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A l’ONU, le street art pour éveiller les consciences sur l’exploitation des enfants dans le monde

Un oeuvre d'art de la rue de l'exposition UNji présentée au siège des Nations Unies.
ONU Info/Nam Cho
Un oeuvre d'art de la rue de l'exposition UNji présentée au siège des Nations Unies.

A l’ONU, le street art pour éveiller les consciences sur l’exploitation des enfants dans le monde

Droits de l'homme

Dans une exposition interactive au siège de l’ONU, les Français Audrey et Thibault Decker présentent les œuvres de 17 street artistes pour attirer l’attention de la communauté internationale sur les 152 millions d’enfants victimes d’exploitation dans le monde.

Au siège des Nations Unies à New York, l’Entrée des délégués a pris des allures de jungle urbaine. Sur leur chemin vers les salles du Conseil de sécurité ou de l’Assemblée générale, les diplomates peuvent découvrir 30 toiles de street art bien différentes des œuvres plus classiques qui décorent les couloirs de l’ONU.

Les œuvres de street art exposées aux Nations Unies ont été réunis par les Français Audrey et Thibault Decker, avec le soutien de la mission permanente de la France. Le couple qui a fondé Street Art for Mankind – un collectif d’artistes de rue engagés dans la lutte contre l’exploitation des enfants dans le monde – avait déjà exposé à l’ONU il y a deux ans.

Pour Audrey et Thibault Decker, tout a commencé par une rencontre avec Kailash Satyarthi, le militant indien pour les droits des enfants et colauréat du prix Nobel de la paix 2014 avec la Pakistanaise Malala Yousafzai. Le couple qui menait une carrière dans le privé a alors eu un déclic. « Cela nous a donné envie de faire quelque chose pour les enfants », explique Audrey Decker dans un entretien accordé à ONU Info.

152 millions d’enfants sont victimes d’exploitation dans le monde (Organisation internationale du travail)

Selon l’Organisation internationale du travail (OIT) partenaire de l’exposition, 152 millions enfants sont astreints au travail et près de la moitié (73 millions) accomplissent des travaux dangereux. Cette exploitation constitue une grave violation des droits de l’enfants qu’il faut éliminer, souligne le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), également partenaire de l’exposition.

Pourquoi recourir au street art pour sensibiliser au problème de l’exploitation des enfants ? « C’est un art qui parle à tout le monde », souligne Thibault Decker qui dispose d’une expérience dans ce milieu. « On s’est dit que c’était le moyen de faire rejoindre les artistes de la rue avec les enfants de la rue », a dit Audrey Decker.

Les visiteurs de l'exposition 'UNji' au siège des Nations Unies peuvent obtenir plus d'informations sur les œuvres d'art de rue exposées via une application mobile 'Behind the Wall'
ONU Info/Nam Cho
Les visiteurs de l'exposition 'UNji' au siège des Nations Unies peuvent obtenir plus d'informations sur les œuvres d'art de rue exposées via une application mobile 'Behind the Wall'

 

17 artistes présentés à l'ONU

L’exposition sensorielle se visite avec l’aide d’une application mobile ‘Behind the Wall’. Chaque visiteur peut ainsi découvrir avec son téléphone portable chaque tableau de street art exposé avec une narration audio de l’artiste racontant l’histoire de l’enfant victime d’exploitation représenté dans l’œuvre d’art. « C’est un sujet à la fois important et sensible », explique Thibault Decker. « Nous voulions une méthode ludique pour que les gens puissent comprendre et agir ».

Les 17 artistes présentés à l’ONU reflètent une variété de techniques et de styles réalistes ou conceptuels et viennent de plusieurs pays (France, Brésil, Etats-Unis, Argentine, Mexique, etc…) avec des profils différents.

Ils ont été sélectionnés « d’abord pour leurs cœurs », précise Thibault Decker. « Ce sont des artistes engagés, qui ont un background de la rue, qui ont envie d’exprimer quelque chose et qui ont embrassé la cause ».

« Si on peut faire convaincre tout le monde à l’ONU, peut-être que nous pouvons en convaincre davantage à l’extérieur »

Pour Audrey et Thibault Decker, présenter ces œuvres d’art de la rue à l’ONU revêt une grande importance et est symbolique. « Nous sommes convaincus que c’est tous ensemble - les gouvernements, la société civile, les entreprises – que nous pouvons changer la situation pour ces 152 millions d’enfants et témoigner de cette effort conjoint dans un lieu aussi symbolique que les Nations Unies, c’est formidable », explique Audrey Decker. « Si on peut faire convaincre tout le monde ici, peut-être que nous pouvons en convaincre davantage à l’extérieur », espère Thibault Decker.

A travers leur exposition, le couple français a tenu à souligner que l’exploitation des enfants ne se produit pas seulement dans une certaine partie du monde ou dans les seuls pays en développement. « Cela se produit partout, aux Etats-Unis, en France, et il est important que les gens comprennent cela », souligne Thibault Decker. « Nous parlons de 152 millions d’enfants qui vivent dans des conditions insupportables et au 21e siècle, nous pouvons faire différemment ».

 

UNji – Une exposition présentée au siège de l’ONU à New York jusqu’au 25 novembre 2018.

Organisée par la Mission de la France, en collaboration avec les Missions de l’Argentine, du Brésil, du Canada et du Royaume-Uni et en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et de l’Organisation internationale du travail (OIT).