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A New York, un forum de l’ONU sur la Palestine dans un contexte de tensions au Moyen-Orient

La Vice-Secrétaire générale de l'ONU, Amina Mohammed, s'est exprimée devant le Forum de l'ONU sur la question de la Palestine.
Photo : ONU/Loey Felipe
La Vice-Secrétaire générale de l'ONU, Amina Mohammed, s'est exprimée devant le Forum de l'ONU sur la question de la Palestine.

A New York, un forum de l’ONU sur la Palestine dans un contexte de tensions au Moyen-Orient

Paix et sécurité

Dans un contexte de regain de tensions au Moyen-Orient, des experts palestiniens, israéliens et internationaux, ainsi que des diplomates et représentants de la société civile participent jeudi et vendredi au Forum des Nations Unies sur la question de la Palestine au siège de l’ONU à New York.

Organisé à l’initiative du Comité des Nations Unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, ce forum marque le 70e anniversaire de la guerre de 1948 au Moyen-Orient et s’est fixé pour objectif de tirer les leçons de ce conflit pour atteindre une paix durable.

Ce forum intervient dans un contexte tendu au Moyen-Orient et sur la scène diplomatique. Pas moins de 60 Palestiniens ont trouvé la mort lundi à Gaza lors de manifestations face aux forces israéliennes en protestation du transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. Mardi au Conseil de sécurité, l’ONU et la majorité des délégations ont appelé Israël, soutenu par les Etats-Unis, à faire un usage proportionné de la force.

« Mes premiers mots sont de déplorer la perte tragique en vies humaines et la souffrance à Gaza et d'exprimer ma profonde tristesse et mes condoléances au peuple palestinien », a déclaré à l’ouverture du forum Amina J. Mohammed, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, qui lisait un message du Secrétaire général António Guterres en déplacement officiel hors de New York.

« Aujourd'hui, c'est l'occasion de réfléchir aux coûts et aux conséquences de la guerre de 1948 - qui a entraîné le déplacement massif et la dépossession de centaines de milliers de Palestiniens de leurs foyers. C'est aussi l'occasion de voir ce qu'il faut faire pour remédier à cette situation », a ajouté Mme Mohammed.

« Je vous invite à poser les questions difficiles », a pour sa part déclaré Fodé Seck, Ambassadeur du Sénégal et Président du Comité, à l’adresse des participants du forum qui doivent traiter en profondeur les problèmes liés à la guerre de 1948 dans l’optique de contribuer aux efforts de paix. 70 ans se sont écoulés depuis la guerre de 1948 et les séquelles qu’elle a laissées, « sans qu’il y ait eu d’avancée tangible vers un règlement pacifique », a déploré le Président du Comité établi en 1975 par l’Assemblée générale des Nations Unies.

Alors que la communauté internationale célèbre cette année le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, l’ONU souligne que les principes et normes consacrés dans cette Déclaration universelle devraient guider la recherche d'une solution durable à la question de la Palestine. « Une solution qui doit reposer sur le droit international, les aspirations légitimes des Palestiniens et des Israéliens, le dialogue pour la réconciliation et la responsabilité », a rappelé la Vice-Secrétaire générale.

Nécessité d’agir

Pour les Nations Unies, les récentes violences à Gaza soulignent la nécessité d'agir. « Les forces israéliennes doivent faire preuve de la plus grande retenue dans l'usage de la force, en particulier les tirs réels. Le Hamas et les leaders des manifestations ont la responsabilité d'empêcher toute action violente », a dit Mme Mohammed dans sa lecture du message du Secrétaire général. « Le cycle de la violence à Gaza doit cesser, il ne sert personne », a souligné la Vice-Secrétaire générale, réitérant l’appel de M. Guterres pour que de tels meurtres fassent l'objet d'une enquête approfondie.

La numéro deux de l’ONU a souligné que les tragiques événements survenus lundi à Gaza rappellent que, « depuis trop longtemps », la communauté internationale n'a pas réussi à trouver une solution juste et durable au sort des réfugiés de Palestine, « car elle n'a pas réussi à trouver un règlement juste et durable de la question de la Palestine ».

À ce jour, les réfugiés de 1948 et leurs descendants - qui comptent aujourd'hui plus de 5,3 millions de femmes, d'hommes et d'enfants - sont dans l’impossibilité de retourner chez eux, rappelle l’ONU. « Au lieu de cela, la vie de générations de Palestiniens et d'Israéliens a été définie et confinée par un conflit qui a façonné leur paysage physique et humain sous une lourde atmosphère de peur, de méfiance mutuelle », a déploré Mme Mohammed, rappelant l’obstacle majeur à la paix que représentent la poursuite illégale de la colonisation et la poursuite de la violence.

« La paix exige de la volonté politique et du courage de tous les côtés », a déclaré Mme Mohammed « Nous, la communauté internationale, devons œuvrer pour que la peur soit remplacée par la dignité et que le déni cède le pas à la justice. Nous devons tendre vers un avenir où Israël et la Palestine prospéreront en tant qu'États dans lesquels tous sont également respectés et où la société civile est capable de jouer son rôle constructif ».

Pour les Nations Unies, l’objectif reste inchangé : continuer à soutenir les Israéliens et les Palestiniens à trouver pacifiquement une solution de deux États vivant côte à côte en paix et à l'intérieur de frontières sûres et reconnues, avec Jérusalem comme capitale des deux. « Au cours des deux prochains jours, je vous invite tous à réfléchir à la façon dont nous pouvons transformer cette vision en réalité », a dit Mme Mohammed.