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La cheffe des droits de l’homme s’alarme de la vulnérabilité des enfants handicapés dans le monde

Un enfant aveugle atteint d'albinisme lit le braille dans une école primaire pour enfants handicapés de la ville de Moshi, en Tanzanie.
© UNICEF/Pirozzi
Un enfant aveugle atteint d'albinisme lit le braille dans une école primaire pour enfants handicapés de la ville de Moshi, en Tanzanie.

La cheffe des droits de l’homme s’alarme de la vulnérabilité des enfants handicapés dans le monde

Droits de l'homme

Si de nombreux progrès ont été accomplis depuis l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant en 1989, des millions d’enfants dans le monde continuent toutefois « de se voir privés chaque jour de leurs droits, dont un nombre disproportionné d’entre eux sont des enfants handicapés ».

Lors d’une Réunion annuelle consacrée aux droits de l’enfant et à « l’autonomisation des enfants handicapés », la Cheffe des droits de l’homme de l’ONU a indiqué que certaines vérités dérangeantes demeurent.

« En particulier, le fait que les quelque 93 millions d’enfants handicapés dans le monde voient leurs droits bafoués dès la naissance », a déclaré ce lundi à Genève la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

93 millions d’enfants handicapés dans le monde voient leurs droits bafoués dès la naissance.

Michelle Bachelet a ainsi mis en avant le sort de tous ces enfants handicapés qui sont privés d’identité, placés en institution ou victimes de violence et de négligence.

« Leurs voix ne sont pas entendues et ils sont particulièrement vulnérables en cas de conflit et de crise humanitaire », a mis en garde Mme Bachelet lors d’un panel organisé lors cette 40e session du Conseil des droits de l’homme.

Au cœur de l’indispensable autonomisation des enfants handicapés réside l’éducation inclusive, a poursuivi la Haute-Commissaire.

Elle a précisé qu’il s’agissait de bien plus que de leur inculquer des connaissances, car le droit à l’éducation a un effet démultiplicateur, au bénéfice de tous les droits de l’homme.

L’autonomisation des enfants handicapés consiste à leur donner les moyens de faire entendre leur voix pour participer à la vie de leurs communautés, sortir de la pauvreté et être protégés contre l’exploitation, a insisté Mme Bachelet.

Un garçon handicapé joue avec sa chaise roulante dans un centre de réhabilitation. Photo Banque mondiale/Masaru Goto
Un garçon handicapé joue avec sa chaise roulante dans un centre de réhabilitation. Photo Banque mondiale/Masaru Goto

Permettre à tous les enfants de mener une vie digne

L’autonomisation des enfants handicapés connait certains obstacles pratiques - par exemple, lorsque les écoles ne sont pas équipées ou adaptées.

 « L’éducation inclusive ne consiste pas simplement à placer les enfants handicapés dans les écoles ordinaires et à les laisser s’adapter aux exigences normalisées », a insisté l’ancienne Présidente chilienne.

Il s’agit d’adapter les systèmes, les méthodes d’enseignement et les installations pour que les étudiants puissent être pleinement intégrés et accueillis.

Mme Bachelet a ensuite cité d’autres obstacles qui s’opposent à l’éducation inclusive, notamment la stigmatisation et la croyance que les enfants handicapés sont incapables d’apprendre.

Une enfant confrontée à un handicap tient une ardoise pour montrer ses capacités de dessin dans une école soutenue par l'UNICEF dans le village de Soyghoria, au Bangladesh.
UNICEF/Tapash Paul
Une enfant confrontée à un handicap tient une ardoise pour montrer ses capacités de dessin dans une école soutenue par l'UNICEF dans le village de Soyghoria, au Bangladesh.


 

La Haute-Commissaire a relevé que les filles handicapées étaient d’ailleurs confrontées à des discriminations multiples et croisées, qui demandent l’attention urgente des pouvoirs publics.

L’éducation inclusive est un droit pour tous les apprenants et un avantage pour toute la société.

A cet égard, elle a rappelé que le Comité des droits des personnes handicapées a bien montré que l’éducation inclusive implique un changement dans la culture, dans la pratique et les politiques publiques afin d’accommoder la diversité et l’identité de tous les écoliers et étudiants.

L’éducation inclusive est un droit pour tous les apprenants et un avantage pour toute la société.

Mme Bachelet a enfin souligné que l’engagement à l’autonomisation des enfants handicapés ne devait pas s’arrêter à l’éducation inclusive : ces enfants doivent avoir leur mot à dire dans toutes les décisions qui affectent leur existence, a-t-elle insisté.

Selon la Cheffe des droits de l’homme, le seul moyen de réaliser l’Objectif 4 du développement durable ODD visant à assurer une éducation inclusive et équitable pour tous d’ici 2030 est de faire en sorte que les enfants handicapés constituent un élément central des actions et plans à l’échelle nationale.

 « Je vous exhorte tous à œuvrer avec détermination pour permettre à tous les enfants de mener une vie digne, de réaliser leurs rêves, d’atteindre leurs objectifs et d’atteindre leur avenir le plus prometteur », a conclu Mme Bachelet.