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Yémen : l’ONU met en garde contre la « perspective effrayante » d’une guerre régionale

La ville portuaire d'Aden a été lourdement bombardée pendant le conflit au Yémen. (archive de 2015)
PNUD Yémen
La ville portuaire d'Aden a été lourdement bombardée pendant le conflit au Yémen. (archive de 2015)

Yémen : l’ONU met en garde contre la « perspective effrayante » d’une guerre régionale

Paix et sécurité

L’Envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, a mis en garde jeudi le Conseil de sécurité sur la « perspective effrayante » d’une guerre régionale alors que la situation humanitaire dans le pays reste critique.

« Nous sommes confrontés à un moment crucial pour le destin de cette guerre. Et nous devons maintenant réfléchir ensemble aux réalités et aux opportunités qui définissent nos chances de faire avancer la paix », a dit M. Griffiths.

L’Envoyé spécial s’est félicité de la rencontre des parties yéménites à Hodeïda plus tôt cette semaine dans le cadre du Comité de coordination du redéploiement. « C’est une avancée importante et un signe de progrès encourageant » a-t-il dit. « Néanmoins, un obstacle majeur demeure : l'accord sur les forces de sécurité locales en particulier, ainsi que l'attention portée à la question des revenus ».

Les progrès réalisés à Hodeïda permettront aux parties de travailler ensemble, qu’il s’agisse de la surveillance tripartite, de la perception des recettes ou d’évaluations communes des violations possibles du cessez-le-feu, a dit M. Griffiths qui espère également que ces progrès permettront « enfin de nous concentrer sur le processus politique » avant la fin de l'été. « Le Yémen (…) n'a pas de temps à perdre ».

Mais « le Yémen (…) se trouve près des lignes de front d’une tragédie potentielle résultant des tensions dans la région », a prévenu l’Envoyée spécial, soulignant que le pays n’a aucun intérêt à « se laisser entraîner dans une guerre régionale » et que toutes les parties devraient renoncer toute action qui le mènerait dans cette direction.

« Nous devons empêcher cela afin de réduire les tensions régionales, de sauver des vies et de donner au Yémen une perspective de paix plutôt qu'une guerre élargie »,-a-t-il dit.

Le droit humanitaire bafoué, les conditions de vie de civils se détériorent

Sur le plan humanitaire, la situation au Yémen n’a pas changé.

« Comme je l'ai dit le mois dernier, les conditions de vie de la plupart des habitants du Yémen se détériorent et ne s'améliorent pas. Et si la trajectoire actuelle se poursuit, nous devrions tous nous attendre à ce qu’elles continuent de s’aggraver », a dit Mark Lowcock, le chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).

Depuis le mois de juin, plus de 120.000 personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers en raison de la poursuite des combats.

« Les hostilités à Hodeïda sont maintenant retombées et le calme relatif est revenu.

Mais la violence continue ailleurs », a dit M. Lowcock, qui a également déploré les obstacles continus à l’acheminement de l’aide humanitaire et le fait que cette dernière ne soit financée qu’à hauteur de 34%.

Une situation qui pousse de nombreuses organisations humanitaires à suspendre leur aide en matière de santé notamment dans la lutte contre le choléra dont le nombre de cas est remonté à 500.000. « À ce jour, nous avons reçu des informations faisant état de plus de 700 décès, dont plus de 200 enfants », a dit le chef d’OCHA, prévenant que « le nombre de morts va sûrement augmenter ».

Même si Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) a dû suspendre partiellement son aide à Sanaa en raison de détournements de denrées, l’agence onusienne a été en mesure d’atteindre un nombre plus important de personnes (11,3 millions) au Yémen. A Sanaa, le PAM a élargi son programme de nutrition a destination des enfants, femmes enceinte et allaitantes vulnérables afin qu’ils disposent de nourriture pour survivre.

« La responsabilité de mettre fin à la malnutrition et à la faim incombe en premier lieu à ceux qui sont en guerre. Pas le PAM, ni aucun de nos partenaires, ni les Nations Unies », a souligné le Directeur exécutif du PAM, David Beasley. « Nous ne sommes au Yémen que pour le bien de l'humanité ... »

M. Beasley s’est fait l’écho des préoccupations soulevées par M. Lowcock concernant le manque de financement de l’aide humanitaire.

« Le PAM a un rôle crucial à jouer dans la réponse humanitaire, mais si nos partenaires ne disposent pas du soutien dont ils ont besoin, peu importe la quantité de nourriture que nous distribuons - des vies seront perdues », a-t-il prévenu, appelant la communauté internationale à rester généreuse dans ses contributions et ceux qui ont fait des promesses de financement de les honorer.