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Forum sur le dialogue interculturel : la jeunesse a un rôle crucial à jouer pour prévenir l'extrémisme violent

Miguel Ángel Moratinos, Haut-Représentant de l'Alliance des civilisations de l'ONU (UNAOC), lors d'un événement sur la jeunesse au 5ème Forum mondial sur le dialogue interculturel à Bakou, en Azerbaïdjan.
ONU Info/Elizabeth Scaffidi
Miguel Ángel Moratinos, Haut-Représentant de l'Alliance des civilisations de l'ONU (UNAOC), lors d'un événement sur la jeunesse au 5ème Forum mondial sur le dialogue interculturel à Bakou, en Azerbaïdjan.

Forum sur le dialogue interculturel : la jeunesse a un rôle crucial à jouer pour prévenir l'extrémisme violent

Culture et éducation

Le dernier jour du 5ème Forum mondial sur le dialogue interculturel à Bakou, en Azerbaïdjan, a mis l’accent sur la jeunesse. Selon le Haut-Représentant de l’Alliance des civilisations des Nations Unies (UNAOC), Miguel Angel Moratinos, « l'engagement des jeunes est devenu un facteur crucial dans les efforts mondiaux pour prévenir l'extrémisme violent et construire une paix durable ».

« Ils ne sont pas seulement notre présent, mais notre espoir pour l'avenir », a-t-il ajouté.

En mettant l’accent sur l’éducation, la discussion intitulée Jeunesse pour la paix : construire un contre-récit contre l’extrémisme violent a mis en exergue des panélistes d’horizons très différents qui ont expliqué en quoi leur travail est important.

Ainsi l'astrophysicienne française Fatoumata Kebe a fondé Éphémérides, un programme proposant des cours d'astronomie à des lycéens issus de milieux défavorisés.

Cette scientifique qui a travaillé avec l'agence spatiale américaine, la NASA, se passionne aujourd'hui pour l'enseignement des mathématiques, de la physique et de la chimie à des jeunes filles du Mali. « Seulement 30% d’entre elles ont la possibilité d’aller à l’école et là-bas, on ne leur offre pas de cours de science, alors je leur parle et leur enseigne le système solaire », a-t-elle déclaré.

Elle enseigne également l'astronomie à des jeunes marginalisés à Paris, notamment en les emmenant rencontrer des membres du personnel du secteur de l'aérospatiale.  

Importance de l'inclusion sociale dan la lutte contre le terrorisme 

Pour sa part, Jorge Antonio Chavez Mazuelos, du Pérou, a parlé avec passion de l’importance de l’inclusion sociale dans la lutte contre le terrorisme : « Quand j’avais 5 ans, j’ai vu de mes propres yeux combien la violence pouvait assombrir une vie. Mon père était à l’époque policier et il est devenu une des milliers de victimes de la violence dans son pays, le Pérou ».

Vingt-un ans plus tard, il a eu la chance de pouvoir travailler avec ces victimes de terrorisme. Il a fondé USIL Ambassadors, le plus grand club universitaire international du Pérou, où il organise des activités sociales et culturelles ainsi que des bourses d’études et de travail à l’étranger.

Il a pris à cœur la sagesse de son père selon laquelle il valait mieux allumer une bougie que de maudire la nuit en disant : « Quand nous éduquons, nous responsabilisons les victimes de la violence et allumons un phare pour une communauté toute entière ».

Liyanaarachchige Neluni Tillekeratne, co-directrice nationale de Sri Lanka Unites, a expliqué qu'après la guerre civile dans le nord du pays, le pays avait tenté de réconcilier toutes les communautés.

« Un mouvement de jeunesse a été créé il y a 10 ans alors que la guerre prenait fin », a-t-elle déclaré. Depuis, il a transformé des milliers de jeunes en bâtisseurs de paix » en mettant en œuvre des idéologies interculturelles afin de créer des relations et des amitiés qui traversent les barrières ethniques et religieuses», a-t-elle expliqué.

Après les récentes violences au Sri Lanka, qui ont coûté la vie à plus de 250 personnes, Liyanaarachchige a déclaré :  « Des milliers de nos jeunes se sont exprimés et ont déclaré que la violence n'avait pas sa place au Sri Lanka et que nous devions instaurer une culture de la paix ».

Faire participer les jeunes à la lutte contre la violence

Sevil Alirzayeva, cheffe du personnel de l'Office des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme (UNOCT), a évoqué « une augmentation alarmante du discours de haine, de la xénophobie et d'autres formes de fanatisme ».

« La communauté internationale doit rester unie et ne peut relâcher ses efforts pour prévenir et combattre le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations », a-t-elle affirmé.

« Nous devons impliquer les jeunes en tant que partenaires dans le renforcement de la résilience, en tant que porteurs de changement positifs, car les jeunes femmes et les filles, les jeunes hommes et les garçons, sont essentiels pour créer un monde plus sûr, plus inclusif et plus prospère si nous voulons contrer les messages manipulateurs de terroristes pour attirer les jeunes », », a-t-elle déclaré.

Cérémonie de clôture du du 5ème Forum mondial sur le dialogue interculturel à Bakou, en Azerbaïdjan
UN News/Elizabeth Scaffidi
Cérémonie de clôture du du 5ème Forum mondial sur le dialogue interculturel à Bakou, en Azerbaïdjan

Le Forum de Bakou se ferme, mais le dialogue interculturel se poursuit

A la clôture du Forum mondial vendredi, le maitre de cérémonie, Michael Hardy, professeur et directeur exécutif du Centre pour la confiance, la paix et les relations sociales à l'Université de Coventry a déclaré que « l’énergie positive que j’ai ressentie au cours de ce forum m’a donné beaucoup d’optimisme, motivée par les nombreux jeunes qui ont participé à nos discussions ».

Il a expliqué que ce qui a été commencé lors de ce forum n’est que le début d'un voyage. Il a rappelé trois questions importantes discutées durant ce Forum, à savoir le multiculturalisme, le déplacement et la justice sociale.

Une des conditions primordiales qui a été définie par ce Forum est de transformer les discussions saines en actions concrètes et « nous avons encore du travail à faire pour passer des idées à l’action ». Et il a conclu en disant que le Forum de Bakou n'était pas un événement mais un mouvement.

De son côté Miguel Ángel Moratinos, Haut-Représentant de l'Alliance des civilisations des Nations Unies, a rappelé que « nous sommes à un moment crucial » au niveau international et que ce qui a été réalisé  au Forum de Bakou était un nouveau multilatéralisme.

« Nous sommes tous réunis ici, jeunes, classes moyennes, société civile, médias et secteur privé, illustrant le nouveau multilatéralisme », a-t-il déclaré. « Parce que le Forum a rassemblé différents secteurs de la société, Bakou a été un succès ».

Il a réitèré que le multiculturalisme et le multilatéralisme doivent coexister car ce sont deux éléments attaqués dans notre société. Le processus de Bakou doit donc continuer. « Nous partons avec beaucoup d'espoir et renforcés dans nos actions », a-t-il conclu.