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L'UNICEF désapprouve toute tentative de rapatriement forcé des réfugiés rohingyas vers le Myanmar

Tasmin (à droite), une étudiante bangladaise, parle à son amie Rajima (à gauche), réfugiée rohingya, au camp de réfugiés Hakimpara à Cox's Bazar, au Bangladesh (août 2018).
UNICEF/UN0228998/Chakam
Tasmin (à droite), une étudiante bangladaise, parle à son amie Rajima (à gauche), réfugiée rohingya, au camp de réfugiés Hakimpara à Cox's Bazar, au Bangladesh (août 2018).

L'UNICEF désapprouve toute tentative de rapatriement forcé des réfugiés rohingyas vers le Myanmar

Migrants et réfugiés

Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) s’est dit vivement préoccupé vendredi par les informations faisant état de rapatriement forcé de réfugiés rohingyas vers le Myanmar.

« Cette semaine, de nombreuses informations ont fait état d’un éventuel rapatriement de force de réfugiés rohingyas du Bangladesh au Myanmar », a déclaré le porte-parole de l’UNICEF, Christophe Boulierac, au cours d’un point de presse à Genève.

Selon M. Boulierac, le Fonds onusien est surtout préoccupé par les conséquences d’un tel rapatriement sur les enfants.

Tout rapatriement doit être volontaire, durable et conduit dans la sécurité et la dignité.

« Hier, nos collègues travaillant dans le camp d’Unchiprang à Cox’s Bazar - l’un des camps ciblés par ces opérations - ont été témoins d’une grande manifestation de réfugiés rohingyas contre ce projet de rapatriement », a précisé M. Boulierac.

C’est dans ce contexte que les autorités du camp ont relayé le message selon lequel « bien qu’elles soient prêtes à rapatrier les réfugiés sur une base volontaire, aucun réfugié rohingyas ne sera contraint de rentrer au Myanmar s’il ne le souhaite pas ».

Si l’agence onusienne s’est félicitée de cette initiative du gouvernement du Bangladesh, elle défend toutefois l’approche du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), qui a recommandé que tout rapatriement soit volontaire, durable et conduit dans la sécurité et la dignité.

Même si les conditions dans les camps sont difficiles, elles restent préférables aux risques perçus d’un éventuel retour au Myanmar, selon les sondages non officiels des réfugiés rohingyas.

« Nous désapprouvons toute tentative de rapatrier des enfants qui ne respecteraient pas ces critères », a ajouté le porte-parole de l’UNICEF, tout en insistant sur le fait que les enfants ne doivent pas être séparés de leurs parents ou tuteurs légaux.

Pour l’UNICEF, les enfants ne devraient pas être exposés à des niveaux de stress ou d’inconfort pendant un rapatriement, pas plus qu’un enfant malade ne devrait être rapatrié.

Une position confortée par les résultats de « sondages non officiels menés par le personnel de l’UNICEF dans les camps ».

« Ces enquêtes non officielles ont toutes abouti à la même conclusion, à savoir que la grande majorité des réfugiés ne souhaitent pas être rapatriés si leur sécurité ne peut être garantie », a fait remarqué le porte-parole de l’agence onusienne.

Selon l’UNICEF, le consensus est que, même si les conditions dans les camps sont difficiles, elles restent préférables aux risques perçus d’un éventuel retour au Myanmar.

D’autant que pour beaucoup, le traumatisme dont ils ont été témoins au cours de leur exode du Myanmar à la fin de 2017 est encore frais dans leurs esprits.

 

Des Rohingyas traversent la rivière Naf pour atteindre les camps de réfugiés au Bangladesh, en novembre 2017.
Photo : HCR / Andrew McConnell
Des Rohingyas traversent la rivière Naf pour atteindre les camps de réfugiés au Bangladesh, en novembre 2017.

Pour des solutions durables fondées sur le respect des droits fondamentaux de tous les Rohingyas

« Il est facile de comprendre leur préoccupation », reconnait M. Boulierac qui rappelle que les enfants et les familles rohingyas restés dans l’État de Rakhine continuent de faire face à des difficultés particulières.

Ces derniers ont besoin « d’une assistance humanitaire en raison des restrictions permanentes à leur liberté de circulation et de l’accès limité aux services essentiels tels que la santé et l’éducation ». 

De plus, le 13 novembre dernier, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a déclaré qu’il continuait de recevoir des informations faisant état de violations persistantes des droits des Rohingyas dans le nord de Rakhine, notamment des arrestations, ainsi que des restrictions généralisées aux droits à la liberté de mouvement, à la santé et à l’éducation.

L’UNICEF a également noté que de nombreuses organisations qui travaillaient dans le nord de l’État de Rakhine avant août 2017 ont été « incapables de reprendre leurs activités dans la mesure souhaitée, en raison des restrictions imposées par le gouvernement du Myanmar ».

Dans ces conditions, l’UNICEF, de même que la communauté humanitaire au Myanmar, continuent de réclamer un accès sans entrave, y compris des procédures d’accès simplifiées, afin de permettre la distribution rapide et prévisible d’une aide vitale, d’une aide à la protection et de renforcer la confiance entre les différentes communautés.

Par ailleurs, si la situation au Myanmar reste extrêmement préoccupante, l’UNICEF a également alerté sur le sort des enfants réfugiés rohingyas au Bangladesh, avec en toile de fond, l’éducation qui reste en tête des préoccupations - en particulier pour les adolescents vivant dans les camps.

Il existe actuellement plus de 1.100 centres d’apprentissage gérés par l’UNICEF et ses partenaires dans les camps, qui touchent 124.000 enfants scolarisés.

Face à cette urgence humanitaire, l’UNICEF appelle la communauté internationale à continuer de travailler avec les gouvernements et la société civile du Bangladesh et du Myanmar pour soutenir les enfants et les familles réfugiés, « afin de trouver des solutions à long terme à cette crise, fondées sur le respect et la protection des droits fondamentaux de tous les Rohingyas ».