les tensions communautaires

Les représentants des populations ont affirmé l’urgence d’apaiser les tensions intercommunautaires. En effet le plan d’urgence prévoit l’organisation de dialogues entre les communautés dans le respect des valeurs culturelles locales et du vivre ensemble.

« Avant d’attaquer physiquement notre pays et nos communautés, les terroristes attaquent d’abord nos esprits, nos idées et nos valeurs. D’où l’importance de garder à l’esprit la menace d’effondrement de notre patrimoine immatériel, qui précède toujours la destruction de notre patrimoine matériel », a dit N’Diaye Ramatoulaye Diallo.

La spirale de la violence a débuté le 23 mars dernier par un massacre dans le village peul d’Ogossagou qui a été suivi par la destruction de nombreux villages peuls et dogons dans les cercles (départements) de Bandiagara, Bankass et Koro situés dans le périmètre du bien inscrit au Patrimoine mondial ainsi que dans sa zone limitrophe.

Une mission de terrain dépêchée en juillet avait constaté une situation inédite de destruction non seulement de l’habitat mais aussi des moyens de subsistance (greniers, récoltes, animaux). Le patrimoine architectural de la région a été sérieusement endommagé, des objets culturels détruits, vandalisés ou abandonnés sous les décombres. Le patrimoine culturel immatériel a aussi été affecté avec la quasi-interruption des événements sociaux et culturels.

Le site de Bandiagara est reconnu pour ses paysages exceptionnels de falaises et de plateau gréseux, intégrant des sites archéologiques et une architecture des plus remarquables. Il est riche des pratiques et traditions culturelles de ses habitants. Il est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1989.