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Syrie : l’ONU demande aux États d’assurer le financement de la réponse humanitaire

Reena Ghelani, Directrice du plaidoyer et des opérations au Bureau de la coordination des affaires humanitaires, devant le Conseil de sécurité.
Photo : ONU/Eskinder Debebe
Reena Ghelani, Directrice du plaidoyer et des opérations au Bureau de la coordination des affaires humanitaires, devant le Conseil de sécurité.

Syrie : l’ONU demande aux États d’assurer le financement de la réponse humanitaire

Aide humanitaire

Une haute responsable des Nations Unies a demandé mardi aux États membres d’assurer le financement du Plan de réponse humanitaire pour la Syrie qui prévoit d’apporter une assistance à près de 11,7 millions de personnes en 2019.

Devant le Conseil de sécurité, la Directrice du plaidoyer et des opérations au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Reena Ghelani, a exhorté les Etats membres de l’ONU à garantir un financement rapide des opérations humanitaires en Syrie et dans la région. La troisième Conférence des donateurs qui aura lieu à Bruxelles, du 12 au 14 mars prochain, sera cruciale à cet égard, a-t-elle dit.

Mme Ghelani a attiré l’attention des membres du Conseil sur le convoi humanitaire qui a atteint Rukban début février. Ce convoi de l’ONU et du Croissant-Rouge arabe syrien - « le plus grand et le plus complexe » jamais organisé depuis le début du conflit il y a huit ans - a apporté de l’aide à 41.000 personnes déplacées vivant dans ce camp situé à la frontière entre la Syrie et la Jordanie. La mission composée de 133 camions remplis de fournitures essentielles, de vaccins et de matériels logistiques a duré dix jours.

Mais la gravité de la situation des civils à Rukban requiert la mise en place d’un accès humanitaire soutenu, a dit la responsable d’OCHA. Au cours de la mission, un sondage effectué à Rukban a montré que 95% des déplacés veulent quitter le camp et que 83% veulent retourner chez eux. Mais la majorité des personnes interrogées se disent bloqués par la crainte d’une situation difficile dans leur lieu d’origine, le manque de document d’état civil, la peur de ne pouvoir récupérer leurs biens et celle d’être détenu ou enrôlé dans l’armée. Les déplacés, a indiqué, Mme Ghelani, demandent des garanties.

Tout retour et toute réinstallation doivent être volontaires, sûrs et dignes

La responsable d'OCHA a rappelé que le 16 février dernier, les Comités conjoints russo-syriens de coordination pour le rapatriement des réfugiés syriens ont publié un communiqué sur l’ouverture de corridors humanitaires à partir du camp de Rukban. Mais l’ONU souligne que tout retour et toute réinstallation doivent être volontaires, sûrs, dignes, informés et fondés sur les normes basiques de protection, conformément au droit international humanitaire et aux droits de l’homme.

D’ailleurs, a poursuivi Mme Ghelani, l’ONU demeure extrêmement préoccupée par la protection des civils dans les derniers bastions de Daech dans le sud-est de la province de Deir Ez-Zor, et de ceux qui ont pu fuir les combats.

Depuis l’an dernier, environ 37.000 personnes ont quitté Hajin pour le camp de Al Hol dans la province de Hassakeh, à quelque 300 kilomètres au nord d’Hajin. Près des trois quarts de la population du camp de Al Hol sont constitués de femmes et d’enfants de moins de cinq ans. Au moins 75 personnes, dont deux tiers d’enfants de moins d’un an, sont mortes depuis décembre 2018, soit en allant vers le camp soit juste après leur arrivée.

L’aide se renforce au camp d’Al Hol, ainsi qu’à Hajin et ses environs, en dépit des défis sécuritaires considérables, a assuré la Directrice. En plus des fournitures d’aide aux populations, l’ONU a établi un centre de transit à mi-chemin entre Hajin et Al Hol. 

Maintenir et mettre en œuvre l’accord russo-turc

Dans le nord-ouest de la Syrie, environ 2,7 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire.

« Près de 40% d’enfants sont déscolarisés, alors que 2 millions de résidents comptent sur des camions citernes pour leur approvisionnement en eau potable », a indiqué Mme Ghelani. Chaque mois, quelque 1,7 million de Syriens reçoivent une assistance cruciale grâce à des opérations transfrontalières menées à partir de la Turquie.

Alors que l’accord de septembre dernier entre la Turquie et la Fédération de Russie sur la création d’une zone démilitarisée avait stoppé net l’escalade militaire, ces dernières semaines, à Idlib, les combats se sont intensifiés.  Quelque 36.000 personnes ont fui dont beaucoup dans ces camps à la frontière avec la Turquie. Le risque d’une escalade militaire et de ses conséquences humanitaires catastrophiques persiste, a alerté la responsable d'OCHA qui a jugé important de maintenir et de mettre pleinement en œuvre l’accord russo-turc.