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L’ONU encourage les gouvernements à se servir des outils de prévention et de médiation à leur disposition

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, devant le Conseil de sécurité le 12 juin 2019.
Photo : ONU/Loey Felipe
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, devant le Conseil de sécurité le 12 juin 2019.

L’ONU encourage les gouvernements à se servir des outils de prévention et de médiation à leur disposition

Paix et sécurité

A l’occasion d’une réunion du Conseil de sécurité sur la prévention des conflits et la médiation, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est félicité des succès observés dans certains pays et a encouragé les gouvernements à utiliser les outils à leur disposition pour éviter des souffrances à leurs population.

Outre M. Guterres, son prédécesseur, Ban Ki-moon, participait également mercredi à cette réunion, ainsi que l’ancienne Présidente d’Irlande, Mary Robinson, et l’ancien Président de Colombie, Juan Manuel Santos.

Le chef de l’ONU a rappelé que la prévention des conflits et la médiation sont les deux outils les plus importants à la disposition de la communauté internationale pour réduire les souffrances humaines.

« Quand nous agissons tôt, et que nous sommes unis, nous pouvons réussir à prévenir l’escalade de crises, sauver des vies », a-t-il dit devant le Conseil de sécurité.

Selon António Guterres, il y a des signes encourageants à travers le monde avec notamment des transferts de pouvoir constitutionnels réussis dans des pays comme le Mali et Madagascar.

Il a également cité le rapprochement entre l'Éthiopie et l'Érythrée, l'accord de paix revitalisé au Soudan du Sud et le règlement du différend entre Athènes et Skopje permettant à la désignation de la République de Macédoine du Nord d'être reconnue internationalement.

«  Mais ailleurs, nous sommes confrontés à de sérieux défis dans nos efforts », a déclaré M. Guterres. Il a cité le Yémen, la République centrafricaine, le Burkina Faso, la Libye et s’est inquiété de la situation au Venezuela et en Syrie.

Le Secrétaire général a encouragé les gouvernements à utiliser les outils de prévention et de médiation qui sont à leur disposition et il a demandé au Conseil de sécurité d’user de son autorité pour appeler les parties en conflit à le faire.

«  Mais ne nous leurrons pas. La prévention et la médiation ne fonctionneront pas sans des efforts politiques plus vastes », a-t-il conclu. « J'exhorte les membres du Conseil et tous les États Membres à œuvrer pour une plus grande unité afin que les efforts de prévention et de médiation soient aussi efficaces que possible. C’est la seule façon de nous acquitter de nos responsabilités envers les peuples que nous servons ».

Mary Robinson, ancienne Présidente de l'Irlande, devant le Conseil de sécurité le 12 juin 2019.
Photo : ONU/Loey Felipe
Mary Robinson, ancienne Présidente de l'Irlande, devant le Conseil de sécurité le 12 juin 2019.

Mary Robinson dénonce le recours répété au veto

En tant que Présidente du groupe des Anciens (The Elders), un groupe de dirigeants mondiaux indépendants fondé par Nelson Mandela dans le but de promouvoir la bonne gouvernance et un leadership éthique, Mary Robinson a exhorté le Conseil de sécurité à aborder ces questions de prévention et de médiation « dans un esprit de dialogue inclusif et de volonté de travailler en faveur du compromis et du consensus dans l’intérêt de la paix ».

« Au cours des dernières décennies, le Conseil - et en particulier ses cinq membres permanents - n’a pas assumé ses responsabilités et a favorisé les stratagèmes de realpolitik ou de pouvoir à court terme plutôt que de respecter les engagements solennels énoncés dans la Charte des Nations Unies », a-t-elle dénoncé.

« Cela n'est nulle part plus évident que dans le recours répété du veto par certains membres permanents pour les résolutions visant à prévenir les atrocités de masse, y compris l'utilisation d'armes chimiques contre des civils », a-t-elle souligné, ajoutant que « la communauté internationale ne doit pas attendre une tragédie majeure ».

Ban Ki-moon, ancien Secrétaire général des Nations Unies, devant le Conseil de sécurité le 12 juin 2019.
Photo : ONU/Loey Felipe
Ban Ki-moon, ancien Secrétaire général des Nations Unies, devant le Conseil de sécurité le 12 juin 2019.

Le risque de conflit nucléaire plus fort que jamais

Lorsque le Conseil de sécurité peut coopérer et parler d'une voix commune forte, « ses décisions peuvent avoir un impact décisif », a déclaré l'ancien Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon.

« Cette voix forte et commune est plus que jamais nécessaire à l'heure actuelle, lorsque l'attrait trompeur du populisme et de l'isolationnisme grandit sur tous les continents, de l'Amérique du Nord et du Sud à l'Afrique, l'Asie et l'Europe », a-t-il déclaré.

Face à des défis complexes, multiformes et extrêmement graves, il est « profondément irresponsable » de la part de responsables politiques d’alimenter les illusions pour en tirer un avantage personnel, tout en sachant qu'aucun pays, aussi puissant soit-il, n’est capable de relever seul les défis mondiaux.

S'agissant de la menace nucléaire, M. Ban a déclaré que « les risques de conflit nucléaire sont plus élevés qu'ils ne l'ont été depuis plusieurs décennies ».

Il existe également un risque que « toute l'architecture de contrôle des armements et de non-prolifération nucléaire mise en place au cours des décennies d'affrontement entre superpuissances  s'effondre sous l'effet conjugué de la négligence, de l'hubris et d'une analyse mal fondée des menaces », a-t-il conclu.