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Kosovo : l’envoyé de l’ONU avertit de la détérioration des relations entre Pristina et Belgrade

Zahir Tanin, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), informe le Conseil de sécurité.
Photo : ONU/Eskinder Debebe
Zahir Tanin, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), informe le Conseil de sécurité.

Kosovo : l’envoyé de l’ONU avertit de la détérioration des relations entre Pristina et Belgrade

Paix et sécurité

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo, Zahir Tanin, a averti lundi devant le Conseil de sécurité, que l’arrestation, en mars dernier, du négociateur principal serbe pour le dialogue facilité par l’Union européenne avait provoqué une escalade rhétorique entre Pristina et Belgrade, dont le résultat était proche d’un effondrement complet du gouvernement du Kosovo. 

Venu présenter le Rapport du Secrétaire général sur la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), M. Tanin a indiqué que le 26 mars, des réunions du dialogue facilité par l’Union européenne avaient été interrompue quand Marko Durić, le Directeur du Bureau du gouvernement serbe pour le Kosovo-Metohija, a été interpellé après son entrée dans le nord du Kosovo sans l’aval des autorités kosovares.

M. Durić, a-t-il précisé, prenait part à une réunion du dialogue interne sur le Kosovo engagé par le Président serbe et après une arrestation qui a fait plusieurs blessés, M. Durić a été traîné et exhibé le long d’une rue du centre de Pristina, avant d’être refoulé hors du Kosovo. 

« Certains Serbes du Kosovo, déjà affectés par le meurtre non élucidé d’Oliver Ivanović, perpétré en janvier à Mitrovica-Nord, perçoivent ces événements avec appréhension », a fait valoir M. Tanin.

Le Représentant spécial a indiqué que les importants efforts consentis par le Premier Ministre kosovar, Ramush Haradinaj, et son gouvernement avaient permis de garder ouverts les canaux de communication, tandis qu’un nouvel engagement de Bruxelles avait permis à Pristina et Belgrade de conduire le dialogue vers une nouvelle étape de réel progrès.

Les membres de l’Union européenne ont en outre établi un calendrier ambitieux pour la région, y compris à travers le Sommet pour les Balkans occidentaux, prévu à Sofia à la fin de ce mois, « le plus haut sommet régional depuis 2003 ».

Mme Vlora Çitaku, du Kosovo, a justifié cette arrestation en raison des « actions intentionnelles » des autorités serbes menées en violation des accords passés entre « nos deux pays », en particulier l’accueil d’un événement public au Kosovo au cours duquel Marko Durić aurait, selon elle, usé d’une rhétorique incendiaire.

Le Premier Ministre adjoint de la Serbie, Iva Dacic, a au contraire dénoncé un « raid brutal » suite auquel le négociateur serbe a été battu, menotté et trainé dans les rues de Pristina, « un acte d’humiliation sans précédent dans l’histoire de la diplomatie ».

Face à cette montée des tensions entre Pristina et Belgrade, les membres du Conseil de sécurité ont été nombreux à inviter les deux parties à faire preuve de retenue.