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Nicaragua : Michelle Bachelet s'inquiète de la criminalisation de la dissidence

La Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet
OIT/M. Creuset
La Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet

Nicaragua : Michelle Bachelet s'inquiète de la criminalisation de la dissidence

Droits de l'homme

La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a averti vendredi que si les arrestations et les condamnations de personnes exprimant des opinions divergentes se poursuivaient au Nicaragua, les efforts en cours pour engager le dialogue afin de résoudre les troubles politiques et sociaux dans le pays pourraient être sérieusement compromis.

«Je suis profondément préoccupée par l'absence apparente d'un procès équitable et par la criminalisation croissante de la dissidence au Nicaragua», a déclaré Michelle Bachelet.

Je suis profondément préoccupée par l'absence apparente d'un procès équitable et par la criminalisation croissante de la dissidence au Nicaragua – Michelle Bachelet, Haut-Commissaire aux droits de l’homme

«L'arrestation et l'emprisonnement de dirigeants de l'opposition, peut-être dans certains cas en guise de représailles pour avoir coopéré avec l'ONU, empêchent clairement la création d'un environnement propice à la tenue d'un dialogue authentique et inclusif - ce que le gouvernement dit vouloir», a-t-elle ajouté.

Au cours des six derniers mois, plusieurs centaines de personnes - parmi lesquelles des dirigeants paysans, des étudiants, d'anciens hommes politiques, des journalistes et des militants de la société civile - ont été arrêtées et maintenues en détention provisoire pendant de longues périodes en raison de leurs rôles présumés lors des manifestations entre avril et juillet 2018.

Depuis décembre, alors que l'inquiétude grandissait quant à l'indépendance du pouvoir judiciaire, plusieurs tribunaux pénaux de Managua ont prononcé des verdicts de culpabilité et condamné à des peines extrêmement lourdes plusieurs personnalités de l'opposition et leaders de communautés, dont certaines avaient coopéré avec l'ONU pour mettre en lumière les violations des droits de l'homme au Nicaragua.

D'autres personnes qui ont exprimé des opinions divergentes, notamment des étudiants, des journalistes et un juge de la Cour suprême, ont fui le pays.

Manque de transparence et d’accès aux avocats

Les procédures dans de nombreuses affaires portées devant les tribunaux ont été marquées par un manque de transparence, des questions relatives à la crédibilité et à l'indépendance des témoins, des restrictions indues relatives aux preuves et aux témoins de la défense et un accès insuffisant des accusés à leurs avocats.

J'appelle également les autorités à libérer toutes les personnes privées de liberté en raison de leur droit intrinsèque à la protestation pacifique et à la dissidence - Michelle Bachelet

Parmi les dirigeants importants inculpés ou condamnés dans des circonstances controversées au cours des dernières semaines, figurent Jonathan López, dirigeant étudiant, condamné à cinq ans et trois mois de prison; les dirigeants paysans Medardo Mairena et Pedro Mena condamnés respectivement à 216 et 210 ans de prison; et les anciens officiers de l'armée, Carlos Brenes et Tomas Maldonado, pour lesquels le procureur demande des peines de 32 et 34 ans.

La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a jugé nécessaire de procéder à un examen indépendant des condamnations et des peines imposées aux dirigeants de l'opposition et aux militants qui ont pris part aux manifestations pour veiller à ce que leurs affaires soient correctement traitées à chaque étape par la police, les procureurs et les juges».

 «J'appelle également les autorités à libérer toutes les personnes privées de liberté en raison de leur droit intrinsèque à la protestation pacifique et à la dissidence, et à veiller à ce que les personnes qui coopèrent avec l'ONU et d'autres organisations de défense des droits de l'homme ne fassent pas l'objet de représailles,» a déclaré Michelle Bachelet.

«L'un des principes fondamentaux de la démocratie est que les citoyens de toutes les couches de la société puissent participer librement au débat sur l'avenir de leur pays, sans craindre d'être arrêtés ni intimidés», a déclaré la cheffe des droits de l'homme des Nations Unies.