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A Genève, un chirurgien sud-soudanais est récompensé par le HCR

Dr Evan Atar Adaha avec une réfugiée du Soudan et son fils malnutri dans le centre de nutrition de Bunj, au Soudan du Sud.
Photo : HCR/Will Swanson
Dr Evan Atar Adaha avec une réfugiée du Soudan et son fils malnutri dans le centre de nutrition de Bunj, au Soudan du Sud.

A Genève, un chirurgien sud-soudanais est récompensé par le HCR

Migrants et réfugiés

Evan Atar Adaha, chirurgien en chef et directeur médical d’un hôpital isolé au Soudan du Sud, a reçu la prestigieuse distinction Nansen 2018 du HCR pour les réfugiés lors d’une soirée de gala organisée lundi à Genève.

Le médecin sud-soudanais a été choisi pour son engagement datant de 20 ans, dans la prestation de services médicaux aux personnes contraintes de fuir le conflit et les persécutions au Soudan et au Soudan du Sud, ainsi qu’aux communautés qui les accueillent, a précisé l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.

Le Dr Atar dirige le seul hôpital fonctionnel de l’État du Haut-Nil au Soudan du Sud, une région plus vaste que l’Irlande ou les États américains du Massachusetts, du Vermont et du New Hampshire réunis. Situé à Bunj, une ville du comté de Maban, l’établissement dessert plus de 200.000 personnes, dont 144.000 réfugiés originaires du Soudan.

Le prix a été remis par Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, lors de la soirée à Genève.

« Je suis très honoré d’être le gagnant de ce prix», a dit le Dr Atar dans un entretien à Radio Miraya, avant la cérémonie « C’est en fait quelque chose de bien pour nous car nous pourrons obtenir des ressources pour l’hôpital et la région de Maban,  et continuer à sauver des vies. Il n'y a pas grand-chose dans la région mais nous devons sauver des vies. C'est mon sentiment ».

Dr Evan Atar Adaha avec une réfugiée du Soudan qui va se faire opérer à l'hôpital de Bunj, au Soudan du Sud.
Photo : HCR/Will Swanson
Dr Evan Atar Adaha avec une réfugiée du Soudan qui va se faire opérer à l'hôpital de Bunj, au Soudan du Sud.

 

Le Dr Atar est le tout dernier d’une longue lignée de « personnes ordinaires réalisant des choses extraordinaires » à recevoir la distinction annuelle, en hommage au premier Haut-Commissaire pour les réfugiés, l’explorateur norvégien Fridtjof Nansen.

Originaire de Torit, une ville située dans le sud du Soudan du Sud, le Dr Atar a étudié la médecine à Khartoum, au Soudan, avant de pratiquer en Égypte. En 1997, alors que la guerre faisait rage dans l’État du Nil Bleu, le Dr Atar est parti volontairement sur place pour y travailler. En 2011, l’intensification des violences a contraint le Dr Atar et son personnel à déménager son hôpital et à fuir avec son équipe et autant de matériel qu’il pouvait transporter dans un périple qui leur a pris un mois.

Arrivé à Bunj, il a installé son premier bloc opératoire dans un dispensaire local abandonné, empilant les tables pour créer une table d’opération surélevée. Depuis sa création, le Dr Atar a travaillé sans relâche pour obtenir du financement et former d’autres jeunes à devenir infirmiers et sages-femmes.

« Nous avons des défis à l'hôpital. Vous savez, lorsque nous sommes arrivés de Kurmuk en 2011, l'hôpital actuel était un centre de soins de santé primaires. Grâce à l’aide et au soutien du HCR et du Samaritan Pass, nous avons pu l’élargir. Aujourd'hui, nous avons au moins quelque chose qui est proche d'un hôpital de base », a dit le Dr Atar.

Dr Evan Atar Adaha à l'hôpital de Bunj, au Soudan du Sud.
Photo : HCR/Will Swanson
Dr Evan Atar Adaha à l'hôpital de Bunj, au Soudan du Sud.

 

L’intervenante d’honneur de l’événement était l’Ambassadrice de bonne volonté du HCR et comédienne Cate Blanchett. Dans l’allocution qu’elle a prononcée devant le Conseil de sécurité de l’ONU en août dernier, elle avait appelé l’organisation internationale à apporter un soutien sans conditions aux réfugiés rohingyas du Bangladesh, ainsi qu’à garantir au Myanmar des conditions permettant aux réfugiés de rentrer chez eux.