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Myanmar : une experte indépendante de l’ONU dénonce l’incendie de villages rohingyas

La Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l'homme au Myanmar, Yanghee Lee. Photo ONU/Jean-Marc Ferré
La Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l'homme au Myanmar, Yanghee Lee. Photo ONU/Jean-Marc Ferré

Myanmar : une experte indépendante de l’ONU dénonce l’incendie de villages rohingyas

Droits de l'homme

Une experte indépendante de l’ONU s’est inquiétée lundi de la poursuite des exactions contre les minorités rohingyas au Myanmar.

La Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, Yanghee Lee, a indiqué avoir reçu des informations selon lesquelles, le 2 mars dernier, 24 maisons de musulmans rohingyas ont été brûlées  dans le village de Kun Taing Nar Gone, dans l’Etat de Rakhine.

« Les responsables de la municipalité se sont rendus au village le lendemain et ont informé les villageois qu’ils avaient incendié leurs maisons », a ajouté Mme Lee qui dénoncant « un comportement scandaleux et honteux ».

Le 4 mars, 100 autres maisons ont été incendiées dans le village de Nga Yan Chaung à Buthidaung.

Ces événements ont lieu au moment même où le gouvernement du Bangladesh a annoncé la fermeture de ses frontières, après que 16.000 personnes l’ont traversée en 2018, et que le Mémorandum d’entente signé entre le gouvernement, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) n’a pas encore été totalement mis en œuvre alors qu'il expire dans six mois.

Ils interviennent également dans le contexte où le gouvernement du Bangladesh a annoncé la relocalisation de 23.000 réfugiés musulmans rohingyas des camps de Cox’s Bazar vers Bhashan Char, une île récemment émergée dans le Golfe du Bengale.

Selon Mme Lee, rien n’indique que les conditions se soient améliorées pour les Rohingyas qui restent au Myanmar, se disant « gravement préoccupé par leur avenir ».

Le Myanmar « obligé d’interrompre sa coopération » avec Yanghee Lee

Par ailleurs, Mme Yanghee a ensuite évoqué la question de la reddition de compte, rappelant que l’an dernier, elle avait présenté son concept de mécanisme pour le Myanmar, axé sur les victimes. Elle propose aujourd’hui que la communauté internationale fournisse une assistance aux victimes qui coopèrent avec le Mécanisme indépendant, car compte tenu du chemin incertain que la justice prendra, il faut d'abord répondre aux besoins des victimes.

Cependant, elle s’est réjouie que des membres du bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) se soient rendus au Bangladesh dans l’idée d’y ouvrir une enquête préliminaire. De son point de vue, la situation au Myanmar doit être référée à la CPI et si cela n’est pas possible, la communauté internationale doit établir un tribunal indépendant.

« Par conséquent, je ne recommanderais pas un mécanisme hybride national/international », a conclu la Rapporteuse spéciale.

En réponse à ce tableau décrit par l’Experte indépendante onusienne, le Représentant permanent du Myanmar auprès des Nations Unies à Genève a insisté sur la complexité de la question de l’État Rakhine et que le Gouvernement partageait les préoccupations des communautés affectées par la violence. Kyaw Moe Tun a rappelé la mise en place d’une commission d’enquête indépendante, l’an dernier, chargée d’enquêter sur les allégations de violations des droits de l’homme et d’atrocités dans l’État Rakhine.

Au sujet de la Rapporteuse spéciale, le Représentant permanent a regretté que Mme Lee ne respecte pas le code de conduite des procédures spéciales et qu’elle ne soit clairement pas impartiale dans l’exécution de son mandat. C’est pourquoi le Myanmar est obligé d’interrompre sa coopération avec elle, a dit le Représentant permanent.