L'actualité mondiale Un regard humain

Venezuela : plus de 3 millions d'enfants ont besoin d’aide pour accéder à des services de base (UNICEF)

Un garçon mendie dans les rues de Caracas, la capitale du Venezuela. (3 juin 2019)
© UNICEF/Velasquez
Un garçon mendie dans les rues de Caracas, la capitale du Venezuela. (3 juin 2019)

Venezuela : plus de 3 millions d'enfants ont besoin d’aide pour accéder à des services de base (UNICEF)

Aide humanitaire

Environ 3,2 millions d’enfants ont besoin d’aide au Venezuela, a annoncé vendredi le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) à l'issue d'une visite d'évaluation dans le pays. 

« D’après les estimations préliminaires de l’ONU, un enfant sur trois a besoin d’aide pour accéder à des services de nutrition, de santé et d’éducation de base », a déclaré Christophe Boulierac, porte-parole de l’UNICEF lors d’une conférence de presse.

Le porte-parole de l’agence onusienne s’est fait l’écho des conclusions de  la Directrice de la communication de l’UNICEF, Paloma Escudero, de retour d’une mission de trois jours dans ce pays d'Amérique latine.

L’UNICEF craint que la situation actuelle au Venezuela ait réduit l’accès des enfants aux services essentiels et accru leur vulnérabilité, effaçant ainsi des décennies de progrès.

D’après les estimations des Nations Unies fondées sur des sources officielles et autres, la mortalité infantile a augmenté de moitié entre 2014 et 2017. Aussi près de 190 cas présumés de diphtérie et 558 cas présumés de rougeole ont été signalés depuis le début de l’année.

Dans une école de la banlieue de Caracas, au Venezuela, une représentante de l'UNICEF s'entretient avec une mère qui a amené sa petite fille pour un dépistage nutritionnel. (3 juin 2019)
© UNICEF/Velasquez
Dans une école de la banlieue de Caracas, au Venezuela, une représentante de l'UNICEF s'entretient avec une mère qui a amené sa petite fille pour un dépistage nutritionnel. (3 juin 2019)

Les pénuries provoquent un manque d’accès aux soins de base

Lors de sa mission dans le pays cette semaine, Mme Escudero a discuté des difficultés quotidiennes que rencontrent ceux qui donnent ou reçoivent des soins médicaux avec des mères et des agents de santé dans un établissement de santé situé à la périphérie de Caracas.

« Les personnes à qui j’ai parlé ont dressé un bilan très sombre de la situation sanitaire du pays », a partagé la Directrice de communication.

Selon l’UNICEF, les centres médicaux fonctionnent au minimum de leur capacité à cause de la pénurie de médicaments.  Faute de pièces détachées, les unités de santé mobile et les ambulances ne peuvent plus se déplacer. Cette situation est aggravée par le nombre important de médecins, d’infirmières et d’infirmiers qui ont quitté le pays.

Les femmes enceintes, trop jeunes et anémiques pour bon nombre d’entre elles, ont du mal à obtenir les soins nécessaires et doivent désormais apporter leurs propres fournitures obstétriques en arrivant à l’hôpital pour accoucher. À mesure que la pénurie d’essence s’aggrave, elles ne peuvent parfois pas même se rendre dans les centres de santé.

« Pour un pays dont la qualité des soins de santé avait remarquablement progressé pendant des dizaines d’années, la situation est dramatique », a signalé Mme Escudero.

Dans un centre de santé situé dans la banlieue de Caracas, au Venezuela, le manque de pièces de rechange a rendu inutilisables les unités sanitaires mobiles et les ambulances. (5 juin 2019)
© UNICEF/Velasquez
Dans un centre de santé situé dans la banlieue de Caracas, au Venezuela, le manque de pièces de rechange a rendu inutilisables les unités sanitaires mobiles et les ambulances. (5 juin 2019)

55 tonnes de fournitures sanitaires livrées depuis janvier

Face à la dégradation de la situation humanitaire, l’UNICEF a livré cinquante-cinq tonnes de fournitures sanitaires au Venezuela depuis le début de l’année, y compris des trousses obstétriques, des antibiotiques et des médicaments antipaludiques.  Ces articles ont été distribués à 25 hôpitaux des États les plus touchés de Caracas, Miranda, Zulia, Bolivar et Tachira.

