L'actualité mondiale Un regard humain

Yémen : le PAM salue l'annonce par les Houthis d'une enquête sur le détournement de l’aide alimentaire 

Un garçon de 12 ans dans le quartier de Bani Harith à Sanaa, au Yémen, porte du savon fourni par l’ONU (septembre 2018)
OCHA/Muath Algabal
Un garçon de 12 ans dans le quartier de Bani Harith à Sanaa, au Yémen, porte du savon fourni par l’ONU (septembre 2018)

Yémen : le PAM salue l'annonce par les Houthis d'une enquête sur le détournement de l’aide alimentaire 

Aide humanitaire

Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) s’est félicité vendredi de la déclaration faite par les dirigeants houthis à Sanaa selon laquelle une enquête est en cours sur la question du détournement d’une partie de l’aide humanitaire à destination du Yémen.

« La déclaration fait suite à l’appel du PAM pour des mesures urgentes pour arrêter immédiatement le détournement de l’aide alimentaire humanitaire dans le pays après que des preuves de la pratique aient été découvertes à Sanaa et dans d’autres parties du pays contrôlées par le mouvement houthi », a indiqué le porte-parole du PAM, lors d’un point de presse  à Genève.

Environ 1.200 de tonnes de nourriture ont été détournées en août et septembre derniers

Selon Hervé Verhoosel, une grande partie de l’aide destinée aux habitants de la capitale Sanaa, contrôlée par les rebelles, n’est jamais arrivée à destination.

« L’utilisation dévoyée de l’aide alimentaire se produit également dans les zones contrôlées par le gouvernement du Yémen. Toutefois, ce volume est généralement inférieur à celui des zones contrôlées par les Houthis », a précisé le porte-parole du PAM. 

Plusieurs rapports ont établi qu’une partie de cette aide était en fait mise en vente sur les étals des marchés de la capitale yéménite. L’agence onusienne estime qu’environ 1.200 de tonnes de nourriture ont été détournées en août et septembre derniers, soit 600 tonnes par mois.

« Mais pour mettre cela en contexte, 600 tonnes de vivres ne représentent qu’environ 1% de la nourriture que nous fournissons chaque mois à l’échelle nationale », a fait valoir Hervé Verhoosel.

L'agence indique avoir identifié sept centres de distribution impliqué dans le détournement de l'aide à Sanaa et avoir demandé aux autorités de facto de Sanaa d'écarter les personnes corrumpues responsables.

« L’organisation partenaire locale, qui est apparemment impliquée dans ces détournements, a la capacité de fournir une aide alimentaire à des millions de bénéficiaires », a poursuit le porte-parole du PAM.

Actuellement, elle aide l’agence onusienne à fournir une aide alimentaire à 3 millions de personnes.

« Il est donc essentiel que les autorités enquêtent et révoquent les responsables de ces manquements », a ajouté Herve Verhoosel.

Par ailleurs, de nombreux « bénéficiaires extrêmement pauvres » auraient vendu une partie de leur ration alimentaire pour financer d’autres besoins (éducation, médicaments, loyer) car, pour beaucoup, la seule aide qu’ils reçoivent est celle fournie par le PAM.

Mais l’agence onusienne affiche sa détermination à faire en sorte que toute l’aide alimentaire atteigne ceux qui en ont le plus besoin.

Un bébé de deux mois souffrant de malnutrition sévère est nourri à Hajjah, au Yémen. La poursuite du conflit au Yémen pousse des millions de personnes au bord de la famine.
WFP/Marco Frattini
Un bébé de deux mois souffrant de malnutrition sévère est nourri à Hajjah, au Yémen. La poursuite du conflit au Yémen pousse des millions de personnes au bord de la famine.

Le PAM plaide pour une identification biométrique

Face à cette situation dans l’acheminement de l’aide alimentaire, le PAM entend revoir la façon dont l’assistance est fournie aux populations vulnérables.

« Nous avons examiné l’introduction de transferts en espèces dans certaines zones », a ajouté M. Verhoosel.

Il s’agit de veiller à ce que seuls les bénéficiaires enregistrés puissent réclamer leur argent ou leurs rations alimentaires

Cette forme d'assitance aurait, selon le PAM, l'avantage de relancer l'économie locale.

Cependant, étant donné le risque de corruption, l’Agence onusienne a clairement expliqué aux autorités de facto qu’elle ne procédera pas à des transferts monétaires sauf si elle est autorisée à mettre en place un système d’identification biométrique à base d’empreintes digitales.

« Il s’agit de veiller à ce que seuls les bénéficiaires enregistrés puissent réclamer leur argent ou leurs rations alimentaires », a précisé le PAM.

Pour l'instant les autorités de facto de Sanaa n'ont pas encore conclu d'accord pour procéder à l’enregistrement biométrique des bénéficiaires.

Selon le PAM le système d'enregistrement biométrique des bénéficiairesa déjà fait ses preuves.  Récemment, à Aden, ila permis d’éliminer les personnes qui n’ont pas droit à une aide alimentaire.

Selon l’agence onusienne, les autorités de facto à Sanaa ont la responsabilité de prendre des mesures contre les personnes impliquées dans ce détournement de l’aide alimentaire. « Elles devraient permettre un processus indépendant de sélection des bénéficiaires et un système d’enregistrement basé sur la biométrie », a conclu le PAM.