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COP24 : l’absence d’accord sur le climat serait non seulement immorale mais aussi suicidaire – Guterres

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, à la Conférence sur le climat à Katowice, en Pologne.
Photo Secrétariat CCNUCC/James Dowson
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, à la Conférence sur le climat à Katowice, en Pologne.

COP24 : l’absence d’accord sur le climat serait non seulement immorale mais aussi suicidaire – Guterres

Climat et environnement

Alors que les négociations sur la mise en œuvre concrète de l'Accord de Paris sur le climat continuent de se heurter à des obstacles, le chef de l’ONU, est retourné à Katowice, en Pologne, pour mettre les plus de 100 dirigeants gouvernementaux réunis à la COP24 face à leurs responsabilités afin de parvenir à un consensus et « terminer le travail ».

« Dans ma déclaration liminaire à cette conférence il y a une semaine ... j'ai averti que le changement climatique avance plus vite que nous et que Katowice doit, sans aucun doute, être un succès », a déclaré mercredi le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres.

Depuis le 2 décembre, la COP24 réunit des milliers de décideurs politiques ainsi que des défenseurs et militants de l'action pour le climat, avec un objectif clé : adopter des directives mondiales pour les 197 parties à l'Accord de Paris. Un accord conclu en 2015 et dans lequel les pays s'engageaient à limiter le réchauffement climatique à moins de 2 °C, et aussi proche que possible de 1,5 °C, au-dessus des niveaux préindustriels.

A moins de trois jours de la fin programmée de la COP24, le chef de l'ONU a déploré que « malgré les progrès réalisés dans les textes de négociation, il reste beaucoup à faire ».

Des discussions complexes

Compte tenu de l'état complexe des discussions, la présidence polonaise de la COP24 a proposé mercredi un texte visant à créer une « nouvelle base de négociation ».

« Les problèmes politiques clés restent non résolus », a rappelé M. Guterres. « Ce n’est pas surprenant, nous reconnaissons la complexité de ce travail. Mais n’avons plus de temps à perdre », a-t-il averti, évoquant l'urgence évoquée par le rapport spécial sur le réchauffement de la planète publié en octobre par le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC).

« Au cours des 10 derniers jours, beaucoup d'entre vous avez travaillé de longues heures, et je tiens à saluer vos efforts », a dir le Secrétaire général aux délégations participant aux négociations. « Mais nous devons accélérer ces efforts pour parvenir à un consensus si nous voulons donner suite aux engagements pris à Paris », a-t-il souligné.

Le chef de l’ONU a appelé les délégations à renforcer leur ambition en ce qui concerne « les flux financiers prévisibles et accessibles pour la transition économique vers un monde à faibles émissions et résilient face au changement climatique ».

Le Secrétaire général a rappelé aux participants de la COP24 que l'obligation financière des pays développés de soutenir les efforts des pays en développement avait été établie dans la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) – dans lequel s’inscrit l'Accord de Paris – signée en 1992, il y a plus de 25 ans.

« Il est très difficile d'expliquer à ceux qui souffrent des effets du changement climatique que nous n'avons pas réussi à trouver un soutien prévisible aux actions à mener », a déclaré M. Guterres.

Plusieurs annonces financières faites depuis le début de la COP24

Le chef de l’ONU a salué les diverses annonces financières faites depuis le début de la COP24, notamment de la part de la Banque mondiale, de banques de développement multilatérales et du secteur privé. Cependant, il a exhorté les pays développés à « augmenter leurs contributions pour mobiliser conjointement 100 milliards de dollars par an d'ici 2020 », comme stipulé dans l’Accord de Paris.

Outre l’augmentation des ressources, le Secrétaire général a également appelé à la réalisation du principal objectif de la COP24 : l’élaboration d’un « ensemble de règles souples mais robustes » pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris. L’année 2018 avait été fixée comme date limite par les parties à la CCNUCC pour la production de ces directives.

« Les pays ont des réalités différentes, des capacités différentes et des situations différentes », a reconnu M. Guterres, en expliquant qu'« il faut trouver une formule qui équilibre les responsabilités de tous les pays » et qui soit « juste et efficace pour tous ».

Pour y parvenir, le chef de l’ONU a souligné l'importance de créer un climat de confiance grâce à « un cadre de transparence solide permettant de suivre et d'évaluer les progrès réalisés sur tous les fronts : atténuation, adaptation et fourniture d'un soutien, notamment en matière de financement, de technologie et de renforcement des capacités ».

A Katowice, M. Guterres a rappelé que l’humanité dispose du savoir-faire, ainsi que de « l'élan incroyable de tous les segments de la société » pour l’action climatique. « Ce dont nous avons besoin, c'est de la volonté politique d'avancer », a-t-il dit.

« Je comprends que rien de tout cela n’est facile. Je comprends que certains d’entre vous devront prendre des décisions politiques difficiles », a-t-il reconnu, « mais le temps est venu pour un consensus. C’est le moment de parvenir à des compromis politiques. Cela signifie des sacrifices, mais nous en bénéficierons tous collectivement », a-t-il ajouté.

Le Secrétaire général a invité les délégués et les ministres à surmonter leurs préférences nationales et à travailler « ensemble » et à « terminer le travail » avec une ambition affirmée « sur tous les fronts ». « Gâcher cette occasion à Katowice compromettrait notre dernière chance d’enrayer l’emballement du changement climatique. Ce ne serait pas seulement immoral, ce serait suicidaire », a-t-il prévenu.