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Les défenseurs des droits de l'homme : des porte-paroles des « sans-voix » toujours aussi menacés

Cérémonie de remise du Prix des droits des droits de l'homme des Nations Unies dans la salle de l'Assemblée générale des Nations Unies
Photo : ONU/Evan Schneider
Cérémonie de remise du Prix des droits des droits de l'homme des Nations Unies dans la salle de l'Assemblée générale des Nations Unies

Les défenseurs des droits de l'homme : des porte-paroles des « sans-voix » toujours aussi menacés

Droits de l'homme

L’ONU a remis mardi son Prix des droits de l’homme 2018 à trois femmes et une organisation dans un contexte de dégradation de la situation des défenseurs des droits de l’homme.

La Tanzanienne Rebeca Gyumi ; la Pakistanaise Asma Jahangir (à titre posthume) ; la Brésilienne Joênia Batista de Carvalho et l’ONG irlandaise Front Line Defenders ont reçu le Prix des droits de l’homme des Nations Unies lors d’une cérémonie organisée au siège de l’ONU à New York.

Les lauréates se sont vu remettre leur prix 20 ans, jour pour jour après l’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme.

« Alors que nous célébrons le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, il est important de reconnaître les défenseurs des droits de l’homme qui s’emploient à faire respecter la Déclaration et à faire des droits de l’homme une réalité pour tous », a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres lors de la remise des prix.

Le chef de l’ONU a rendu hommage aux « contributions exceptionnelles » de la militante pour le droit à l'éducation des filles, Rebeca Gyumi ; de la défunte avocate spécialiste des droits de l'homme, Asma Jahangir ; de la première femme avocate autochtone du Brésil, Joênia Batista de Carvalho ; et de l’ONG protectrices des défenseurs des droits humains en danger, Front Line Defenders.

« Leur travail, ainsi que celui d'autres défenseurs des droits de l'homme du monde entier, est essentiel pour nos efforts collectifs visant à maintenir la paix et à assurer un développement durable, sans exclusive et le respect des droits de l'homme pour tous », a souligné le Secrétaire général.

Plus de 3.500 défenseurs des droits de l’homme tués en 20 ans

La cérémonie fut l’occasion pour M. Guterres de rappeler le danger auquel sont fréquemment confrontés les défenseurs des droits de l’homme.

« Nous entendons régulièrement parler d'abus commis à l'encontre de défenseurs des droits de l'homme - assassinats, disparitions, tortures, emprisonnements arbitraires et autres tentatives visant à les réduire au silence », a-t-il déploré.

« Pourtant, ces individus et groupes courageux restent déterminés à faire la lumière sur les coins les plus sombres du globe, partout où des violations des droits de l'homme se produisent », a-t-il précisé.

Selon Michel Forst, Rapporteur spécial des Nations Unies pour les défenseurs des droits de l’homme, plus de 3.500 défenseurs ont été tués ces 20 dernières années. « Et les premiers responsables, ce sont les Etats », a dit l’expert, rappelant que ces derniers ont adopté la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme en 1998.

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Les défenseurs des droits de l'homme donnent la parole aux sans-voix et protègent les faibles contre l'injustice, a déclaré le chef de l’ONU.

« Ils représentent tous les droits - économiques, civils, politiques, sociaux et culturels », a-t-il précisé. « Ils soutiennent l’état de droit ou œuvrent pacifiquement pour modifier les lois afin que les femmes et les filles, les communautés autochtones, les minorités et d’autres groupes marginalisés puissent exercer leurs droits ».

À travers l'éducation, les défenseurs des droits de l'homme œuvrent à l’autonomisation des individus. Ils aident également à protéger les autres défenseurs des droits de l'homme du harcèlement, de l'intimidation ou des arrestations partout dans le monde.

Un prix qui fête son 50e anniversaire

Le Prix des droits de l’homme des Nations Unies fête cette année ses 50 ans d’existence. Créé en 1966 par l’Assemblée générale des Nations Unies, le Prix est décerné tous les cinq ans depuis 1968.

Les précédents lauréats des 50 dernières années incluent des personnalités reconnues telles qu’Eleanor Roosevelt, Martin Luther King, Nelson Mandela, Jimmy Carter, Malala Yusafzai et les lauréats du prix Nobel de la paix de cette année, Denis Mukwege et Nadia Murad, ainsi que des organisations comme Amnesty International et le Comité international de la Croix-Rouge.

« Vous rejoignez une liste prestigieuse et je vous félicite », a dit M. Guterres aux lauréates, saluant leur rôle essentiel dans la promotion de la paix, du développement durable et de la dignité humaine dans notre monde. « La communauté internationale vous est reconnaissante de vos efforts pour promouvoir tous les droits de l'homme pour tous ».