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Arabie saoudite : les mesures positives pour les femmes sont bienvenues mais il faut faire plus (experts de l’ONU)

Des Saoudiennes participent à une réunion à Rome, au Siège de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). (2019)
©FAO/Alessandra Benedetti
Des Saoudiennes participent à une réunion à Rome, au Siège de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). (2019)

Arabie saoudite : les mesures positives pour les femmes sont bienvenues mais il faut faire plus (experts de l’ONU)

Femmes

Les décrets royaux autorisant toutes les Saoudiennes à demander un passeport et les femmes âgées de 21 ans et plus à voyager de manière indépendante sans l'autorisation de leur tuteur ont été salués jeudi par des experts en droits de l'homme des Nations Unies.

« Il s'agit là d'un pas encourageant vers l'abolition complète du système de ‘tutelle’ », ont-ils déclaré.

Ces experts sont : Joseph Cannataci Rapporteur spécial sur le droit à la vie privée  et le groupe de travail des Nations Unies sur la discrimination à l'égard des femmes et des filles qui est composé de cinq experts indépendants : Meskerem Geset Techane, Elizabeth Broderick, Ivana Radačić, Alda Facio, et Melissa Upreti.

Les femmes continuent d'être confrontées à de nombreuses restrictions dans le cadre du système de tutelle, qui confère aux hommes une autorité arbitraire sur leurs parentes féminines, fondé sur la discrimination à l'égard des femmes

« Nous ne devons pas oublier que ces développements positifs sont le résultat d'années de plaidoyer et d'efforts acharnés de la part de nombreux défenseurs des droits humains et des droits des femmes en Arabie saoudite », ont-ils souligné. « Beaucoup sont toujours détenus et nous demandons leur libération immédiate ».

Selon les experts, les femmes saoudiennes continuent d'être confrontées à de nombreuses restrictions dans le cadre du système de tutelle, qui confère aux hommes une autorité arbitraire sur leurs parentes féminines, qui est fondé sur la discrimination à l'égard des femmes et en résulte, et qui nie leurs droits humains fondamentaux et leur dignité en tant qu'êtres humains autonomes.

Ces restrictions portent gravement atteinte à l'égalité de participation et de prise de décision des femmes dans les affaires politiques, économiques et sociales et à l'exercice de leurs droits fondamentaux, notamment le droit à la liberté de circulation, à l'éducation, au travail, à l'accès à la justice, à la vie privée et à la vie familiale, ont précisé les experts.

Pour sa part, le Rapporteur spécial sur la protection de la vie privée, Joseph Cannataci, s'est déclaré « gravement préoccupé » par les outils et applications technologiques permettant aux hommes « gardiens » d'étendre leur contrôle sur les femmes à la sphère numérique et de restreindre leur liberté de mouvement.

« Je suis particulièrement préoccupé par l'utilisation de l'application de téléphonie mobile Absher, qui permet aux « gardiens » masculins de surveiller, restreindre et contrôler la localisation et la liberté de mouvement des femmes d'une manière incompatible avec leur droit à la vie privée », a-t-il déclaré. « J'espère que ce type de fonctionnalité soit immédiatement aboli afin d'être conforme à l'esprit et à la lettre de la nouvelle loi ».

« Tout progrès restera très fragile s'il ne s'accompagne pas de réformes plus larges et de mesures visant à garantir que les droits soient reflétés et consacrés dans la constitution du Royaume d'Arabie saoudite et pas seulement par des décrets royaux », ont averti les experts.

Tout en prenant acte de cette initiative encourageante, les experts ont exhorté le gouvernement saoudien à tenir sans plus tarder son engagement d'abolir complètement le système de « tutelle » masculine, comme promis lors du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies en mars 2019.

Les rapporteurs spéciaux et les groupes de travail font partie des procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel de l'ONU et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisme et siègent à titre personnel.