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Le HCR exhorte l'Australie à mettre fin à la séparation des familles de réfugiés

Centre offshore pour demandeurs d’asile sur l'île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Photo du gouvernement australien
Centre offshore pour demandeurs d’asile sur l'île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Le HCR exhorte l'Australie à mettre fin à la séparation des familles de réfugiés

Migrants et réfugiés

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s'est dit mardi alarmé par la séparation d'une famille de réfugiés sri-lankais à Sydney par le gouvernement australien.

Un couple sri-lankais, traditionnellement marié depuis 2016 et ayant déclaré leur relation aux autorités australiennes, a été séparé aujourd'hui. La mère et la fille ont reçu l'asile la semaine dernière. Le père de 30 ans n'a pas pu faire partie de leur demande, ayant déjà fait sa propre demande d'asile avant la formation de leur relation. L’expulsion du père laisse sa partenaire sri-lankaise, une réfugiée reconnue, seule en Australie avec sa fille de 11 mois.

« Cela contrevient au droit fondamental de l'unité familiale, ainsi qu'au principe fondamental de l'intérêt supérieur de l'enfant », a déclaré un porte-parole du HCR, Andrej Mahecic, lors d’un point de presse à Genève.

Le HCR a demandé au gouvernement australien des assurances que l'homme ne serait pas renvoyé d'Australie et serait autorisé à rester avec sa famille. Des avocats ont également déposé de multiples demandes d'intervention auprès du ministre de l'intérieur australien, ce dernier ayant le pouvoir discrétionnaire d'autoriser une deuxième demande d'asile dans des circonstances exceptionnelles ou d'accorder un visa pour des raisons humanitaires. « Nous regrettons que ces demandes collectives aient échoué », a déploré M. Mahecic.

Pour le HCR, ce dernier incident va au-delà du refus de réunir les familles, pour les séparer activement et indéfiniment. Dans ce cas, la législation australienne en vigueur empêche la mère sri-lankaise de parrainer à jamais son conjoint pour qu’il puisse la rejoindre, elle et leur enfant en Australie. Le mari et père est également empêché d'obtenir même un visa de courte durée pour rendre visite à sa famille.

« Malheureusement, les membres de cette famille s'attendent à être séparés indéfiniment », a dit M. Mahecic.

Des familles séparées par la politique australienne de traitement offshore

Selon le HCR, la politique australienne plus large de ‘traitement et dissuasion offshore’ a conduit à la séparation de familles de réfugiés depuis 2013.

Les demandeurs d'asile qui arrivent en Australie par voie maritime se sont vus interdire par la loi de présenter une demande de visa australien. Ils ont ainsi été empêchés de rejoindre leurs proches en Australie, y compris leurs conjoints, parents et enfants.

Le HCR a connaissance de plusieurs pères actuellement détenus dans le cadre du « traitement offshore » australien à Nauru, dont les conjointes ont été transférées en Australie pour des raisons médicales, notamment pour accoucher. Le gouvernement australien a refusé de les autoriser à se réunir en Australie, bien que ni Nauru ni la Papouasie-Nouvelle-Guinée ne soient considérés comme des lieux d'établissement appropriés pour la grande majorité des réfugiés.

Dans plus d'un cas, des enfants sont également restés à Nauru, séparés d'un parent adulte envoyé en Australie pour y recevoir des soins médicaux. « Cela a eu un effet particulièrement dévastateur sur la détérioration de leur santé mentale », a alerté le porte-parole du HCR.

Le regroupement familial refusé à des résidents permanents australiens

Depuis janvier 2014, Canberra a accordé la plus faible priorité de traitement aux demandeurs de visa familial parrainés par des membres de leurs familles qui sont devenus des résidents permanents australiens après être arrivés en Australie par voie maritime.

Cette situation a empêché le regroupement familial de centaines de résidents permanents australiens avec leurs conjoints, leurs enfants et d'autres proches parents vivant à l'étranger.

Le HCR rappelle que l'unité familiale est un droit de l'homme fondamental, consacré par la Déclaration universelle des droits de l'homme, la Convention relative aux droits de l'enfant et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (auxquels l'Australie est partie). En vertu de la Convention relative aux droits de l'enfant, l'intérêt supérieur de l'enfant doit être une considération primordiale dans toute décision prise ou toute mesure prise qui les concerne, souligne l’agence onusienne.

« Le HCR exhorte le gouvernement australien à respecter le principe fondamental de l'unité familiale et à permettre aux membres d’une famille d'être ensemble », a dit son porte-parole.