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L’ONU lance un appel de fonds de 296 millions de dollars pour la crise des réfugiés burundais

Des réfugiés burundais préparent à manger dans un camp en République démocratique du Congo (RDC) (archives).
Photo UNICEF/Seck
Des réfugiés burundais préparent à manger dans un camp en République démocratique du Congo (RDC) (archives).

L’ONU lance un appel de fonds de 296 millions de dollars pour la crise des réfugiés burundais

Aide humanitaire

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et 35 partenaires ont lancé, ce mardi à Genève un appel de fonds conjoint d’un montant de 296 millions de dollars pour venir en aide cette année à 345.000 réfugiés burundais dans les pays voisins.

« La situation des réfugiés burundais est l’une des plus négligées au monde et, en 2018, elle comptait également parmi les crises les plus sous-financées », a déclaré Charlie Yaxley, porte-parole du HCR, lors d’une conférence de presse au Palais des Nations.

L’année dernière, la réponse régionale interorganisations pour l’aide aux réfugiés burundais n’a reçu que 35% des 391 millions de dollars recherchés. Ce qui a eu un impact dans la réponse des organismes humanitaires dans les quatre pays voisins accueillant les réfugiés burundais.

La situation des réfugiés burundais est l’une des plus négligées au monde - Charlie Yaxley, porte-parole du HCR

« En Tanzanie, République démocratique du Congo (RDC), Rwanda et Ouganda, la vie des réfugiés burundais en est affectée », a ajouté le porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). Ils y ont subi des coupures dans les rations alimentaires, un manque de médicaments, des écoles surpeuplées et des abris de fortune.

Malgré les efforts déployés, une augmentation massive de l’aide est nécessaire pour répondre aux besoins les plus élémentaires.

Des jeunes filles forcées de recourir à des pratiques sexuelles de survie ainsi qu’au mariage précoce

Selon l’agence onusienne, les enfants, qui représentent plus de la moitié de la population réfugiée, sont les plus durement touchés. Beaucoup sont arrivés dans leur pays d’asile après avoir été séparés de leurs parents ou de leur famille élargie, et il reste de nombreux défis à surmonter pour assurer un placement familial sûr. D’autres souffrent de problèmes psychologiques en raison de la violence dont ils ont été témoins et ils ont besoin d’un soutien psychosocial.

Par ailleurs, les femmes et les jeunes filles souffrent de niveaux élevés de violence ainsi que d’exploitation sexuelle et sexiste. Les abris de fortune et délabrés offrent peu de protection. Le manque d’équipements pour la cuisine et de matériel pour la construction d’abris oblige les femmes et les jeunes filles à parcourir de longues distances à pied pour collecter du bois à l’extérieur des camps et des installations où elles sont isolées et vulnérables aux attaques.

En outre, des coupes alimentaires ont été effectuées l’année dernière en Tanzanie, en RDC et au Rwanda. Les familles manquent régulièrement de vivres à la fin du mois.

« Les femmes et les jeunes filles sont forcées de recourir à des mécanismes d’adaptation négatifs, y compris le recours aux pratiques sexuelles de survie ainsi que le mariage forcé et précoce », fait valoir le porte-parole du HCR.

Autre secteur touché par ce manque de financement, c’est l’accès à l’éducation avec des problèmes notés au-delà de l’école primaire. Pour l’Agence onusienne basée à Genève, seuls 20% des enfants réfugiés burundais en âge de fréquenter l’école secondaire sont scolarisés. Dans toute la région, il faudrait davantage d’enseignants et de ressources éducatives supplémentaires. En Tanzanie, les salles de classe sont surpeuplées au point que certaines se déroulent en plein air sous les arbres.

300 réfugiés continuent de fuir chaque mois le Burundi 

Ces difficiles conditions dans les camps de réfugiés pourraient même expliquer le retour de certains Burundais dans leur pays.

« Des rapatriés estiment que les conditions de vie dans leur pays d’origine, même si elles sont difficiles, constitueront une amélioration par rapport à la situation qu’ils connaissent en tant que réfugiés », a souligné M. Yaxley.

Environ 57.000 réfugiés sont rentrés au Burundi depuis la mi-2017, invoquant le désir de retourner chez eux dans leur maison ou leur ferme, et d’y retrouver leurs proches.

L’appel prévoit un financement pour aider et réintégrer les rapatriés - Charlie Yaxley, porte-parole du HCR

Pourtant si la sécurité s’est généralement améliorée au Burundi, d’importantes préoccupations subsistent en matière de droits de l’homme. D’ailleurs 300 réfugiés en moyenne continuent de fuir le Burundi chaque mois, et le HCR exhorte les gouvernements des pays de la région à maintenir les frontières ouvertes et l’accès aux systèmes d’asile pour les personnes qui en ont besoin.

Dans ces conditions, le HCR estime que les conditions au Burundi ne sont actuellement pas propices au retour. Toutefois, l’agence onusienne aide les réfugiés qui indiquent avoir fait un choix en toute connaissance de cause pour un retour librement consenti. Le HCR exhorte aussi les États à veiller à ce qu’aucun réfugié ne soit renvoyé au Burundi contre son gré.

« Étant donné que davantage de réfugiés burundais devraient rentrer volontairement dans leur pays en 2019, l’appel prévoit un financement pour aider et réintégrer les rapatriés », a conclu le porte-parole du HCR.