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Darfour : le processus de paix une nouvelle fois au point mort (ONU)

Bintou Keïta, Sous-Secrétaire générale pour l'Afrique au Département des affaires politiques et de consolidation de la paix et au Département des opérations de paix devant le Conseil de sécurité. (archives)
Photo : ONU/Rick Bajornas
Bintou Keïta, Sous-Secrétaire générale pour l'Afrique au Département des affaires politiques et de consolidation de la paix et au Département des opérations de paix devant le Conseil de sécurité. (archives)

Darfour : le processus de paix une nouvelle fois au point mort (ONU)

Paix et sécurité

Le processus de paix dans la région soudanaise du Darfour est de nouveau au point mort alors que l’état d’urgence a été décrété le 22 février par les autorités pour l’ensemble du Soudan à la suite de manifestations contre la vie chère, a déploré lundi une haute responsable des Nations Unies devant le Conseil de sécurité.

« Le développement le plus significatif est la déclaration de l'état d'urgence par le Président Béchir le 22 février. Cela s'applique à tout le pays », a dit Bintou Keita, la Sous-Secrétaire générale des Nations Unies pour l’Afrique au Département des affaires politiques et de consolidation de la paix et au Département des opérations de paix.

Dans ce contexte, 18 nouveaux gouverneurs issus de l’appareil militaire et sécuritaire ont été nommés pour remplacer les walis (gouverneurs) qui ont été limogés.

« Ces développements interviennent à un moment où le processus de paix au Darfour était au point mort - une fois encore - dans le contexte des manifestations actuelles contre les conditions économiques et politiques au Soudan », a expliqué Mme Keita devant le Conseil de sécurité.

Même si les manifestations au Darfour sont restées sporadiques, la faction Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM)/Gibril Ibrahim et la faction Armée de libération du Soudan/Minni Minnawi sont revenues sur leur accord de décembre 2018 prévoyant la reprise des négociations avec le gouvernement soudanais en janvier 2019, « citant la solidarité avec les manifestants », a noté la Sous-Secrétaire générale.

Entre-temps, le Président soudanais Omar el-Béchir a déclaré le 28 janvier la cessation des hostilités au Darfour et dans les deux régions. Le 9 février, le SLA/Minni Minnawi, le JEM/Gibril Ibrahim et deux autres groupes (le Conseil de transition du Mouvement de libération du Soudan et le Mouvement de libération du peuple soudanais du Nord dirigé par Malik Agar) ont prolongé de trois mois leur cessation unilatérale des hostilités au Darfour et dans les États du Kordofan méridional et du Nil Bleu.

« L’impact des récents développements à Khartoum sur la dynamique liée au processus de paix au Darfour n’a pas encore été évalué, mais le remplacement de tous les walis (gouverneurs) aura une incidence sur le processus et certains groupes rebelles ont affiché un durcissement de leur position », a souligné Mme Keita.

Visite d’une délégation des Nations Unies au Soudan

La Sous-Secrétaire générale a effectué récemment une visite au Soudan et au Darfour avec le Sous-Secrétaire général des Nations Unies à l’appui à la consolidation de la paix, Oscar Fernandez-Taranco, et le Directeur du Bureau régional du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dans les Etats arabes, Mourad Wahba.

L’objectif de cette visite portait notamment sur le retrait de la Mission conjointe de l’Union africaine et des Nations Unies au Darfour (MINUAD) et le processus de transition.

Conformément à la résolution 2429 du Conseil de sécurité, la MINUAD a déjà achevé la fermeture de 10 sites à la fin décembre 2018 et les a remis au gouvernement soudanais.

« La MINUAD et l'équipe de pays des Nations Unies, avec l'appui de leurs sièges respectifs, continuent de travailler ensemble pour assurer une transition en douceur du maintien de la paix au Darfour et jeter les bases d'une consolidation de la paix durable », a conclu la haute responsable onusienne.