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Au Yémen, le degré de confiance est au plus bas et les coûts humain et humanitaire ne cessent de croître (ONU)

L'Envoyé spécial de l'ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, fait un exposé devant le Conseil de sécurité en visioconférence.
Photo : ONU/Loey Felipe
L'Envoyé spécial de l'ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, fait un exposé devant le Conseil de sécurité en visioconférence.

Au Yémen, le degré de confiance est au plus bas et les coûts humain et humanitaire ne cessent de croître (ONU)

Paix et sécurité

À la suite des consultations de paix qu’il a convoquées la semaine dernière à Genève, l’Envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, a indiqué au Conseil de sécurité qu’il ne s’attendait pas à ce que ce soit « une mission aisée ». 

« La guerre a connu une escalade sur tous les fronts. Le degré de confiance est au plus bas et les coûts humain et humanitaire ne cessent de croître », a déclaré M. Griffiths aux membres du Conseil par visioconférence depuis Amman, en Jordanie.

Si les parties au conflit sont piégées dans « un cycle vicieux de violence », le peuple yéménite, à l’inverse, aspire à une solution politique pacifique pour mettre fin à la guerre et avoir un gouvernement qui puisse satisfaire ses besoins fondamentaux, a expliqué M. Griffiths, faisant état de la « course contre la montre pour sauver ce qui reste des institutions publiques » du pays.

En dépit du fait que l’une des parties était absente aux consultations à Genève, l’ONU a pu quand même pu relancer le processus politique, a assuré l’Envoyé spécial. « J’étais tout aussi déçu que vous de ne pas avoir pu amener la délégation de Sana’a à Genève et j’espère que cela ne se reproduira plus », a-t-il ajouté.

Le processus politique yéménite connaîtra des hauts et des bas, a prédit M. Griffiths. Cela ne démontre pas forcément que la situation politique et militaire n’est pas propice à des consultations officielles. « Certes, ce processus n’est pas facile. Il faut de la volonté politique, de la détermination et l’engagement de tous les acteurs, y compris des membres du Conseil de sécurité », a-t-il recommandé.

« Je vois mon rôle comme un travail aux côtés des parties pour comprendre leurs préoccupations », a indiqué l’Envoyé spécial. Mon rôle, a-t-il précisé, est de les encourager tout en leur rappelant la nécessité de respecter leurs obligations et leurs responsabilités vis-à-vis du peuple yéménite et de la communauté internationale.

Le déclin économique plonge de plus en plus de Yéménites dans la pauvreté

Les parties ne doivent pas se laisser entrainer dans de nouveaux affrontements militaires de grande envergure, a mis en garde M. Griffiths. Il s’est notamment dit préoccupé par les attaques des forces Ansar Allah contre l’Arabie saoudite et en Mer rouge.

En outre, le déclin économique au Yémen plonge de plus en plus de personnes dans la pauvreté et risque de déclencher un conflit dans le sud. Les manifestants dans les gouvernorats du sud ont exprimé leurs préoccupations quant à la fourniture des besoins de base. Il faut entendre les voix du sud du pays, a fait valoir l’Envoyé spécial.

M. Griffiths a indiqué qu’il allait continuer ses discussions dans le cadre d’une série de visites ces prochains jours, dans le but de réaliser des progrès tangibles en s’appuyant sur les discussions de Genève et les principales mesures de renforcement de la confiance, dont l’échange de prisonniers et l’ouverture de l’aéroport de Sana’a. Il a dit souhaiter un engagement fort des parties de poursuivre les consultations.

L’Envoyé spécial prévoit également de rencontrer plusieurs acteurs du sud du pays pour trouver un accord sur leur participation au processus politique, processus au sein duquel les femmes ont un rôle à jouer, l’inclusivité étant cruciale.

Ce chemin vers la paix ne sera pas linéaire, a insisté M. Griffiths. « Il n’est pas surprenant que certains trouvent difficile d’y participer », a-t-il dit. « Avancer vers la paix est urgent à présent, c’est là une leçon que l’on tire de Genève ».