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Le Territoire palestinien occupé a le taux de chômage le plus élevé au monde (CNUCED)

12 juillet 2018 : Hamid, 8 ans, regarde, depuis le toit de sa maison, la vieille ville d'Hébron. La circulation des personnes et l'accès à l'école des enfants sont affectés par les points de contrôle situés dans la vieille ville de Cisjordanie.
UNICEF/Ahed Izhiman
12 juillet 2018 : Hamid, 8 ans, regarde, depuis le toit de sa maison, la vieille ville d'Hébron. La circulation des personnes et l'accès à l'école des enfants sont affectés par les points de contrôle situés dans la vieille ville de Cisjordanie.

Le Territoire palestinien occupé a le taux de chômage le plus élevé au monde (CNUCED)

Développement économique

Le taux de chômage dans le Territoire palestinien occupé a atteint plus de 27% − le plus élevé au monde − et, dans le même temps, le revenu par habitant a diminué et la production agricole a reculé de 11% en raison de la détérioration de la situation socioéconomique au cours de l’année écoulée, selon un rapport des Nations Unies.

Ce rapport publié par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) indique également que les conditions difficiles liées à l’occupation israélienne touchent de manière disproportionnée les femmes et les jeunes et que la baisse du soutien des donateurs, le gel des activités de reconstruction à Gaza et une consommation des secteurs public et privé non viable financée par le crédit ne présagent rien de bon pour l’économie palestinienne. Les perspectives de croissance sont également assombries par la confiscation de terres et de ressources naturelles opérée Israël.

« En vertu du droit international, Israël comme la communauté internationale sont tenus non seulement d’éviter toute action qui entraverait le développement dans le Territoire palestinien occupé mais aussi de prendre des mesures en faveur du développement dans le Territoire palestinien occupé », a déclaré dans un communiqué de presse Mahmoud Elkhafif, Coordonnateur du groupe de la CNUCED chargé de l’assistance au peuple palestinien.

Toutefois, Israël n’a pas assoupli les restrictions imposées et le soutien des donateurs a fortement diminué pour ne plus représenter qu’un tiers de ce qu’il était en 2008. En outre, en 2017 et au début de 2018, la construction de colonies de peuplement s’est accélérée, note le rapport.

Une réfugiée palestinienne reçoit de l'aide alimentaire dans un centre de distribution de l'UNRWA à Gaza. Les Etats-Unis ont annoncé le 31 août la cessation de son financement à l'UNRWA. Une décision regrettée par l'ONU.
UNRWA/Tamer Hamam
Une réfugiée palestinienne reçoit de l'aide alimentaire dans un centre de distribution de l'UNRWA à Gaza. Les Etats-Unis ont annoncé le 31 août la cessation de son financement à l'UNRWA. Une décision regrettée par l'ONU.

A Gaza, la dépendance à l’égard de l’aide

A Gaza, alors que le blocus dure depuis plus de dix ans, la régression du développement s’accélère et la situation est caractérisée par la dépendance à l’égard de l’aide.

La capacité de production de Gaza a été réduite à néant par trois grandes opérations militaires et un blocus aérien, maritime et terrestre dévastateur. L’opération militaire israélienne de 2008-2009 a provoqué la destruction de plus de 60% du stock total de capital productif, et la grève de 2014 a détruit 85% de ce qui en restait. Les actifs productifs détruits étaient notamment des routes, des centrales électriques, des établissements industriels et commerciaux et des terres agricoles.

Les efforts déployés en faveur d’une amélioration de la situation sont minimes et sont axés sur l’aide humanitaire. Il ne reste donc que peu de ressources pour développer et relancer l’économie productive. Aujourd’hui, le revenu réel par habitant à Gaza est inférieur de 30% à ce qu’il était au début du siècle.

En outre, la crise de l’électricité qui perdure à Gaza s’est aggravée. Au début de 2018, les ménages ne disposaient de l’électricité que pendant deux heures par jour en moyenne. Les coupures d’électricité continuent d’avoir de graves répercussions sur la vie quotidienne car elles paralysent les activités productives et entravent la prestation des services de base.

La CNUCED estime que pour assurer une reprise durable, Israël doit lever le blocus, Gaza et la Cisjordanie doivent être réunifiées sur le plan économique et il faut en priorité s’attacher à surmonter la crise de l’énergie, notamment en permettant à l’Autorité nationale palestinienne d’exploiter les gisements sous-marins de gaz naturel découverts dans les années 1990 en mer Méditerranée.

Restrictions au commerce palestinien

La CNUCED indique également que les restrictions imposées par Israël au commerce palestinien ont un coût économique élevé et exacerbent les conflits et l’instabilité politique parce qu’elles portent atteinte à l’emploi, aux salaires et aux moyens de subsistance du peuple palestinien.

Le rapport précise que la levée de ces restrictions pourrait se traduire à elle seule par une croissance de 10% de l’économie du Territoire, alors que si la situation reste telle qu’elle est, le taux de chômage, dont le niveau est caractéristique d’une économie en dépression, et l’extrême pauvreté ne pourront que persister.

La CNUCED souligne les effets néfastes de l’union douanière créée en 1967, qui établit un libre-échange entre Israël et le Territoire palestinien occupé et au titre duquel les deux économies appliquent les mêmes tarifs extérieurs au commerce avec le reste du monde.

L’union douanière est fondamentalement déséquilibrée en raison des différences structurelles qui existent entre les deux économies et de leurs niveaux de développement très inégaux. À cela vient s’ajouter l’absence de coopération et l’application sélectives et unilatérales des conditions par Israël. De fait, selon le rapport, le Territoire palestinien occupé est isolé des marchés mondiaux plus concurrentiels, en conséquence de quoi une part extrêmement élevée du commerce est détournée vers Israël.

Pour rompre le cycle de la dépossession et de la régression du développement, la CNUCED recommande dans son rapport de remplacer l’union douanière obsolète par un nouveau cadre qui garantirait à l’Autorité nationale palestinienne le plein contrôle de son territoire douanier, de ses frontières et de ses politiques commerciales et industrielles.