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Yémen : l'OMS appelle à soutenir financièrement les opérations d'assistance

Le Directeur régional de l'OMS pour la Méditerranée orientale, Dr Ahmed Al-Mandhari, en visite dans un hôpital au Yémen en mars 2019.
OMS
Le Directeur régional de l'OMS pour la Méditerranée orientale, Dr Ahmed Al-Mandhari, en visite dans un hôpital au Yémen en mars 2019.

Yémen : l'OMS appelle à soutenir financièrement les opérations d'assistance

Santé

A l'issue d'une visite au Yémen, le Directeur régional de l'OMS pour la Méditerranée orientale a déclaré lundi qu’il avait observé beaucoup de souffrance et de désespoir parmi les civils durement affectés par la crise sanitaire qui sévit dans le pays et a appelé les bailleurs de fonds à soutenir l'assistance humanitaire.

« Lors de mes visites dans les hôpitaux d’Aden et de Sana’a, j’ai vu des nouveau-nés et des enfants, parfois 2 ou 3 patients par lit, souffrant de malnutrition aiguë sévère, d’insuffisance cardiaque et rénale, de pneumonie et d’autres maladies représentant un danger de mort. Les médecins m'ont dit que certains ne survivraient pas à la semaine », a dit le Dr Ahmed Al-Mandhari, dans une déclaration.

Les fournitures et les moyens manquent

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de la moitié des hôpitaux à travers le pays ne fonctionnent pas alors que d’autres sont à peine opérationnels à cause de pénuries de médicaments et de fournitures. De nombreux patients n’ont pas les moyens de payer les frais de transport et meurent chez eux ou atteignent les centres de santé trop tard.

« Dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital Al-Thawra, un patient est mort sous mes yeux tandis que les médecins se retrouvaient impuissants, incapables de le sauver », a regretté Dr Al-Mandhari.

De nombreux personnels de santé n’ont pas été payés depuis des années et demeurent déterminés à continuer à travailler tous les jours dans des conditions extrêmement difficiles.

Il a précisé que des patients souffrant d'insuffisance rénale ne reçoivent qu’une séance de dialyse par semaine, au lieu des trois séances habituelles, en raison d'une pénurie de fournitures ; que des patients atteints de cancers pouvant être traités meurent inutilement parce qu'ils n'ont pas les moyens de payer les soins ou que ceux-ci ne sont pas disponibles ; que des patients atteints de choléra luttent pour leur survie alors que le maladie peut en circonstances normales peut être traitée.

« J'ai rencontré de nombreux personnels de santé courageux et héroïques, véritablement le pilier du système de santé, qui n'avaient pas été payés depuis des années et qui étaient déterminés à continuer à travailler tous les jours dans des conditions extrêmement difficiles », a toutefois souligné le Directeur régional de l'OMS.

 Un agent de santé examine un enfant traité pour une malnutrition aiguë sévère à l'hôpital Al Thawra de Hudaydah, au Yémen. 31 octobre 2018.
© UNICEF/Ahmed Abdulhaleem
Un agent de santé examine un enfant traité pour une malnutrition aiguë sévère à l'hôpital Al Thawra de Hudaydah, au Yémen. 31 octobre 2018.

Des signes d’espoir

Le Dr Ahmed Al-Mandhari a toutefois signalé quelques signes d’espoir parmi « l’immense souffrance et désespoir » constatés. « Nous avons sauvé des personnes comme Ali, dont le monde s'est effondré l'année dernière lorsqu'il a appris que ses huit enfants et sa femme avaient été testés positifs au choléra. Ils ont reçu des soins médicaux au centre de traitement de la diarrhée de l'hôpital Al-Sabeen, soutenu conjointement par l'OMS et l'UNICEF. Ils ont tous survécu et Ali a déclaré qu'une nouvelle vie était accordée à lui et à sa famille », a-t-il souligné.

Il a également cité le cas de Khadeeja, une petite fille qui souffrait auparavant de malnutrition grave et était sur le point de mourir, dont les parents ont voyagé pendant des heures pour qu’elle puisse être admise dans un centre d'alimentation thérapeutique soutenu par l'OMS.  Plusieurs mois plus tard, elle est une fille heureuse, en bonne santé et bien nourrie.

« Malgré la tragédie qui se déroule au Yémen, des histoires comme celles de Ali et Khadeeja montrent que notre travail fait la différence », a déclaré le Directeur régional de l’OMS.

Yémen: Abdulla a emmené sa petite sœur au centre médical où elle a reçu les médicaments nécessaires
UNICEF
Yémen: Abdulla a emmené sa petite sœur au centre médical où elle a reçu les médicaments nécessaires

Appel de fonds

L'année dernière, avec 81% du financement requis reçu dans le cadre du Plan de réponse humanitaire de 2018, l'OMS a réussi à atteindre 13 millions de personnes, dépassant ainsi la population cible de 10 millions.

« J'appelle la communauté internationale à continuer de soutenir notre travail humanitaire immédiat au Yémen, tout en jetant les bases qui permettront d’investir dans les personnels de santé et le système sanitaire », a lancé le Directeur régional de l’OMS.

Cette année, l'OMS et les partenaires de la santé ont besoin de 627 millions de dollars dans le cadre du plan d'intervention humanitaire de 2019 pour le Yémen.

Selon l’OMS, ce soutien devrait permettre d’améliorer encore l’accès aux soins de santé primaires, secondaires et tertiaires ; veiller à ce que les hôpitaux des districts prioritaires soient en mesure de faire face aux épidémies et flambées ; et aider à restaurer la fonctionnalité des établissements de santé fermés ou endommagés dans les districts hautement prioritaires.

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