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Syrie : l'ONU lance un cri d’alarme sur le sort des civils à Idlib, Al Hol et Roukban

Des dizaines de milliers de personnes sont déplacées par le conflit dans la province d'Idlib en Syrie.
Photo PAM Syrie
Des dizaines de milliers de personnes sont déplacées par le conflit dans la province d'Idlib en Syrie.

Syrie : l'ONU lance un cri d’alarme sur le sort des civils à Idlib, Al Hol et Roukban

Aide humanitaire

Le Bureau de l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie a exprimé jeudi son inquiétude concernant les conséquences de l’escalade militaire à Idlib sur les civils, la situation à Al Hol et le sort des populations à Roukban.

« Les conflits se sont intensifiés au nord-ouest de la Syrie, affectant les civils, les infrastructures civiles et la prestation de services dans le nord du gouvernorat de Hama et dans le sud du gouvernorat d’Idlib », a déclaré la Conseillère humanitaire principale auprès de l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Najat Rochdi.

A l’issue d’une réunion du Groupe de travail sur l’accès humanitaire, créé par le Groupe de soutien international à la Syrie, Mme Rochdi s’est dites préoccupée des informations faisant état d’actes de violence et d’hostilités dans le nord-ouest de la Syrie. Ces violences auraient fait au moins une centaine de morts ou de blessés parmi les civils et plus de 180.000 personnes déplacées depuis le 28 avril. 

Ces informations indiquent également qu’un grand nombre de personnes cherchent refuge en plein air et font face à des conditions de vie désastreuses.

Depuis fin avril, 18 centres de soins au total auraient été touchés, dont 11 dans la province de Hama, 6 à Idlib et 1 dans la province d’Alep.  Au moins quatre personnels de santé ont été tués.  Au moins 16 écoles et 3 sites de déplacés internes auraient également été touchés.

« L’escalade militaire à Idlib est assimilable à la pratique de la guerre et va à l’encontre des lois humanitaires internationales. Les récentes pertes en vies humaines et les souffrances de civils à Idlib sont absolument inacceptables », a dénoncé Mme Rochdi.

« C’est la cruelle réalité quotidienne de ces personnes qui fuient à cause de la peur et des bombardements, mais maintenant, si les bombardements se poursuivent, où voulez-vous qu’ils fuient ? », s’est-elle interrogée, non sans rappeler qu’ils y avaient déjà fui en dernier recours pour trouver un endroit sûr. « Où pourront-ils aller ? », a ajouté Mme Rochdi.

90% des déplacés à Al Hol sont des femmes et des enfants

Selon l’ONU, près de trois millions de personnes vivent encore à Idlib où 2,1 millions de civils ont besoin d’assistance humanitaire. Environ 1,4 million de personnes se sont déplacées au moins une fois dans cette région.

« Avec ces raids, ces populations sont déplacées une seconde fois ou même une troisième et parfois pour la quatrième fois », a regretté Mme Rochdi.  « C’est vraiment cruel pour ces populations dont environ un million sont des enfants », a insisté la Conseillère.

Cela doit cesser et toutes les parties doivent respecter le droit humanitaire et protéger les civils - Najat Rochdi, Conseillère humanitaire principale pour la Syrie 

Depuis fin avril, des bombardements aériens se sont intensifiés contre le sud de la province d’Idlib et le nord de la région voisine de Hama. Des hôpitaux et des écoles ont notamment été touchés.

« Cela doit cesser et toutes les parties doivent respecter le droit humanitaire et protéger les civils », a ajouté la Conseillère humanitaire principale qui a également appelé à la fin des violences et à la protection des civils. Une façon de réitérer l’appel des autres agences de l’ONU à toutes les parties au conflit afin de protéger les civils, de mettre fin à la destruction d’hôpitaux et d’autres infrastructures civiles et de respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme.

S’agissant de la situation à Al Hol au nord-est de la Syrie, l’ONU s’est dite préoccupée du sort de 73.000 personnes vivant là-bas. Ce camp est surpeuplé et 90 % des déplacés sont des femmes et des enfants. Deux tiers des résidents du camps ont moins de 18 ans dont 470 enfants séparés de leurs parents ou non accompagnés. Dans cette localité, les besoins restent les mêmes, à savoir la santé, des abris, de l’eau et de l’assainissement.

En raison des pénuries, 12.000 déplacés ont déjà quitté le camp de Roukban

L’ONU reste aussi extrêmement préoccupée par la santé et la sécurité de 29.000 personnes à Roukban, en Syrie, où la situation humanitaire est critique.  En raison de la détérioration des conditions de vie et dans un contexte de pénurie de services de base, plus de 12.000 déplacés ont déjà quitté le camp de Roukban pour se réfugier à nouveau dans des sites temporaires à Homs.

« Les agences humanitaires de l’ONU envisagent de rendre visite à ces déplacés », a-t-elle précisé.

La cargaison du dernier convoi humanitaire à destination de Roukban, acheminé il y a presque trois mois, ne couvrait les besoins que pour une période d’environ un mois.

Les agences humanitaires onusiennes continuent de plaider en faveur de l’acheminement d’un troisième convoi humanitaire à Roukban, pour prêter une assistance vitale, notamment des vivres, des kits d’hygiène, des produits nutritionnels pour enfants et des articles médicaux. 

« Ces populations n’ont reçu aucune aide humanitaire et aucun convoi depuis février dernier », a fait valoir Mme Rochdi tout en avertissant que « la famine commence déjà » dans ce camp. Dans ces conditions, l’ONU rappelle également à toutes les parties leur obligation de ménager un accès humanitaire sûr, durable et sans entrave à toutes les populations dans le besoin.

Plus largement, Mme Rochdi a réitéré l’appel du Groupe de travail sur l’accès humanitaire en faveur d’une « désescalade urgente » des combats à Idlib et pour que les belligérants s’engagent de nouveau à respecter l’accord de désescalade signée le 17 septembre 2018 par la Russie, la Turquie et les Etats-Unis.