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Malawi : la cheffe des droits de l’homme dénonce les violences pré-électorales

l'ONU s'inquiète de violence contre les femmes au Malawi. Ici Jiran se rend avec son bébé au centre de santé Lugola à Chikulo
PAM/Badre Bahaji
l'ONU s'inquiète de violence contre les femmes au Malawi. Ici Jiran se rend avec son bébé au centre de santé Lugola à Chikulo

Malawi : la cheffe des droits de l’homme dénonce les violences pré-électorales

Droits de l'homme

Alors que le Malawi se prépare à des élections en mai prochain, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH) s’est inquiété du regain de la violence politique dans ce pays, mais aussi de la violence contre les femmes et des attaques contre les personnes atteintes d’albinisme.

La tension et l’appréhension sont montées d’un cran, notamment dans le sud du pays où le10 janvier dernier, un membre du Parlement malawien, Bon Kalindo, a été arrêté pour avoir insulté le Président de la République et pour trouble à l’ordre public.

« Après avoir été libéré sous caution le 16 janvier dernier, M. Kalindo a été violemment agressé », a déclaré le porte-parole du Haut-Commissariat, pointant du doigt « des membres de la section jeunesse du parti démocrate progressiste (DPP) au pouvoir ».

Selon Rupert Colville, l’opposant a été agressé dans les locaux du commissaire de district de la ville de Mulanje et son « état de santé nécessite un traitement hospitalier ».

Tout récemment encore, dimanche dernier (20 janvier) plus précisément, c’était au tour d’Edward Govati, partisan d’un autre parti de l’opposition d’être sauvagement attaqué à Blantyre. Selon les services de la Haut-Commissaire Bachelet, ce responsable du « Congrès du Malawi » aurait été violenté par des jeunes du parti au pouvoir. « Il a été sévèrement battu et a dû être hospitalisé », a précisé M. Colville tout en rappelant Edward Govati avait déjà été menacé en raison de ses activités politiques.

Violences politiques machistes

Ce même 20 janvier, un homme et une femme partisans d’un troisième parti d’opposition, le Mouvement uni pour la transformation (UTM), ont été à leur tour agressés par cette même bande de jeunes alors qu’ils se rendaient à un rassemblement dans le district de Mangochi.

« Ils ont été obligés d’enlever leurs t-shirts UTM, laissant la femme en sous-vêtements et l’homme à moitié nu », a poursuivi le porte-parole du Haut-Commissariat.

Les services de la Haut-Commissaire Michelle Bachelet dénoncent d’ailleurs ce climat pesant constaté depuis les élections primaires de 2018 quand des candidates femmes ont été prises pour cibles. « Les femmes ont été victimes de menaces, de harcèlement et d’intimidation », a dit M. Colville.

« Nous nous félicitons du fait que le 23 janvier, le Président Peter Arthur Mutharika a condamné les violences politiques, notamment les actes visant à humilier les femmes sur la scène politique », a-t-il ajouté. Cependant, le Haut-Commissariat rappelle que personne n’a été jusqu’ici traduit en justice malgré les nombreuses attaques à caractère politique perpétrées depuis l’année dernière.

Une nouvelle vague de violences envers les albinos

Dans cette fièvre électorale, les attaques contre les personnes atteintes d’albinisme se sont également multipliées pendant cette période pré-électorale.

A cet égard, l’agence onusienne rappelle l’assassinat horrible de Yasin Phiri, un homme âgé de 55 ans atteint d’albinisme. Ce dernier a été tué le 31 décembre dernier à Nkhata Bay, au nord du Malawi. « M. Phiri a été poignardé à plusieurs reprises devant son enfant avant d’être traîné devant son domicile, où ses deux bras ont été coupés », a détaillé M. Colville.

Et il y a à peine trois jours, le 22 janvier, un bébé d’un an atteint d’albinisme aurait été enlevé à son domicile à Karonga et est toujours porté disparu.

« Nous appelons les autorités à intensifier leurs efforts pour protéger les personnes atteintes d’albinisme et pour poursuivre et punir les responsables présumés », a conclu le porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme.

A noter que les élections présidentielles et législatives sont prévues pour le 21 mai prochain au Malawi.