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Conseil des droits de l’homme : le Programme 2030 est une promesse de paix et de prospérité (ONU)

La Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Amina Mohammed (à gauche), rencontre Halima Yakoy Adam, qui a été utilisée comme kamikaze dans un attentat-suicide de Boko Haram au Tchad.
ONU Info/Daniel Dickinson
La Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Amina Mohammed (à gauche), rencontre Halima Yakoy Adam, qui a été utilisée comme kamikaze dans un attentat-suicide de Boko Haram au Tchad.

Conseil des droits de l’homme : le Programme 2030 est une promesse de paix et de prospérité (ONU)

Droits de l'homme

Devant le Conseil des droits de l’homme, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Amina J. Mohammed, a appelé jeudi à donner une priorité urgente à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD).

« Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est une promesse de paix et de prospérité », a déclaré à Genève Mme Mohammed devant le Conseil réuni pour sa 40e session. Le Programme 2030 reste cet engagement à dépasser ce qui a déjà été réalisé dans les domaines de la paix et de la sécurité, des migrations, et de la lutte contre le changement climatique, les inégalités, la pauvreté et le chômage des jeunes.

Dans l’enceinte de la Salle de l’Alliance des civilisations du Palais des Nations, Mme Mohammed a indiqué avoir une pensée à toutes ces personnes rencontrées lors de ses récents voyages avec les dirigeants de l’Union africaine, dans le Bassin du lac Tchad et au Soudan du Sud. A cet égard, elle a rappelé le sort d’une jeune fille qu’elle a rencontrée, Halima. Une jeune fille dont la vie n’avait pas été la sienne. Contre sa volonté, elle a été forcée de se marier. Une fillette endoctrinée par son mari et formée par Boko Haram pour être une kamikaze avec deux autres filles.

Finalement, les autorités locales ont détecté les trois adolescentes et ont tenté de les arrêter, mais les deux autres filles ont fait exploser leurs gilets explosifs, se suicidant et blessant gravement Halima. Cette dernière a survécu mais a eu les deux jambes amputées sous ses genoux. Son avenir semblait sombre, mais elle avait un peu d’espoir lorsqu’elle a décidé de témoigner et de travailler comme assistante juridique dans sa communauté pour renforcer le pouvoir d’action des femmes.

« Le Programme 2030, c’est le programme du peuple ; c’est le Programme d’Halima »

Devant le Conseil des droits de l’homme, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU a fait part de cinq constats relatifs à l’application du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Tout d’abord, mettre en lumière le lien entre les inégalités, la paix et la sécurité et les droits de l’homme, et sur l’importance que les femmes puissent prendre elles-mêmes les décisions clefs de leur existence. Des liens que l’expérience d’Halima « a révélé de la façon la plus tragique », a souligné Mme Mohammed qui a insisté sur le fait que « le Programme 2030, c’est le programme du peuple, c’est le Programme d’Halima ».

Dans un second temps, la Vice-Secrétaire générale a rappelé que les droits de l’homme étaient au cœur du Programme 2030 et qu’« appliquer les Objectifs de développement durable, c’est reconnaître la nature indivisible de tous les droits, y compris le droit au développement ». Il faut donc faire en sorte que les gens puissent faire valoir non seulement leurs droits à un logement décent, à l’eau potable, à des soins de santé, à l’éducation et à la nourriture, mais aussi leur droit de participer aux décisions qui touchent leur vie.

« Ne laisser personne de côté n’est pas juste un slogan : c’est donner une voix aux gens », a souligné Mme Mohammed, « et c’est aussi un appel à combler les inégalités entre les hommes et les femmes ».
 
Dans un troisième temps, Mme Mohammed a relevé non seulement la persistance de problèmes tels que l’inégalité et le chômage, mais encore l’incapacité du monde de se protéger des risques que représentent les nouvelles technologies pour les droits de l’homme.

Pour un monde qui ne laisse personne de côté et où les promesses sont tenues

La numéro deux de l’ONU a rappelé que les discours de haine progressent et que la méfiance divise les gouvernements et les populations. Des personnes sont laissées de côté en raison des inégalités, de la discrimination et de choix politiques au niveau mondial.

« Des actes de terrorisme, des conflits armés et des réactions militaires brutales aggravent le problème et affaiblissent l’agenda sur les droits », a-t-elle ajouté. 
Dans ces conditions, Mme Mohammed estime qu’il faut engager toutes les ressources nécessaires pour que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 atteigne ses objectifs, pour sortir les gens de l’ornière et pour faire entendre la société civile et les défenseurs des droits de l’homme.
  
A Genève, la Vice-Secrétaire générale a insisté sur le fait que l’application du Programme dépendrait de son appropriation par les États et par les sociétés. 
Pour Mme Mohammed, le moment est venu d’accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 parallèlement à la réalisation de tous les droits de l’homme. Et pour ce faire, il est crucial d’accroître les ressources et soutenir les pays à faible revenu.
 
11 ans avant la date butoir pour la réalisation des ODD, il reste énormément de travail à faire. « Mais, il ne fait aucun doute qu’ensemble, nous pourrons parvenir à un monde qui ne laisse personne derrière, un monde où les promesses sont tenues, pour les hommes et les femmes, pour les droits de l’homme et la dignité humaine », a indiqué la Vice-Secrétaire générale.