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Syrie : la reprise des bombardements souligne la fragilité de la situation

Des filles sont assises dans la tente d'un camp de fortune dans le nord de la Syrie, 2018
Photo : UNICEF/Aaref Watad
Des filles sont assises dans la tente d'un camp de fortune dans le nord de la Syrie, 2018

Syrie : la reprise des bombardements souligne la fragilité de la situation

Paix et sécurité

Devant le Conseil de sécurité, Reena Ghelani, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires, a regretté jeudi la reprise des frappes aériennes et des bombardements, y compris chimiques, en Syrie. Selon elle, cela démontre la fragilité de la situation et l’urgente nécessité d’un engagement continu de toutes les parties pour préserver l’accord entre la Turquie et la Russie conclu le 17 septembre dernier.

Directrice de la Division des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), Mme Ghelani a évoqué la situation dans le nord-ouest de la Syrie où des informations font état de tirs de mortiers, dont certains contiendraient du chlore, dans trois quartiers densément peuplés dans l’ouest d’Alep.

« Comme le Secrétaire général l’a répété, l’utilisation d’armes chimiques est horrible et constitue une violation claire du droit international », a-t-elle déclaré. « Nous avons également reçu des informations selon lesquelles le gouvernorat d’Idlib aurait été la cible de frappes aériennes les 24 et 25 novembre, les premières depuis plus de deux mois ».

Reena Ghelani a estimé que les enjeux demeurent élevés, dans la mesure où l’alternative serait une souffrance humanitaire à une échelle susceptible de dévaster une population de trois millions de personnes qui n’ont connu rien d’autre que la guerre et la souffrance au cours des dernières années.

 L’utilisation d’armes chimiques est horrible et constitue une violation claire du droit international - Reena Ghelani, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires

La Sous-Secrétaire générale a indiqué que dans la localité de Rukban, entre le 3 et le 8 novembre, l’ONU et le Croissant Rouge arabe syrien ont été en mesure de prêter assistance à près de 50.000 personnes, des femmes et des enfants pour les trois quarts d’entre eux.  L’opération approuvée par le gouvernement syrien et facilitée par la Russie et les États-Unis a été la première livraison majeure d’assistance matérielle à la population de Rukban depuis janvier dernier, et la première fois qu’une telle aide a pu être livrée depuis l’intérieur de la Syrie.

« Nos équipes ont également vacciné plus de 5.000 enfants aux côtés de responsables du ,inistère syrien de la Santé », a-t-elle ajouté. A la lumière de la gravité de la situation sur place, le Secrétaire général a plaidé en faveur de l’autorisation d’un convoi supplémentaire à titre prioritaire, sous peine d’une détérioration de la situation de dizaines de millions d’habitants à l’approche de l’hiver. 

Mme Ghelani s’est dit préoccupée par les informations faisant état de pertes civiles dans des frappes aériennes et des combats terrestres dans le sud-est de Deir-ez-Zor. Près de 6.000 personnes ont été déplacées de l’enclave de Hajin, sous contrôle de Daech depuis octobre, 10.000 personnes se trouvant toujours sur place, la plupart privées d’assistance. 

La scolarisation des enfants rendue difficile

Mme Ghelani s’est déclarée troublée par des informations faisant état de restrictions dans le nord-est de la Syrie, où la moitié des 102.000 enfants scolarisés dans les écoles du gouvernement se heurtent à des obstacles pour se rendre dans leurs établissements. Concrètement, 10.000 d’entre eux n’ont pu aller à l’école depuis la fin du mois de septembre. Selon l’ONU, 180.000 enseignants ne sont plus en service et 40% des écoles ont été détruites ou endommagées.

« Malgré les conditions très difficiles, l’ONU et ses partenaires sont déterminés à atteindre tous ceux qui en ont besoin, où qu’ils se trouvent », a-t-elle déclaré. « Au cours de l'année écoulée, près de 5,4 millions de personnes en moyenne ont bénéficié d'une assistance humanitaire chaque mois, de toutes les manières possibles, de la Syrie aux zones contrôlées par le gouvernement, en passant par la Syrie par-delà les lignes de conflit et de l'autre côté de la frontière ».

Reena Ghelani a jugé essentielle l’aide transfrontalière pour la réponse de l’ONU en Syrie. Rien que ce mois-ci, près de 600.000 personnes en Syrie ont reçu une aide alimentaire des Nations Unies acheminée de l'autre côté de la frontière avec la Turquie via les points de passage de Bab al-Salam et Bab al-Hawa. Les livraisons transfrontalières comprenaient également des médicaments, des fournitures scolaires et d'autres articles non alimentaires pour des centaines de milliers de personnes.

4,3 millions de personnes dans le besoin vivent dans des zones hors du contrôle du gouvernement - Reena Ghelani (OCHA)

Des organisations humanitaires viennent d'achever la vaccination contre la rougeole et la rubéole de plus de 12.500 enfants âgés de six mois à 15 ans dans le gouvernorat d'Idlib, à l'aide de fournitures livrées de l'autre côté de la frontière. Des milliers d'autres ont bénéficié de fournitures et de services d'éducation, de réhabilitation des écoles et de manuels.

La Sous-Secrétaire générale a indiqué que 4,3 millions de personnes dans le besoin vivent dans des zones hors du contrôle du gouvernement. Cela représente plus du tiers de toutes les personnes ayant besoin d'assistance en Syrie. Il y a près de trois millions de personnes dans le besoin dans des zones exclusivement touchées par des opérations transfrontalières. L'ONU n'a pas d'autre moyen d'atteindre ces personnes, l'accès étant restreint à l'intérieur du pays.

« C’est pour cette raison que le Secrétaire général a demandé le renouvellement de la résolution 2165 pour une période supplémentaire de douze mois. Le renouvellement de la résolution de ce Conseil continuera de sauver des vies. Des millions de personnes dépendent de votre décision », a conclu Reena Ghelani.