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Des experts de l'ONU appellent le Nicaragua à mettre fin à la répression

Des manifestants à Managua, au Nicaragua, en juillet 2018.
Photo Articulo 66
Des manifestants à Managua, au Nicaragua, en juillet 2018.

Des experts de l'ONU appellent le Nicaragua à mettre fin à la répression

Droits de l'homme

Plusieurs experts des droits de l'homme des Nations Unies ont exhorté le gouvernement du Nicaragua à mettre immédiatement un terme à la répression et aux représailles contre ceux qui s'expriment contre lui et coopèrent avec l'ONU, y compris des défenseurs des droits de l'homme, des journalistes et des manifestants pacifiques.

Depuis avril 2018, plus de 300 personnes ont été tuées par la répression et la violence au Nicaragua, tandis que 2.000 autres ont été blessées. Selon les experts, la crise a commencé avec la répression de manifestations par la police et, à la mi-juin, une période de « nettoyage » a commencé, les groupes armés progouvernementaux agissant en toute impunité contre ceux qui exprimaient leur désaccord.

« Les manifestants, défenseurs des droits de l'homme et autres personnes qui ont critiqué le gouvernement ont été persécutés, menacés et criminalisés », ont déclaré les experts, qui ont affirmé avoir reçu des témoignages de manifestants et de défenseurs des droits de l'homme affirmant qu’ils avaient été victimes de représailles pour avoir coopéré avec les Nations Unies et l'Organisation des États américains dans le contexte de la crise actuelle.

Des manifestants, des défenseurs des droits de l'homme et d'autres personnes qui ont critiqué le gouvernement ont été persécutés, menacés et criminalisés

« Nous condamnons avec la plus grande fermeté la supposée détention arbitraire de dizaines de personnes et le fait que certaines d'entre elles semblent faire face à de fausses accusations de terrorisme, et nous sommes très préoccupés par le fait que beaucoup d'entre elles affirment avoir été soumises à la torture et à des traitements dégradants pendant leur détention », ont-ils ajouté. Ils ont également exhorté les autorités nicaraguayennes à veiller à ce que les détenus soient jugés avec les garanties appropriées, conformément aux normes internationales.

Les experts ont aussi exprimé leur profonde préoccupation devant les violations des droits de l'homme qui auraient été commises à l'encontre de femmes défenseurs des droits de l'homme. « Les défenseures des droits humains font face à des risques spécifiques, tels que des actes de violence sexuelle, et nous avons reçu une plainte d'une défenseure des droits humains qui a été battue et violée par un policier alors qu'elle était incarcérée à la prison d'El Chipote, mais nous craignons que cela soit un cas parmi de nombreux autres», ont-ils déclaré.

Les experts ont ajouté qu'ils étaient préoccupés par les informations faisant état d'actes d'intimidation et de campagnes de diffamation à l'encontre de défenseurs des droits de l'homme : « Nous sommes gravement préoccupés par le fait que certains défenseurs des droits humains soient sous surveillance policière et paramilitaire continue et que certains aient reçu des menaces de mort anonymes ».

Certains des noms et adresses de défenseurs des droits de l'homme ont été publiés sur Internet, où ils ont été accusés d'être des ennemis de la patrie, du gouvernement ou de financer un coup d'État. « Il s'agit d'une tentative flagrante visant à dissuader les gens de défendre les droits de l'homme, à effrayer ceux qui parlent contre le gouvernement et à les réduire au silence »

Les experts invitent le gouvernement du Nicaragua à entamer d'urgence des pourparlers inclusifs avec toutes les parties intéressées et à respecter pleinement ses obligations internationales en matière de droits de l'homme.

Ces experts sont : Michel Forst, Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l'homme; Clément Nyaletsossi Voule, Rapporteur spécial sur le droit de réunion pacifique et la liberté d'association; Seong-Phil Hong, Président-Rapporteur du Groupe de travail sur la détention arbitraire; Joe Cannataci, Rapporteur spécial sur le droit à la vie privée; Dubravka Šimonović, Rapporteure spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences; David Kaye, Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression; Elizabeth Broderick, Alda Facio, Ivana RadačIć, Meskerem Geset Techane, Melissa Upreti, Groupe de travail sur la question de la discrimination à l'égard des femmes dans la législation et dans la pratique.

Elizabeth Throssell, porte-parole pour le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH).
Photo : ONU/Violaine Martin
Elizabeth Throssell, porte-parole pour le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH).

Les manifestations ont diminué ces derniers mois

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) s’est aussi dit toujours profondément préoccupé par les informations selon lesquelles « les autorités nicaraguayennes continuent de criminaliser les actions légitimes de dirigeants sociaux et d'autres personnes associées aux manifestations qui ont éclaté au Nicaragua au début de cette année ».

« Nous continuons également de recevoir des informations selon lesquelles le droit à un procès équitable est violé dans les procès pénaux de dirigeants paysans et étudiants et d'autres personnes impliquées dans les manifestations », a dit une porte-parole du HCDH, Liz Throssell, lors d'un point de presse vendredi à Genève.

La porte-parole a noté que le nombre de manifestations au Nicaragua a considérablement diminué ces derniers mois. « Nous craignons que les mesures prises par les autorités aient dissuadé la population de s’impliquer dans des manifestations, limitant gravement l’exercice du droit de manifester pacifiquement. Nous rappelons à l’État nicaraguayen qu’il est nécessaire de respecter les droits à la liberté d’opinion et d’expression et de réunion pacifique », a-t-elle dit.