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L’ONU dénonce la décision des Serbes de Bosnie de rejeter les conclusions d’un rapport sur le massacre de Srebrenica

En 1995, un soldat du gouvernement lit les noms des soldats qui sont des survivants confirmés ou des évadés de la chute de la ville de Srebrenica.
UNICEF/NYHQ1995-0553/LeMoyne
En 1995, un soldat du gouvernement lit les noms des soldats qui sont des survivants confirmés ou des évadés de la chute de la ville de Srebrenica.

L’ONU dénonce la décision des Serbes de Bosnie de rejeter les conclusions d’un rapport sur le massacre de Srebrenica

Droits de l'homme

Le Conseiller spécial des Nations Unies pour la prévention du génocide, Adama Dieng, s’est déclaré jeudi préoccupé par la décision prise le 14 août par l’Assemblée nationale de la Republika Srpska d’annuler son approbation du rapport de 2004 de la Commission de Srebrenica.

La Republika Srprska, ou République serbe de Bosnie, est, avec la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine, une des deux entités qui composent la Bosnie-Herzégovine.

« Le rejet des conclusions de la Commission est un pas en arrière pour la Bosnie-Herzégovine. Il sape l'Etat de droit et les efforts nationaux et internationaux visant à rendre justice aux victimes de crimes commis contre des personnes de toutes les ethnies pendant la guerre de Bosnie de 1992-1995 », a dit M. Dieng dans une déclaration à la presse.

« En outre, compte tenu du calendrier de cette décision, il est probable qu’elle aggravera les tensions avant les élections du 7 octobre et nuira aux perspectives de stabilité et de réconciliation à long terme », a-t-il ajouté.

La Commission de Srebrenica, créée par le gouvernement de la Republika Srpska en 2003, a constaté que, du 10 au 19 juillet 1995, 7.000 à 8.000 Musulmans de Bosnie avaient été portés disparus à Srebrenica et que plus de 1.000 Musulmans de Bosnie avaient été tués, constituant une violation grave du droit humanitaire international.

« Nombre des conclusions de la Commission ont été vérifiées et confirmées par les verdicts des tribunaux internationaux, nationaux et étrangers. Deux tribunaux internationaux, la Cour internationale de Justice et le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, ont estimé que le massacre de Musulmans de Bosnie à Srebrenica constituait un génocide », a rappelé M. Dieng.

Lors de sa visite dans les Balkans en février 2018, le Conseiller spécial avait noté que les événements du passé étaient « manifestement utilisés à des fins politiques ».

« La méfiance et l’hostilité flagrante entre les responsables politiques représentant les différentes circonscriptions empêchent tout progrès significatif vers la réconciliation », avait-il ajouté.

Il s’est inquiété du rejet des verdicts judiciaires, de la glorification des criminels de guerre et de leurs crimes, de la nomination de criminels de guerre condamnés à des fonctions publiques et de l’impact négatif de ces développements sur les perspectives de réconciliation dans le pays.