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Face à la vague de mécontentement à travers le monde, l'ONU plaide pour des manifestations pacifiques

La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, devant la presse à Genève. (4 septembre 2019)
UN News/Daniel Johnson
La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, devant la presse à Genève. (4 septembre 2019)

Face à la vague de mécontentement à travers le monde, l'ONU plaide pour des manifestations pacifiques

Droits de l'homme

Lors d’une conférence de presse tirant le bilan de sa première année à la tête du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet a plaidé pour des manifestations pacifiques dans le monde et a lancé un appel à renoncer à la violence.

« Dans des endroits aux circonstances, aux niveaux de développement et situations politiques très différents, nous assistons aujourd’hui à une vague de mécontentement populaire et de manifestations de masse - ou à des restrictions imposées de façon très ferme par les Etats », a-t-elle expliqué.

« Dans chaque région : à Hong Kong, en Russie, en Papouasie indonésienne, au Cachemire sous administration indienne, au Honduras et au Zimbabwe - et bien sûr au Yémen et en Syrie, nous constatons le besoin criant de dialogue », a déclaré la cheffe des droits de l’homme de l’ONU devant la presse, un an après son entrée en fonctions.

Michelle Bachelet a demandé aux autorités de ces zones de discuter avec ceux qui exercent leurs droits d’autant que « la plupart des griefs sont peut-être liés aux inégalités et aux déséquilibres de pouvoir ». « Lorsque des personnes de tous les horizons ont la possibilité de s’asseoir à la table des discussions pour échanger ouvertement de leur accès aux droits socio-économiques, civils, politiques et culturels - dans un espace sûr et sans crainte de répression – c’est seulement dans ce genre de situation que nous pouvons espérer garantir la stabilité », a défendu la Haut-Commissaire aux droits de l’homme.

Elle a rappelé que toute personne a le droit d’avoir une opinion et de l’exprimer de manière pacifique. « Des mesures brutales telles que des coupures généralisées d’Internet, parfois pour des périodes prolongées, sont contraires au droit international », a-t-elle fait valoir.

Le sort des peuples autochtones en Amazonie

Pour Mme Bachelet, l’usage abusif et disproportionné de la force contre les personnes qui ont des opinions divergentes et les arrestations de personnes exerçant leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique ne peuvent qu’exacerber les tensions et compromettre sérieusement l’espace de dialogue.

Concernant Hong Kong notamment, Mme Bachelet a une nouvelle fois appelé à la retenue, redoutant que les manifestants pacifiques soient dépassés par les attitudes de certains qui pourraient conduire à une détérioration de la situation.

Plus généralement, la cheffe des droits de l’homme de l’ONU a constaté qu’un grand nombre de personnes fuient « leur pays à cause des conflits armés, de l’insécurité, de l’oppression politique, des crises climatiques et de l’incapacité à protéger les droits économiques, sociaux et culturels ».

« Nous le voyons également avec les incendies qui font rage en Amazonie et avec la fonte des calottes glaciaires au Groenland et ailleurs », a-t-elle ajouté.

Concernant l’Amazonie, Mme Bachelet a indiqué suivre avec « inquiétude » les violences contre les autochtones dans cette région où près de « 33% des incendies se produisent dans des terres autochtones ou dans des lieux protégés ».

« Nous avons dit au gouvernement brésilien qu’il devrait protéger les défenseurs des droits de l’homme, les défenseurs de l’environnement, mais aussi examiner les mesures qui pourraient déclencher des violences contre eux », a-t-elle ajouté. Pour Mme Bachelet, cette violence liée à la protection de l’environnement est observée dans tout le pays et frappe particulièrement les « communautés autochtones », surtout concernant l’exploitation illégale des ressources naturelles, principalement agricoles, forestières et minières ».

Des immeubles endommagés dans la ville d'Idlib, en Syrie (archive - septembre 2018)
PAM
Des immeubles endommagés dans la ville d'Idlib, en Syrie (archive - septembre 2018)

Plus d’un millier de victimes depuis avril en Syrie

Par ailleurs, la Haut-Commissaire Bachelet a lancé un appel à toutes les parties au conflit syrien et à la communauté internationale de mettre de côté leurs divergences politiques pour arrêter le « carnage » en Syrie. Depuis la reprise des raids en avril dernier, 1.089 civils sont décédés à Idlib et dans les régions proches.

Le détail de ces chiffres « honteux » montre qu’au cours des quatre derniers mois seulement, ce sont au moins 572 hommes, 213 femmes et 304 enfants qui ont été tués dans cette région. Parmi ces victimes, 1.031 peuvent être attribuées aux bombardements menés par les forces gouvernementales et leurs alliés sur ces régions du nord-ouest du pays, a affirmé Mme Bachelet . Autre inquiétude, plus de 50 infrastructures de santé ont été ciblées sur la même période.

S’agissant de la situation sur le continent africain, la Haut-Commissaire a annoncé l’envoi, dans la semaine à venir, d’une équipe technique au Cameroun pour évaluer la situation dans le nord et le sud-ouest du pays, théâtre depuis deux ans d’un conflit qui oppose les forces armées camerounaises à des « séparatistes anglophones », sans oublier les défis auxquels font face les autorités camerounaises dans la lutte contre Boko Haram.

La cheffe des droits de l’homme est également préoccupée de la situation au Mali où elle continue de recevoir des informations faisant état d’allégations d’exécutions extrajudiciaires dans la lutte contre le terrorisme. La Haut-Commissaire a ensuite déploré le peu « d’avancées » notées dans les poursuites contre les violences sexuelles dans cette région.