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Afghanistan : des élections présidentielles dans un contexte de violence accrue

Le Représentant spécial du Secrétaire général en Afghanistan et chef de la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), Tadamichi Yamamoto, lors de la réunion du Conseil de sécurité sur la situation en Afghanistan.
ONU Photo/Eskinder Debebe
Le Représentant spécial du Secrétaire général en Afghanistan et chef de la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), Tadamichi Yamamoto, lors de la réunion du Conseil de sécurité sur la situation en Afghanistan.

Afghanistan : des élections présidentielles dans un contexte de violence accrue

Paix et sécurité

Alors qu’il vient de connaître son année la plus meurtrière depuis 2001, l’Afghanistan est à nouveau confronté à des défis de taille, à commencer par la tenue, dans les délais impartis, de l’élection présidentielle prévue en juillet prochain, a expliqué, ce matin au Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays.

Tadamichi Yamamoto a indiqué qu’à la suite des irrégularités ayant entaché les législatives d’octobre dernier, un décret présidentiel a été adopté ce 12 février, révoquant, « avec effet immédiat », les membres de la Commission électorale indépendante et de la Commission du contentieux électoral, deux organes qui ont perdu la confiance de l’opinion publique afghane.

À cinq mois de l’échéance, il faudra prendre d’urgence des décisions relatives à la Loi électorale amendée, Tadamichi Yamamoto, Représentant spécial de l’ONU en Afghanistan

À cinq mois de l’échéance, il faudra prendre d’urgence des décisions relatives à la Loi électorale amendée qui prévoit, entre autres réformes, le recours à la technologie biométrique et des modifications du système électoral, a poursuivi M. Yamamoto.

Or, parallèlement à l’élection présidentielle, la Loi prévoit aussi l’organisation de scrutins aux conseils et aux districts provinciaux et des élections législatives pour la province de Ghazni, ce qui constitue un défi logistique très important. 

Dès lors, les nouveaux commissaires devront voir si le calendrier électoral permettra la tenue simultanée de toutes ces élections en juillet.  « Il s’agira d’un choix difficile », a résumé le haut fonctionnaire : tenir la présidentielle à temps ou mettre en œuvre intégralement la Loi électorale, au risque de reporter cette élection.

Pourparlers directs intensifs entre les États-Unis et les Taliban

Par ailleurs, Tadamichi Yamamoto, qui est aussi chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a déclaré que les États-Unis et les Taliban ont continué de s’engager dans des pourparlers directs intensifs, avec l’assistance d’un certain de nombre de pays, dont le Groupe international de contact. Toutefois, les Taliban n’ont pas encore accepté de s’engager dans des pourparlers directs avec le Gouvernement, a noté le haut fonctionnaire, qui les a donc encouragés à y remédier.

L’inclusivité, la cohérence et la représentativité dans les négociations sont cruciales pour le succès du processus de paix, a-t-il mis en garde.

L’établissement d’une équipe de négociateurs par le gouvernement sera déterminant, de même que la convocation prochaine d’une jirga de personnalités afghanes, qui sera de nature à favoriser le consensus national sur la paix au travers d’un processus inclusif. 

L’inclusivité, la cohérence et la représentativité dans les négociations sont cruciales pour le succès du processus de paix – Tadamichi Yamamoto

Dans ce contexte, M. Yamamoto a estimé que les efforts de la communauté internationale seront d’une importance capitale, particulièrement ceux déployés par les pays de la région, dans le respect d’un processus de paix mené par les Afghans eux-mêmes.

Cela étant, « nous devons reconnaître les préoccupations profondes et légitimes de nombreux citoyens au sujet des compromis possibles faits autour des acquis obtenus au cours des 18 dernières années au nom de la paix », a souligné le Représentant spécial, qui a repris à son compte plusieurs d’entre elles, en particulier les droits des femmes, la liberté d’expression et des médias, et l’espace dévolu à la société civile.

D’où la nécessité de garantir un processus de paix aussi inclusif que possible, en particulier vis-à-vis des femmes et des jeunes générations, a-t-il insisté.