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Un expert indépendant de l’ONU dénonce l’exploitation des ressources naturelles palestiniennes par Israël

A Gaza, les eaux usées s'écoulent dans la mer, contaminant l'aquifère côtier.
UNRWA/Khalil Adwan
A Gaza, les eaux usées s'écoulent dans la mer, contaminant l'aquifère côtier.

Un expert indépendant de l’ONU dénonce l’exploitation des ressources naturelles palestiniennes par Israël

Droits de l'homme

L’exploitation par Israël des ressources naturelles dans les territoires palestiniens occupés pour son propre usage est en violation directe de ses responsabilités juridiques en tant que puissance occupante, a déclaré lundi un expert indépendant de l’ONU.

Le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les Territoires palestiniens occupés depuis 1967, Michael Lynk, a dénoncé devant le Conseil des droits de l’homme le fait que des villages palestiniens dans la région d’Hébron aient vu leurs conduites d’eau détruites par la sécurité civile israélienne, en violation du droit international.

« Avec la destruction de cette conduite d’eau dans les collines du sud d’Hébron, ces villageois sont obligés à acheter de l’eau coûteuse en camion-citerne pour leurs maisons et leurs animaux », a déclaré M. Lynk, qui n’a pas été autorisé par Israël à visiter les territoires palestiniens occupés depuis qu’il a pris ses fonctions de Rapporteur spécial il y a trois ans.

Devant le Conseil des droits de l’homme, M. Lynk a développé le principal thème de son rapport portant notamment sur « le droit à l’eau, aux ressources naturelles et à l’environnement ».

Pour le Rapporteur spécial, la situation de l’eau à Gaza est « une crise proche d’une catastrophe humanitaire ». « L’ONU a estimé en 2017 que plus de 96% des eaux souterraines de l’aquifère côtier - la seule source d’eau naturelle de Gaza - étaient devenues impropres à la consommation humaine », a-t-il souligné. Une situation qui contribue à une grave crise sanitaire pour les deux millions de Palestiniens qui y vivent. Sans une intervention radicale et immédiate, cet aquifère serait irrémédiablement endommagé en tant que source d’eau potable d’ici à 2020.

De façon générale, M. Lynk a rappelé que le droit international garantit aux populations vivant sous occupation un accès aux ressources naturelles. « L’eau, ainsi que son contrôle et sa gestion efficaces, sont des éléments essentiels de l’exercice de la souveraineté dans le monde moderne », a-t-il fait valoir.  Du coup, pour près de cinq millions de Palestiniens vivant sous occupation, alors que « l’occupation étend ses tentacules », la distribution injuste de l’eau par Israël témoigne du manque de contrôle des Palestiniens sur leur vie quotidienne.

Ainsi, la mer Morte et ses abondantes ressources naturelles, dont une partie se trouve dans le territoire palestinien occupé, sont interdites à tout développement palestinien, tandis que les entreprises israéliennes sont autorisées à exploiter les minerais dans un acte qui ressemble à du pillage, a mis en garde le Rapporteur spécial.

En Cisjordanie, les champs d’oliviers palestiniens, cibles des colons israéliens

Sur l’ensemble de la Cisjordanie, les sociétés de carrière israéliennes extraient environ 17 millions de tonnes de pierre par an, la quasi-totalité étant destinée au marché local israélien, nonobstant les interdictions strictes du droit international contre une puissance militaire exploitant économiquement un territoire occupé.

Au sujet de la base de données des entreprises ayant des activités dans les colonies de peuplement prévue par la résolution 31/36, le Rapporteur spécial a estimé que sa disponibilité est essentielle car c’est un outil permettant d’évaluer l’impact des activités de ces entreprises sur les droits de l’homme. Il s’est dit déçu que cette base ne soit pas prête à être rendue publique.

Par ailleurs, M. Lynk a aussi déploré que les oliveraies de Cisjordanie soient régulièrement détruites par les colons israéliens en toute impunité. Or ces vergers d’oliviers de Cisjordanie sont à la fois une source de revenus pour des milliers d’agriculteurs palestiniens et un symbole de l’identité palestinienne.

Quant au transfert de déchets industriels vers des zones palestiniennes, il contribue à la destruction de l’environnement, a enfin relevé l’expert indépendant de l’ONU.