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Syrie : la poursuite des hostilités et de l’anarchie rend impossible tout retour sûr des civils (ONU)

Le Président de la Commission d’enquête internationale indépendante sur la Syrie, Paulo Sergio Pinheiro. Photo ONU/Jean-Marc Ferré
Photo : ONU/Jean-Marc Ferré
Le Président de la Commission d’enquête internationale indépendante sur la Syrie, Paulo Sergio Pinheiro. Photo ONU/Jean-Marc Ferré

Syrie : la poursuite des hostilités et de l’anarchie rend impossible tout retour sûr des civils (ONU)

Droits de l'homme

En dépit d’une baisse générale des hostilités en Syrie, les violations généralisées et l’anarchie représentent une dure réalité pour les civils, note une Commission d’enquête de l’ONU dans son dernier rapport rendu public ce jeudi à Genève. 

Selon les enquêteurs onusiens, entre juillet 2018 et janvier 2019, d’intenses combats se sont poursuivis dans le nord-ouest et l’est de la Syrie, les civils étant les plus touchés. Une situation qui s’est caractérisée par des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, notamment avec des attaques indiscriminées, des pillages et des persécutions, y compris par des groupes armés.

Les avancées des forces progouvernementales et l’accord entre la Russie et la Turquie pour une zone démilitarisée dans la région d’Idlib a contribué à une baisse des affrontements. Pour autant, ceux-ci se poursuivent dans d’autres zones, affirment les trois membres de l’instance dans leur rapport sur la période allant de la mi-juillet 2018 à la mi-janvier 2019.

« Avant tout, les hostilités se poursuivent sans un grand respect des lois de la guerre, des droits de l’homme ou d’un sentiment de compassion envers ceux qui en subissent les effets », a déclaré le Président de la Commission d’enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne, Paulo Pinheiro. « Les attaques menées par les forces progouvernementales à Idlib et dans l’ouest d’Alep, ainsi que par les forces démocratiques syriennes et la coalition internationale à Deir ez-Zor, continuent de faire de nombreuses victimes civiles ».

Dans ce document de 20 pages publié jeudi, la Commission d’enquête souligne les effets néfastes des hostilités en cours et des violations qui en résultent, sur le retour en toute sécurité et durable de millions de personnes déplacées et de réfugiés.

« Les violations continues commises par toutes les parties, associées à la destruction d’infrastructures essentielles, au manque de prestation de services efficace et de documentation civile, ont créé des conditions rendant totalement illusoire la possibilité d’un retour sûr et durable », a déclaré la commissaire Karen AbuZayd.

Les enquêteurs réclament des garanties pour un éventuel retour des civils en Syrie

Après avoir été assiégées pendant des années, les femmes, hommes et enfants syriens qui sont dans des zones récemment reconquises par les forces gouvernementales, ont également été confrontés à de nombreuses difficultés juridiques et administratives pour accéder aux droits essentiels, notamment aux documents d’état civil, à l’éducation, aux soins médicaux et à un logement convenable, en particulier pour les femmes.

« Dans les zones récemment reprises - Douma, Dara’a et le nord de Homs, par exemple, - les forces gouvernementales ont créé un climat de peur grâce à une campagne d’arrestations et de détentions arbitraires à la suite de bombardements », a déclaré le commissaire Hanny Megally.

Dans des zones contrôlées par les forces démocratiques syriennes, des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants continuent d’être illégalement internés dans des camps de fortune à Raqqa, Dayr al-Zawr et Hasakah, et se voient refuser la possibilité de partir, indique le rapport. La situation des personnes déplacées à l’intérieur reste également préoccupante.

Dans ses recommandations, les enquêteurs avancent certaines conditions pour un éventuel retour des civils en Syrie. Celles-ci incluent la réduction substantielle et permanente des hostilités, mais aussi un accès rapide, sûr, sans entrave, inconditionnel et continu aux secours humanitaires et médicaux.

La Commission plaide pour de réelles garanties de la part de toutes les parties pour éviter que les rapatriés ne soient victimes de persécution, de discrimination, de détention arbitraire, de torture ou de toute autre forme de mauvais traitement.

Le rapport de la Commission doit être présenté le 12 mars prochain à Genève au cours d’un dialogue interactif sur la Syrie à la 40ème session du Conseil des droits de l’homme.