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Conférence sur les migrations : l'ONU souligne la vulnérabilité des jeunes en mouvement

Une exposition artistique représentant la migration au centre de conférence de la réunion du Pacte mondial pour la migration à Marrakech, au Maroc (Décembre 2018)
Photo : ONU/Mark Garten
Une exposition artistique représentant la migration au centre de conférence de la réunion du Pacte mondial pour la migration à Marrakech, au Maroc (Décembre 2018)

Conférence sur les migrations : l'ONU souligne la vulnérabilité des jeunes en mouvement

Migrants et réfugiés

À l’avant-veille de la conférence sur les migrations à Marrakech, au Maroc, les agences des Nations Unies ont organisé une série d'événements parallèles pour mettre en exergue les différents aspects de la migration, accordant une attention particulière aux personnes en mouvement les plus vulnérables ainsi qu’aux défis auxquels elles sont confrontées.

La Représentante spéciale du Secrétaire général pour les migrations internationales, Louise Arbour, a ouvert le débat du Forum de la jeunesse lors de la conférence, soulignant l'importance d’assurer que « les politiques en matière de migration respectent systématiquement les droits et l'intérêt supérieur de l'enfant ».

« Un des principes directeurs du Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière est la promotion des obligations juridiques internationales existantes en matière de droits de l'enfant et la nécessité de défendre le principe de l'intérêt supérieur de l'enfant à tout moment », a déclaré la Représentant spéciale.

« Alors que les politiciens débattent de la migration, 4 000 enfants et jeunes déracinés nous disent qu'ils ont besoin de plus d'aide », a déclaré Laurence Chandy, Directeur des données, de la recherche et des politiques de l'UNICEF, dans un communiqué de presse.

Lors d’un sondage mené par l'UNICEF auprès de 4.000 réfugiés et migrants âgés de 14 à 24 ans, plus de la moitié des jeunes interrogés ont révélé avoir été forcés de quitter leur pays, et 44% l'ont fait seuls.

M. Chandy a exhorté les États à sécuriser la migration, en adoptant le Pacte mondial pour la migration, ainsi que les engagements et les actions proposés, dans lequel « la migration est inévitable, mais le danger et la discrimination subis par les enfants réfugiés et migrants ne le sont pas et n'ont pas besoin de l'être ».

« Le Pacte fournit aux autorités locales et nationales un manuel de bonnes pratiques et approches en faveur des enfants déracinés », a expliqué le directeur.

Le nombre d'enfants interrogés par l'UNICEF est une goutte d'eau dans l'océan par rapport au nombre réel d'enfants en déplacement.
 

Une silhouette représentant une personne en mouvement dans l'enceinte de la conférence du Pacte mondial pour les migrations qui se tient à Marrakech, au Maroc. (Décembre 2018)
Photo : ONU/Mark Garten
Une silhouette représentant une personne en mouvement dans l'enceinte de la conférence du Pacte mondial pour les migrations qui se tient à Marrakech, au Maroc. (Décembre 2018)


« Il y a 258 millions de migrants dans le monde, dont 50 millions sont des enfants », a souligné la Représentante spéciale pour les migrations internationales, Mme Arbour.

« Dans ce contexte, il est important de rappeler que le Pacte mondial réaffirme que les droits de l'homme nous appartiennent à tous, indépendamment du statut migratoire. Le Pacte insiste sur ce point et met davantage l'accent sur les plus vulnérables, y compris les enfants », a-t-elle déclaré.

Pour tenter de faire la lumière sur cette question, le gouvernement du Maroc, pays hôte de la conférence, a ouvert une exposition d'art intitulée « Le voyage d'un jeune migrant : faire vivre des histoires vivantes à travers l'art ».

Mon père disait : ‘Quand tu voyages, amène trois choses avec toi, un livre, une paire de chaussures et un stylo' 
- un jeune migrant ivoirien

Kader, un jeune migrant ivoirien, a parlé de son expérience lors de son voyage seul sur les routes de migration les plus dangereuses au monde, telles celles vers l'Italie, où il est maintenant installé.

Il a expliqué que les migrants se réconfortent à travers les objets qu'ils emportent avec eux.

« Vous êtes sûr de vous et vous êtes plus fort, quand vous voyez que vous avez cet objet avec vous »,  a déclaré Kader, qui a apporté un livre avec lui lors de son voyage.

« Mon père disait : ‘Lorsque tu voyages, amène trois choses avec toi -- un livre, une paire de chaussures et un stylo. Le livre vous donnera les connaissances nécessaires. Je vais apprendre. J'ai aussi pris des choses appartenant à ma mère, parce que je suis très attaché à ma maman ».

Jayathma Wickramanayake, l'Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, a assisté à l'inauguration.

Elle y a évoqué sa dernière visite à Cox's Bazaar, au Bangladesh, où se sont réfugiés des dizaines de milliers de Rohingyas.

« La plupart des jeunes du camp ne vont pas à l'école… dans le camp, il y a environ 117.000 jeunes. Seulement 2.000 d'entre eux ont accès à une forme d'éducation », a regretté l’envoyée.

En voyant une photo dans l'exposition d’une jeune fille rohingya tenant un livre, Jayathma Wickramanayake a déclaré que « dans une telle situation, le fait qu'un jeune, et  en particulier une jeune femme, s'accroche à un livre nous en dit beaucoup sur leurs espoirs et leurs attentes pour l’avenir ».

Selon un sondage de l'UNICEF révélant la vulnérabilité des jeunes en déplacement, 58% des répondants ont déclaré avoir perdu une ou plusieurs années d'école, 49% d'entre eux ne pouvaient pas consulter un médecin en cas de besoin et 38% ne recevaient aucune aide de part de leur  famille, amis ou institutions.

« Les enfants déracinés peuvent nous apprendre énormément sur leurs besoins et leurs vulnérabilités si nous sommes disposés à les entendre », a déclaré M. Chandy à propos du sondage.