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Afghanistan : l’ONU demande aux belligérants de tenir compte de l’appel à réduire les victimes civiles à "zéro"

Un employé municipal à Kaboul, la capitale d'Afghanistan, nettoie des débris dans un complexe d'appartements endommagé par une attaque revendiquée par les Talibans le 1er juillet.
Photo MANUA/Fardin Waezi
Un employé municipal à Kaboul, la capitale d'Afghanistan, nettoie des débris dans un complexe d'appartements endommagé par une attaque revendiquée par les Talibans le 1er juillet.

Afghanistan : l’ONU demande aux belligérants de tenir compte de l’appel à réduire les victimes civiles à "zéro"

Paix et sécurité

Le conflit en Afghanistan continue d’avoir un impact dévastateur sur les civils qui continuent de mourir et d’être blessés à un rythme « inacceptable » malgré les discussions visant à mettre fin à des décennies de guerre, selon le dernier rapport de la Mission de l’ONU en Afghanistan (MANUA) publié ce mardi.

Malgré une baisse de 27% du nombre de victimes au premier semestre 2019 par rapport aux six premiers mois de 2018, 1.366 civils ont été tués et 2.446 blessés, a fait savoir la MANUA dans un rapport semestriel.

Si la Mission onusienne reconnaît que les parties ont annoncé des mesures pour réduire le nombre de victimes civiles, elle juge ces efforts « insuffisants ». « Les Nations Unies se félicitent de la réduction du nombre de victimes civiles entre le 1er janvier et le 30 juin 2019, mais continuent de considérer le niveau des dommages causés aux civils comme choquant et inacceptable », souligne la MANUA.

Davantage de civils ont été tués par les forces pro-gouvernementales que par les groupes insurgés (717 morts contre 531), en grande partie du fait des frappes aériennes afghanes et américaines, selon la MANUA.

L’ONU appelle à « faire plus » pour réduire le nombre de victimes civiles

La Mission onusienne a ainsi attribué 1.397 victimes civiles (717 morts et 680 blessés) aux forces progouvernementales, soit 31% de pertes civiles supplémentaires au premier semestre 2019 par rapport à la même période en 2018. Les forces pro-gouvernementales ont causé 37% de toutes les pertes civiles au cours de la première moitié de 2019, dont 18% par les forces de sécurité nationales afghanes, 12% par les forces militaires internationales, 2% par des groupes armés progouvernementaux et le reste par des forces de police indéterminées ou multiples.

Si les forces antigouvernementales (AGE) ont continué de causer la majorité des victimes civiles, les pertes attribuées au différents groupes insurgés - principalement les Talibans et le groupe Etat islamique (Daech) - ont diminué de 43% - du fait d’une baisse des attentats suicide et des attaques complexes.

La Mission onusienne a fait état de 985 victimes civiles (306 morts et 679 blessés) d’attaques des groupes armés visant délibérément des civils, notamment des responsables gouvernementaux, des anciens des tribus, des travailleurs humanitaires, des érudits religieux, des mollahs et des lieux de culte et de culture. La MANUA a imputé plus de la moitié de toutes les victimes civiles aux groupes armés (52%), dont 38% aux Talibans, 11% à la province du Khorasan sous contrôle de Daech/État islamique du Khorasan et 3% à des groupes armés non identifiés.

Un tiers des victimes sont des enfants

Début juillet, lors d’une rencontre à Doha entre des responsables talibans et des représentants du gouvernement afghan, les deux parties avaient publié une résolution commune dans laquelle elles appelaient à réduire les victimes civiles à « zéro ». « L’ONU soutient la demande de toutes les parties de réduire à zéro le nombre de victimes civiles, telle que formulée dans la déclaration commune des participants afghans du dialogue intra-afghan des 7 et 8 juillet 2019 tenu à Doha », a fait valoir la Mission onusienne qui appelé les parties à « faire plus ».

« Tout le monde a entendu haut et fort le message des délégués afghans aux pourparlers de Doha : "réduisez le nombre de victimes civiles à zéro !" », a ajouté dans un communiqué, le chef de la MANUA, Tadamichi Yamamamoto. Le Représentant du Secrétaire général de l’ONU dans ce pays exhorte donc « toutes les parties à tenir compte de cet impératif et à répondre à l’appel des Afghans pour que des mesures immédiates soient prises afin de réduire les terribles dommages infligés ».

Un tiers des victimes sont des enfants (327 morts et 880 blessés), notamment en raison des munitions non-explosées qu’ils manipulent, inconscients du danger. Les femmes continuent aussi d’être touchées de manière disproportionnée par le conflit armé en Afghanistan. Au 30 juin 2019, le conflit avait fait 430 victimes (144 morts et 286 blessés), soit une baisse de 22% par rapport à la même période en 2018. 

« Il reste que seul un effort déterminé pour éviter des dommages à la population civile, non seulement en respectant le droit international humanitaire, mais également en réduisant l’intensité des combats, permettra de réduire les souffrances des civils afghans », a déclaré Richard Bennett, chef des droits de l’homme de la MANUA.