Les récents envois de fournitures sanitaires portent à près de 200 tonnes l’aide humanitaire expédiée par l’UNICEF au Venezuela au cours des 12 derniers mois. En coopération avec des partenaires des deux bords politiques, l’UNICEF a envoyé un supplément en micronutriments à près de 75.000 enfants de moins de 5 ans et des traitements ambulatoires contre la malnutrition aiguë à 3 500 autres. L’agence a également fourni cette année un accès à de l’eau potable à plus de 400.000 personnes, mais aussi des comprimés vermifuges à 4,3 millions d’enfants et de femmes enceintes ou allaitantes.

Il y a aussi les 9 millions de doses de vaccin contre la diphtérie, 176.000 doses de vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole et les 260.000 doses de vaccin contre la fièvre jaune à l’occasion d’une campagne nationale de vaccination.

Sur le plan de l’éducation, ce sont plus de 260 kits éducatifs destinés à 150.000 enfants des écoles publiques et un appui psychosocial à près de 10.000 enfants et jeunes.

« Cela ne répond que de manière très superficielle au problème », a ajouté Mme Escudero.

L’UNICEF est présent au Venezuela depuis presque 30 ans. Face aux effets dévastateurs d’une crise économique et politique, l’agence onusienne a renforcé sa présence sur le terrain, ajoutant trois nouveaux bureaux à proximité des frontières avec la Colombie et le Brésil, qui en font l’un des organismes dotés de la plus grande structure opérationnelle dans le pays.

Selon l'UNICEF, les enfants sont en train de payer un lourd tribut à  la crise actuelle.

Une famille vénézuélienne attend un bus pour  Tulcan, Équateur, sur le bord de la route à la frontière de la Colombie et de l'Équateur. (4 juin 2019)
© UNHCR/Santiago Escobar-Jarami
Une famille vénézuélienne attend un bus pour Tulcan, Équateur, sur le bord de la route à la frontière de la Colombie et de l'Équateur. (4 juin 2019)

Quatre millions de personnes ont fui le Venezuela depuis 2015

C’est dans ce contexte que l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont annoncé vendredi que le nombre de Vénézuéliens quittant leur pays a atteint 4 millions. À l’échelle mondiale, les Vénézuéliens constituent désormais l’un des plus importants groupes de population déplacés de leur pays.

« Ces chiffres alarmants soulignent le besoin urgent de soutenir les communautés locales dans les pays d’accueil », a déclaré Eduardo Stein, Représentant spécial conjoint HCR-OIM pour les réfugiés et migrants vénézuéliens.

« Les pays d’Amérique latine et des Caraïbes font leur part pour répondre à cette crise sans précédent, mais on ne peut pas s’attendre à ce qu’ils continuent à le faire sans l’aide internationale », a ajouté M. Stein cité dans le communiqué de presse.

Dans tous les cas, le HCR et l’OIM font état d’un rythme « impressionnant » des flux d’exode au Venezuela. De 695.000 à la fin de 2015, le nombre de réfugiés et de migrants en provenance du Venezuela a grimpé en flèche pour atteindre plus de 4 millions à la mi-2019, selon les données fournies par les autorités nationales chargées de l’immigration et par d’autres sources. En seulement sept mois depuis novembre 2018, le nombre de réfugiés et de migrants a augmenté d’un million.

Les pays d’Amérique latine accueillent la grande majorité des Vénézuéliens, dont 1,3 million en Colombie, suivis du Pérou avec 768.000, du Chili 288.000, de l’Équateur 263.000, du Brésil 168.000 et de l’Argentine 130.000. Le Mexique et les pays d’Amérique centrale et des Caraïbes accueillent également un nombre important de réfugiés et de migrants du Venezuela.

Face à cet important afflux, les gouvernements de la région ont mis en place des mécanismes pour coordonner leurs interventions et faciliter l’inclusion juridique et socio-économique des citoyens vénézuéliens.

Le Processus de Quito, qui rassemble les pays d’Amérique latine touchés par l’afflux de réfugiés et de migrants vénézuéliens, en est l’un des principaux instruments. En complément de ces efforts, un Plan régional d’intervention humanitaire pour les réfugiés et les migrants a été lancé en décembre dernier pour venir en aide à 2,2 millions de Vénézuéliens et 580.000 personnes dans les communautés hôtes de 16 pays.