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Yémen : les secours s’organisent à la suite de la tempête tropicale Luban

En 2015, un cyclone avait emporté des maisons, des bateaux et du bétail, au Yémen dans le gouvernorat de Hadramaout, avant de traverser les gouvernorats voisins de Shabwah, Al Maharah et de Socotra.
UNICEF Yemen/Ahmed Tani
En 2015, un cyclone avait emporté des maisons, des bateaux et du bétail, au Yémen dans le gouvernorat de Hadramaout, avant de traverser les gouvernorats voisins de Shabwah, Al Maharah et de Socotra.

Yémen : les secours s’organisent à la suite de la tempête tropicale Luban

Aide humanitaire

Au moins trois personnes ont été tuées et plus d’une centaine de blessées, selon l’ONU et les autorités locales, au passage en début de semaine de la tempête tropicale Luban au Yémen, un pays en guerre qui fait déjà face à une grave crise humanitaire.

« Al Maharah est le gouvernorat le plus gravement touché », a déclaré le porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) lors d’un point de presse ce vendredi à Genève.

Au cours des trois derniers jours, plusieurs districts ont d’ailleurs été inondés à la suite de ces pluies torrentielles, provoquant l’effondrement de plusieurs maisons. « Nous craignons que ces pluies qui continuent de s’abattre ne provoquent de nouvelles inondations dans la région », a ajouté Jens Laerke.

Selon l'OCHA, plus de 3.000 familles ont été touchées par les inondations dans cette région d’Al Maharah, dont 650 ménages du district d’Al Masilah.

Le bilan de la tempête Luban risque d’augmenter au fur et à mesure que les équipes de secours progressent dans les zones affectées, a prévenu l’ONU, ajoutant que de nombreuses personnes se sont réfugiées dans les bâtiments publics.

« Le nombre de personnes déplacées devrait augmenter dans les prochains jours lorsque la situation permettra une meilleure évaluation dans diverses zones touchées », a précisé Jens Laerke.

Les humanitaires s'activent

En attendant, les organismes humanitaires restent mobilisés pour fournir une aide aux populations sinistrées, notamment des kits d’intervention rapide, des kits d’abris d’urgence et des cliniques médicales mobiles pour l’hôpital principal d’Al Ghaydah.

En outre, deux avions envoyés par l’Arabie saoudite ont atterri le 17 octobre à l’aéroport Al Ghaydah avec 440 paniers de vivres provenant du Centre de secours du roi Salman. Un convoi de 125 tonnes de paniers alimentaires a été envoyé par quatre camions en provenance de Djeddah. Des ONG nationales ont également distribué des repas et des paniers alimentaires aux personnes sinistrées.

Reste que les dégâts causés par les inondations empêchent toujours l’accès routier de nombreuses personnes touchées dans plusieurs districts côtiers. Le pont principal qui relie les gouvernorats d’Al Maharah et d’Hadramaout a été sérieusement endommagé. Les partenaires humanitaires s’emploient à trouver d’autres routes d’accès depuis Al Mukalla, à l’ouest de la zone la plus touchée.

Une urgence de insécurité alimentaire grave

Cette tempête est intervenue alors que le Yémen fait face à une grave crise humanitaire, avec notamment plus de 8 millions de personnes en situation de grave insécurité alimentaire et ayant besoin d’une aide alimentaire mensuelle d’urgence pour survivre.

C’est dans ce contexte que le Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) a déploré « les tentatives de groupes qui essaient d’utiliser l’aide et les installations humanitaires comme outils dans le conflit ».

« Les entrepôts, les camions, les installations, les silos et surtout le personnel du PAM sont neutres et ne devraient pas être utilisés ni ciblés par aucune des parties au conflit. Ce n’est pas le cas aujourd’hui », a fait remarquer le porte-parole du PAM, Hervé Verhoosel.

Le PAM exhorte donc toutes les parties belligérantes à faciliter le travail de ses équipes et des travailleurs humanitaires qui sauvent des vies et à respecter le droit international humanitaire.

L’autre défi pour le PAM reste le déficit de financement. Le PAM indique avoir urgemment besoin d’au moins 117 millions de dollars au cours des six prochains mois pour continuer à fournir une aide alimentaire et à augmenter les besoins pour faire face à l’augmentation des besoins imputables à l’escalade du conflit à Hodeïda. 

« Cela pourrait même être pire demain si de bonnes décisions ne sont pas prises aujourd’hui », a déclaré Hervé Verhoosel cité dans ce communiqué de presse.

Au total, les Nations Unies et leurs partenaires ont besoin de 3 milliards de dollars au titre de la réponse humanitaire d’urgence pour 2018 pour aider les personnes dans le besoin au Yémen.  À ce jour, à peine plus de 2 milliards, soit 68% des ressources nécessaires, ont été reçus.