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Le manque d'installations de base pour l'eau menace des millions de vies dans le monde (ONU)

Un enfant se lave le visage au Soudan du sud
UNICEF/Meyer
Un enfant se lave le visage au Soudan du sud

Le manque d'installations de base pour l'eau menace des millions de vies dans le monde (ONU)

Santé

Plus de deux milliards de personnes sont exposées à de graves risques sanitaires parce qu'il n'y a pas d'eau potable dans un centre médical sur quatre dans le monde, ont déclaré mercredi deux agences onusiennes dans un appel lancé aux pays pour qu'ils fassent davantage pour prévenir la transmission des infections traitables qui peuvent devenir mortelles si elles ne sont pas lavées ou rincées.

Dans la première évaluation du genre, le rapport WASH (eau, assainissement et hygiène) dans les centres de santé, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) constatent également qu'un établissement de santé sur cinq n'a ni toilettes ni latrines - un problème qui affecte au moins 1,5 milliard de personnes et qui reflète un manque d'installations dans les communautés en général. 

La seule chose que vous devez faire, c'est vous laver les mains, quelle que soit l'infection – Dr Bruce Gordon (OMS)

« La seule chose que vous devez faire, c'est vous laver les mains, quelle que soit l'infection, quelle que soit la résistance », a déclaré le Dr Bruce Gordon, Coordonnateur des travaux de l'OMS sur l'eau et l'assainissement. « Il ne s'agit pas d'une maladie diarrhéique, mais d'une infection opportuniste qui peut vivre sur la peau, ou profiter de coupures, et entrer dans votre corps et provoquer une septicémie... Nous devons interrompre la transmission en nous lavant les mains ». 

Les populations des pays les plus pauvres du monde sont les plus vulnérables, car les services d'eau de base ne sont disponibles que dans un peu plus de la moitié des installations des pays les moins avancés (PMA), selon l'étude de l'OMS et l'UNICEF. 

Ce déficit dans les PMA est important, en particulier pour les mères et les nouveau-nés, car on estime qu'une naissance sur cinq a lieu dans les 47 pays les plus pauvres du monde, ce qui signifie que chaque année, dans ces pays, 17 millions de femmes accouchent dans des centres de santé mal équipés en eau, assainissement et hygiène. 

Les zones rurales principales victimes

Le rapport révèle également de dangereuses inégalités à l'intérieur des pays, les communautés des zones rurales étant « les plus susceptibles de ne pas avoir accès à des installations de soins de santé décentes par rapport aux populations vivant dans les villes », a déclaré Tom Slaymaker, spécialiste principal des statistiques et du suivi pour l'approvisionnement en eau, l'assainissement et l'hygiène à l'UNICEF. « Les gens dépendent d’établissements de soins de santé privés de toilettes améliorées », a-t-il ajouté. « Les malades perdent beaucoup plus d'agents pathogènes dans leurs selles et, sans toilettes, les personnels, les patients - y compris les mères et les bébés - sont beaucoup plus exposés aux maladies causées et propagées par les déchets humains ». 

Alors qu'un hôpital sur dix dans le monde n'a pas de toilettes, ce chiffre passe à un sur cinq pour les petits établissements de santé dans le monde, a précisé M. Slaymaker. 

Les établissements publics offrent également un niveau de soins inférieur à celui des cliniques privées et des hôpitaux, a-t-il indiqué, avant de souligner, comme le constate le rapport, que les besoins sanitaires des hommes et des femmes - patients et professionnels de la santé - ne sont généralement pas pris en compte. 

Les besoins des personnes à mobilité réduite sont également ignorés, ce qui est un problème majeur, car ils sont généralement beaucoup plus nombreux dans les établissements de soins de santé que dans l'ensemble de la communauté, a insisté M. Slaymaker, avant de souligner l'absence d'élimination sûre des déchets médicaux. 

L'engagement politique est essentiel

Dans un appel lancé à un plus grand nombre de pays pour qu'ils investissent dans les services d'eau et d'assainissement (WASH), le Dr Gordon a déclaré que l'engagement politique était essentiel. « Nous savons que WASH a généralement besoin d'un financement public fort par le biais des impôts, oui, il y a beaucoup de mouvement pour obtenir des fonds privés... mais si nous voulons vraiment atteindre les personnes vulnérables, qui ont très peu de ressources, les dépenses publiques et la fiscalité doivent être une grande partie de l'équation ». 

L'impact destructeur du cyclone tropical Idai en Afrique australe il y a trois semaines a exacerbé le manque d'infrastructures de base dans de nombreux pays de la région, a expliqué M. Slaymaker, ajoutant que l'UNICEF est « fortement impliqué » dans la réponse en cours au Mozambique. 

« De toute évidence, dans ce genre de situation, la demande de services de soins de santé est encore plus forte, mais la capacité de les fournir est fortement compromise », a expliqué M. Slaymaker, faisant remarquer que l'un des objectifs du rapport était de recommander « la façon de les reconstruire plus tard, afin qu'elles soient mieux en mesure de maintenir les services de santé dans le contexte des catastrophes que nous venons de voir ». 

En plus de fournir une vue d'ensemble de l'eau et de l'assainissement dans le monde dans le cadre des soins de santé, les rapports présentés qui sont produits tous les deux ans permettront de suivre les progrès conformément aux Objectifs de développement durable (ODD). 

« Nous espérons que d'ici 2030, tous les établissements de soins de santé seront dotés de bonnes installations de base et que 80% d'entre eux offriront un niveau de service un peu plus élevé », a dit le Dr Gordon, « de sorte que lorsque vous venez à l'hôpital, vous pouvez être bien soigné et avoir une bonne expérience des patients et que le personnel qui y travaille est aussi confortable et solidaire ».