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La prévention des conflits au centre d’une réunion de haut niveau au siège de l’ONU

Le Président de l'Assemblée générale Miroslav Lajčák préside une réunion sur la consolidation de la paix. A ses côtés, le Secrétaire général de l'ONU António Guterres et Catherine Pollard, Secrétaire générale adjointe chargée de gérer les conférences.
Photo : ONU/Evan Schneider
Le Président de l'Assemblée générale Miroslav Lajčák préside une réunion sur la consolidation de la paix. A ses côtés, le Secrétaire général de l'ONU António Guterres et Catherine Pollard, Secrétaire générale adjointe chargée de gérer les conférences.

La prévention des conflits au centre d’une réunion de haut niveau au siège de l’ONU

Paix et sécurité

Le siège de l’ONU à New York accueille ce mardi 24 et ce mercredi 25 avril 2018 une réunion de haut niveau consacrée à la consolidation de la paix et le maintien de la paix. Organisée à l’initiative du Président de l'Assemblée générale des Nations Unies, la réunion est le plus grand rassemblement de chefs d'État et de gouvernement et de ministres au siège de l’organisation depuis le débat général de septembre 2017.

Lançant le débat, Miroslav Lajčák, Président de l’Assemblée générale a déclaré que la prévention des conflits devait être la priorité, mettant l’accent sur l’importance de la médiation et de la diplomatie menée au niveau tant local que national.

 « Nous avons attendu trop longtemps pour agir. Nous n'avons pas été là, quand les gens avaient besoin de nous. Nous aurions pu faire plus, répondre aux conflits et encore davantage pour les empêcher de se produire. » C’est pourquoi, a-t-il rappelé, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité ont adopté en 2016 une nouvelle approche avec des résolutions sur la pérennisation de la paix et se sont ainsi engagés à agir de manière plus précoce et optimale pour prévenir les souffrances découlant des conflits.

« On ne peut laisser les graines de violences contaminer les graines de la paix », a encore déclaré le Président de l’Assemblée générale, en souhaitant que l’ONU serve de moteur pour la diplomatie et que les acteurs régionaux jouent un rôle critique.

Miroslav Lajčák a ensuite appelé à une plus grande cohérence entre les trois piliers de l’ONU. On ne peut plus isoler le travail humanitaire ou le maintien de la paix, ni le développement durable a-t-il constaté, plaidant pour plus de cohérence et de liens.

Plus d'unité et plus de courage

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a rappelé les « résolutions jumelles » adoptées par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité il y a deux ans, qui ont envoyé un message sans équivoque qu’il faut travailler mieux ensemble pour la pérennisation de la paix à toutes les étapes d’un conflit et dans toutes ses dimensions. 

 « Tout cela nous indique que nous avons besoin d’une plus grande unité et de plus de courage », a estimé le patron de l'ONU, en voulant jeter les bases d’une paix et d’un développement durables.

M. Guterres a souligné que le message central de son rapport sur la consolidation et la pérennisation de la paix qui est que « nous devons renforcer la cohérence des efforts internationaux qui soutiennent les gouvernements nationaux et leurs peuples ».  Il a mis l’accent sur le besoin de partenariats opérationnels entre les acteurs les plus importants comme les gouvernements, l’ONU et les nombreuses autres entités impliquées.

Le Secrétaire général a ensuite détaillé ce que contient son rapport : des propositions visant à ce que l’appui concerté apporté aux États Membres par l’ensemble des organismes des Nations Unies soit plus efficace et plus efficient, grâce à une réforme des secteurs du développement, de la gestion et de la paix et la sécurité.  « Je suis déterminé à préparer l’Organisation des Nations Unies au monde de demain », a-t-il réitéré.

Pour cela, son financement est essentiel, a averti le chef de l’ONU en rappelant que, ces dix dernières années, la communauté internationale avait consacré 233 milliards de dollars aux interventions humanitaires, au maintien de la paix et à l’accueil des réfugiés.

Appelant à investir beaucoup plus dans la prévention - parce qu’elle est efficace, économique et sauve des vies - le Secrétaire général a fait remarquer ce que le Fonds pour la consolidation de la paix a déjà été capable de réaliser.  Il a réitéré sa proposition d’accroître, restructurer et hiérarchiser le financement des activités de consolidation de la paix en faisant appel à des contributions volontaires, régulières et à des financements innovants.

Les leçons de l'Histoire

Pour sa part, le Roi Philippe de Belgique a rappelé comment son pays, situé au coeur de l’Europe, a souffert de deux conflits mondiaux avant de s’engager pleinement dans le projet des Nations Unies et la construction européenne. Après avoir mis en avant les valeurs de dignité de la personne humaine en préambule de la charte, le Roi des Belges a déclaré « soutenir fermement » la direction donnée par le Secrétaire Général de mettre la prévention de la violence au premier plan.

« Réduire la pauvreté, les inégalités et les discriminations, garantir la protection et le respect des droits humains pour tous, reconnaître la place égale des femmes dans la société, lutter contre la dégradation de l’environnement, mettre en place des institutions résilientes, capables de détecter et de gérer les tensions, voilà ce qui permet de s’attaquer aux causes profondes des conflits », a-t-il résumé.

Décrivant un monde aux frontières plus floues, le Roi des Belges invite à la vigilance, et à « utiliser pleinement » tous les instruments de détection des risques et de médiation des conflits à disposition, de consolider la paix en incluant toute la société, « notamment les femmes et les jeunes ».

Faisant état des échecs de l’organisation, mais aussi ses succès, il a souligné la  capacité de la communauté internationale à œuvrer pour le bien commun et l’engage à garder confiance en ses forces.

« Si la paix se forge par l’action, elle se réalise dans le temps », a enfin rappelé le Roi des Belges, arguant que les relations entre les hommes ne se décrétaient pas, mais se construisaient dans la confiance réciproque.

La RCA, un cas d'école

De son côté, Faustin Archange Touadera, Président de la République centrafricaine (RCA)  a mis en avant les progrès de son pays depuis son arrivée au pouvoir en 2016, et appelé à un renforcement des effectifs de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA). Qualifiant le moment de « charnière » pour l’histoire de la RCA, il a énuméré les progrès réalisés depuis son arrivée au pouvoir comme le redéploiement des forces armées et le « retour de l’Etat de droit ».

En plaçant la situation politique en RCA « sous le sceau de la responsabilité partagée », tout comme les Nations Unies, le Président déclare pleinement souscrire à la vision globale de l’ONU, dont la représentation des femmes comme facteur de consolidation et de maintien de la paix, rappelant l’ objectif de parité dans la représentation politique 50-50 en 2030.

Le chef de l'État centrafricain a remarqué que l’ accord de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement (DDRR) a enregistré un franc succès, que les jeunes du pays y avaient massivement participé, et s’est félicité du Plan cadre des Nations Unies accompagnant le processus de consolidation de la paix en RCA, et a appelé à soutenir les efforts de la commission de consolidation de la paix sur les questions transfrontalières et régionales.

Sur le plan sécuritaire, M. Touadera renouvelle son remerciement aux Nations Unies et à la MINUSCA pour « son rôle incontournable de protection des populations civiles », et appelle à un renforcement des effectifs de la mission, « afin d’éviter de faire échec aux efforts de consolidation de la paix »

La RCA voudrait « devenir un modèle pour la communauté internationale», a conclu le président.